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WikiLeaks: Obasanjo verrait bien Kagame diriger la RDC

WikiLeaks: Obasanjo verrait bien Kagame diriger la RDC
Olusegun Obasanjo, ancien président de la République fédérale du Nigeria
Olusegun Obasanjo, ancien président de la République fédérale du Nigeria

Olusegun Obasanjo, ancien président de la République fédérale du Nigeria

Obasanjo aurait déclaré que Joseph Kabila n’est pas apte à diriger un grand pays comme le Congo et qu’au contraire, il voit en Paul Kagame l’homme parfait pour cette tâche. Ces propos ont suscités bien des interrogations. Pourquoi Kagame ? Pourquoi la RDC ? Que cache ce parti pris?

Après le tête à tête avec l’ambassadrice américaine auprès des Nations-Unies le 10 octobre 2009, l’ancien président nigérian Olusegun Obasanjo aurait déclaré que Kabila semble dépassé par sa présidence, qu’il n’a ni la capacité, ni les connaissances requises pour diriger ce géant au cœur de l’ Afrique. C’est ce que nous révèle le contenu des échanges publiés sur le site WikiLeaks. L’homologue nigérien aurait également dit regretter que Paul Kagame, l’actuel président rwandais, ne soit pas celui qui dirige le Congo.
Ce dernier est décrit par Obasanjo comme étant un homme providentiel ayant « un leadership et connaissances requises pour diriger un pays aussi complexe tel que le Congo ». En comparant Kabila et Kagame, Obasanjo avoue trouver Kabila « très sensible et peu sûr de lui ». Il est vrai que l’ancien homme fort du Nigéria connait très bien la région des Grands Lacs puisqu’il a été émissaire des Nations –Unies en République Démocratique du Congo en 2008 durant la crise liée aux hostilités entre le gouvernement congolais et la rébellion de CNDP dirigé par Laurent Nkunda. C’est pourquoi son point de vue ne saurait être interprété comme un simple fait du hasard.

Le président rwandais, Paul Kagame

Le président rwandais, Paul Kagame


En effet, pourquoi Obasanjo souhaite-t-il voir Paul Kagame, pourtant fort contesté, prendre les commandes de l’État congolais? Et qu’à maintes reprises, Kigali s’est déclarée en faveur de la révision des frontières pour rattacher l’Est de la RDC au Rwanda. Rappelons-nous qu’en 1994 au lendemain de la victoire militaire du FPR, l’ancien président Rwandais, Pasteur Bizimungu, déclara ouvertement que les frontières des actuels États africains étaient des purs produits du fait colonial et donc arbitraires. Bizimungu en déclarant cela avait en tête les frontières tracées entre la RDC et le Rwanda. L’intéressé s’était convaincu que la première devait céder ses territoires de l’Est aux populations rwandaises. Des déclaration à ne point négliger quand on sait que le Rwanda souffre de surpeuplement. Rappelons-nous aussi que le défunt président Rwandais, Juvénal Habyarimana, avait lui aussi refusé le retour des milliers de réfugiés Tutsi qui avaient fui le Rwanda depuis les années soixante, prétextant un manque d’espace. Quand ces derniers ont conquis le pouvoir en 1994, ils furent confrontés au même problème, légitimant ainsi les discours présents. Donc il y a d’une part le refoulement vers l’Ouest d’un surplus des populations rwandaises et d’autre part, l’attrait des richesses minières que regorgent cette région.
Cet appétit des richesses minières de la RDC que le régime de Kigali affiche coïncide avec les intérêts des puissances occidentales et nombreuses multinationales.
Le président congolais, Joseph Kabila

Le président congolais, Joseph Kabila


Une attitude néo-coloniale qu’est celle de l’exploitation massive des ressources africaines en vue de répondre aux besoins créés par l’ouverture de nouveaux marchés. Face à cette exigence de garantir l’accès aux ressources, certaines puissances du nord compteraient ainsi sur des régimes sans scrupules, comme celui de Paul Kagame, pour débroussailler le chemin, rendant de facto l’homme fort de Kigali et sa clique les véritables « sous traitants officiels d’une mondialisation sanguinaire en Afrique noire » – selon les dires du spécialiste de la région des Grands Lacs, Charles Onana. L’invasion et la déstabilisation de la RDC ont exposé ce nouveau rôle que les puissances du nord ont assigné à ces régimes, celui de servir de police transcontinentale en Afrique: en garantissant l’accès aux ressources minières, de même qu’une influence et hégémonie totales. Et cela passe par la déstabilisation des régimes en place pour créer un climat de chaos et d’anarchie qui emboîtent les pas aux aspirations de l’impérialisme occidental, notamment.
L’idée d’Obasanjo, fuitée par Wikileaks peut être interprétée comme un message d’alerte face à une incontestable balkanisation avec l’aval des « grands » de la planète. Si Obasanjo voit en Paul Kagame un homme providentiel, taillé pour diriger le Congo, c’est surtout que le premier voit dans le second le « pion » idéal servant au mieux les intérêts des nouvelles puissances. Ainsi, avoir à entendre de tels propos de la bouche d’un leader africain, ne devrait en rien nous surprendre quand on sait que la majorité des élites africains s’est purement résignée aux volontés des puissants de ce monde.
Par Jean Mitari
JamboNews.net

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