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Rwanda – France : Des auditions à valeur historiques, mais tout de moins ambigües

Rwanda – France : Des auditions à valeur historiques, mais tout de moins ambigües
J. Habyarimana et C. Ntaryamira

J. Habyarimana et C. Ntaryamira

J. Habyarimana et C. Ntaryamira


Les deux juges français, Marc Trévidic et Natalie Poux se sont rendus au Burundi « terrain neutre », depuis le 05 décembre pour auditionner six militaires haut gradés du FPR (Front Patriotique Rwandais), tous accusés d’avoir participé à l’attentat terroriste contre l’avion présidentiel : causant la mort du président rwandais, Juvénal Habyarimana et son homologue burundais, Cyprien Ntaryamira, ainsi que dix autres victimes, dont 4 membres d’équipage français.
La mise en examen des six militaires, dont les deux principaux sont James Kabarebe et Charles Kayonga, ministre de la défense et chef d’Etat major respectivement, eut lieu jeudi passé, le 16 décembre au Burundi. Le chef d’accusation dont ils sont poursuivis est « complicité d’assassinats en relation avec une entreprise terroriste » à l’encontre de l’avion présidentiel : élément  déclencheur des massacres dès le 06 avril 1994.
En effet, depuis plus de quinze ans, l’enquête piétine. Cependant en 2006, le juge d’instruction anti-terroriste français, Jean-Louis Bruguière jette un pavé dans la mare, en lançant neuf mandants d’arrêts simultanés, accusant en premier lieu l’actuel chef d’Etat rwandais, Paul Kagame, comme le planificateur de l’attentat d’avril 1994. Les relations diplomatiques entre Kigali et Paris sont aussitôt rompues. Et en 2007, c’est un autre juge qui remplacera Bruguière, notamment le juge Marc Trévidic. Il sera en charge du dossier brûlant, mais aussi de la mission de rétablir les relations franco-rwandaises.
Les juges français chargés de cette affaire restent cependant ambiguës quant à l’implication de Paul Kagame dans l’attentat. Effectivement dans les auditions mises en place, ce dernier n’est point visé. Les deux juges se limitent seulement à l’entourage du chef d’Etat.
Il faut dire qu’en janvier 2010, le ministre français des affaires étrangères, Bernard Kouchner atterrit à Kigali afin de préparer l’arrivée en février de son président, Nicolas Sarkozy. Ce dernier vient comme prévu quelques semaines plus tard pour rétablir les relations brisées entre les deux capitales, et « tourner la page », notamment en déposant un bouquet de fleurs sur le Mémorial du génocide rwandais à Kigali. S’ensuit également un entretien avec le chef d’Etat rwandais.
Après trois années de stagnation et de gel diplomatique entre les deux pays, on peut dire que l’action de jeudi 16 décembre semble apporter un nouvel élan au procès en question, qui aura lieu en février prochain, après le rapport balistique sur l’attentat présidentiel. Mais il est étonnant de constater que le grand manquant, dans ce dossier entamé par les deux juges français, est justement l’actuel chef d’Etat, Paul Kagame, qui pourtant, en renversant son prédécesseur, prit le pouvoir en juillet 1994, jusqu’à ce jour.
Jean Bigambo.

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