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Flahaut tente de désamorcer la polémique sur sa visite au Rwanda

Flahaut tente de désamorcer la polémique sur sa visite au Rwanda
Le président de la chambre Belge, André Flahaut
Le président de la chambre Belge, André Flahaut

Le président de la chambre Belge, André Flahaut

Critiqué par le colonel Luc Marchal pour sa récente visite au Rwanda, André Flahaut tente de se défendre pour minimiser la polémique.

Après sa visite le 9 mars au Rwanda, au cours de laquelle André Flahaut a rencontré le président Kagame, des voix se sont levées pour critiquer non seulement cette initiative de rencontrer le dictateur Paul Kagame mais aussi le voyage au Rwanda. Dans une lettre rendue publique par ses services, Flahaut tente de désamorcer la polémique.
C’est le 9 mars dernier, qu’André Flahaut président du parlement belge, en compagnie du vice-président du Sénat Willy Demeyer, a participé à Kigali, à la conférence des présidents des parlements de la Communauté Economique des Pays des Grands Lacs (CEPGL), qui a aboutit à l’adoption d’un texte portant sur les fonds baptismaux et la création d’une force militaire régionale à la République démocratique du Congo (RDC), au Rwanda, et au Burundi.
Malgré que ce n’était pas prévu dans son programme, Flahaut en a profité pour s’entretenir avec le président Rwandais Paul Kagame. C’est surtout cette rencontre qui a provoqué des émus non seulement parmi la classe politique belge, mais aussi au sein de la communauté rwandaise, assez importante en Belgique.
Néanmoins, les critiques les plus vives sont venues de la part du colonel en retraite Luc Marchal, ancien commandant et dirigeant des casques bleus au Rwanda : « Comment est-il possible que des responsables politiques, exerçant des fonctions importantes au sommet des structures démocratiques de notre pays et qui ont, précisément, la tâche de veiller au respect de la démocratie et de promouvoir ses idéaux de par le monde, vont se compromettre au sein d’une dictature pure et dure dont le chef est accusé, dans un récent rapport de l’ONU, d’être responsable de la mort de plusieurs millions de personnes ? » s’était il demandé ?
La réaction de Flahaut ne s’est pas fait attendre. « En toute lucidité, il est aussi de notre devoir de tenter d’infléchir les tendances, de tenter de convertir à plus de démocratie, dans le respect des droits de chacun et de la souveraineté des Etats, les responsables politiques que nos fonctions nous amènent à rencontrer. Il ne s’agit pas non plus d’un nouveau paternalisme mais d’une volonté de mettre en place des partenariats équilibrés » a répondu M. Flahaut dans une lettre rendue publique par ses services ce 17 mars.
Reconnaissant implicitement que le Rwanda n’est pas un modèle de démocratie, et que les réformes vers la démocratie sont nécessaires, Flahaut a continué dans sa lettre en essayant de justifier le bilan de sa visite dans la région. « La politique que j’ai menée au Rwanda, au Burundi et en République démocratique du Congo ne tempère ni l’effroi de ce massacre (le génocide de 1994, qui a fait quelque 800.000 morts selon l’ONU), ni le chagrin de tant de vies anéanties, ni le respect du sacrifice de nos paras, mais après l’écoute, la compassion et la Justice, la politique se doit d’essayer l’espoir », a répliqué M. Flahaut. « La seule vraie réconciliation sera celle que le Rwanda fera avec lui-même », ajoute-t-il.

Ancien numéro deux de la MINUAR, le colonel Luc Marchal

Ancien numéro deux de la MINUAR, le colonel Luc Marchal


L’ancien ministre fait cependant preuve de compréhension envers la réaction de l’ex-numéro deux de la mission des Nations Unies au Rwanda (MINUAR) « Je sais combien le colonel Marchal qui était en première ligne en 1994, reste affecté. Il me semble difficile qu’il en soit autrement – et c’est tout à son honneur de poursuivre son attention et son questionnement envers la tragédie rwandaise », écrit monsieur Flahaut.
Il affirme toutefois regretter le « dénigrement systématique du monde politique », réaction toute fois incompréhensible puisque les gens ont des raisons légitimes de s’interroger. « Quoique l’on fasse ou ne fasse pas, on cherche à détruire, bien souvent sans réflexion ni discernement. Je ne crois pas que cette attitude soit la plus utile à la qualité de nos démocraties », conclut-il.
Pourquoi, alors que Flahaut a également visité la RDC et le Burundi, la visite de Flahaut au Rwanda fait polémique ?
La réponse est que le dictateur rwandais Paul Kagame longtemps bénéficiaire de traitements de faveurs à l’étranger, devient de plus en plus infréquentable et ses dérives autoritaires dérangent chaque jour d’avantage.
Lors de sa visite en Espagne en juillet dernier, le premier ministre Zapatero a refusé de le rencontrer, ce qui fût également le cas lors de la visite de Paul Kagame en décembre dernier à Bruxelles au cours de laquelle, le premier ministre Yves Leterme lui a fermé les portes.
Kagame a anéanti complètement toute l’opposition, réduit à néant les medias indépendants, et exercé une répression sans bornes sur la population rwandaise.
A cette violation massive des droits humains, s’ajoute le rapport des Nations Unies, le Mapping Report qui accuse l’homme fort du Rwanda « de crimes contre l’humanité, crimes de guerre, voire d’actes de génocide en République démocratique du Congo entre 1993 et 2003 ».
Tout cela explique les critiques formulées à l’égard du chef du parlement belge. A quoi s’attendait Flahaut en fréquentant l’infréquentable ? Croyait-il serrer les mains sanglantes de Paul Kagame sans s’attirer les foudres de ceux et celles qui militent pour l’établissement d’un Etat de droit au Rwanda et dénoncent l’impunité pour les horreurs commises?
« Qui fait l’âne ne doit pas s’étonner si les autres lui montent dessus » dit un adage chinois !
Par Jean Mitari
JamboNews.net

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