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Rwanda – Belgique : Vibrante mobilisation pour Déo Mushayidi

Rwanda – Belgique : Vibrante mobilisation pour Déo Mushayidi
e président du PDP (Pacte pour la Défense du Peuple), Mr Mushayidi Déogratias
Président du PDP (Pacte pour la Défense du Peuple), Mr Mushayidi Déogratias

Président du PDP (Pacte pour la Défense du Peuple), Mr Mushayidi Déogratias

A l’occasion du premier anniversaire de la détention au Rwanda du prisonnier politique Déo Mushayidi, une centaine de personnes se sont mobilisées en sa faveur ce vendredi 18 mars 2011 à Bruxelles.

La journée a commencé par un sit-in organisé par les amis de Déo Mushayidi devant l’ambassade du Rwanda en Belgique visant à rappeler que Déo Mushayidi était toujours détenu pour ses idées et que plusieurs autres personnes dont Victoire Ingabire, Bernard Ntaganda, Charles Ntakirutinka, Théoneste Niyitegeka et bien d’autres étaient dans le même cas.
De 8h à 15h, une cinquantaine de personnes se sont relayées par groupe de 12 en tenant des pancartes avec le portrait des principaux prisonniers d’opinion rwandais et ont exigé leur libération immédiate.
L’un des organisateurs, Gérard Semushi Karangwa  s’est ainsi exprimé  « nous invitons le régime à cesser de faire la politique de l’autruche et à ouvrir les yeux sur la réalité ; la population rwandaise ne supportera pas indéfiniment le poids de la  dictature » en faisant référence aux événements du Maghreb.
Les manifestants étaient de tout âge et de différentes tendances politiques avec des membres de différents partis présents dont le RNC, les FDU mais aussi bien entendu le PDP Imanzi de Déo Mushayidi. Mais ce qui a le plus surpris jusqu’aux participants eux-mêmes a été la mixité ethnique au sein des manifestants.
Cet élément a fait dire au journaliste Jean-Claude Nkubito, rapportant la nouvelle sur les ondes de la BBC que c’est la première fois en 10 ans de journalisme à Bruxelles qu’il assiste à une manifestation dans laquelle, des Tutsi et des Hutu sont côtes à côtes pour dénoncer ensemble une même injustice.
La journée s’est poursuivie dans une salle au centre de Bruxelles au sein de laquelle, une conférence était organisée par le Centre pour la prévention des crimes contre l’Humanité.
La conférence a débuté par la projection d’une Vidéo montrant un long plaidoyer de Déo Mushayidi en faveur d’un dialogue inter rwandais.
Déo Mushayidi estime dans ce plaidoyer qu’il est nécessaire d’établir « une commission internationale sur la vérité et la réconciliation »
Pour lui, en 1994 au Rwanda, « des puissances étrangères se sont affrontées par Hutu et Tutsi interposés ».
Il s’offense dans son discours que le FPR puisse être rangé parmi les victimes d’une tragédie dans laquelle il porte incontestablement de très lourdes responsabilités.

« Le régime du FPR serait bien inspiré de s’ouvrir au dialogue afin de gagner la paix après avoir gagné la guerre »

Ambassade du Rwanda à Bruxelles, sit-in pour Mushayidi et les autres prisonniers politiques

Ambassade du Rwanda à Bruxelles, sit-in pour Mushayidi et les autres prisonniers politiques


Le régime du FPR serait bien inspiré, estime t-il également, de s’ouvrir au dialogue « afin de gagner la paix après avoir gagné la guerre »
Gérard Semushi Karangwa a ensuite fait une présentation de la vie de Déo Mushayidi. Ce dernier a perdu toute sa famille au cours du génocide de 1994. Dès mars 1995, alors qu’il en était membre, Déo Mushayidi a quitté le secrétariat général du FPR après en avoir constaté les dérives et s’est consacré au journalisme.
Le 5 mars 2010, il fût kidnappé au Burundi et emmené au Rwanda, ou il comptait se rendre imminnement en vue de se présenter aux élections présidentielles d’août 2010 et ou il est détenu depuis lors.
Dans la présentation des charges retenues contre Déo Mushayidi,  Gérard Semushi a notamment pointé avec amertume le cynisme de l’accusation qui accuse « Déo Mushayidi, seul rescapé de sa famille, de négationnisme » même si au final, les juges ont écartés cette prévention.
L’un des moments forts des interventions a été la lecture d’une lettre de Joseph Matata, qui n’avait pu être présent, intitulée« Hommage appuyé à mon frère Déogratias MUSHAYIDI, le ‘Mandela’ du peuple rwandais. »
Dans cette lettre, Joseph Matata, coordinateur du Centre de lutte contre l’impunité et l’injustice au Rwanda compare Mushayidi à Mandela et comme le sud-africain qui a vaincu l’apartheid, « le ‘Mandela’ rwandais rêve de vaincre les démons ethniques et créer un pays viable pour tous les citoyens du Rwanda et de la Région des Grands Lacs Africains » a-t-il écrit.
Matata fait part de son admiration face à Mushayidi qui « malgré la mort violente des siens, a toujours collaboré avec ses compatriotes Hutu et Twa dans les différents mouvements politiques qu’il a rejoints ou cofondés depuis le 22 février 2001. » Il a également, ajoute Matata, « toujours milité en faveur du Dialogue inter-rwandais et de la Commission Vérité, Justice et Réconciliation. »
Quelque part, dans l’histoire du monde, continue Matata, « il faut que quelqu’un ait assez de bon sens et courage moral pour briser le cercle infernal de la haine. » et Matata a estimé que Mushayidi est « ce quelqu’un qui fonde son existence sur l’amour de  son peuple qu’il s’emploie à libérer du joug du FPR dont il fut pourtant le représentant en Suisse pendant 4 ans. »

« Déo Musyahidi est devenu le sel du peuple rwandais »

Conférence organisée par le CPCH

Conférence organisée par le CPCH


Pour Matata, Déo MUSHAYIDI est devenu non seulement « le gardien de ses sœurs et frères du Rwanda » mais également « le sel du  peuple rwandais » pris en otage.
« Même au-delà de sa mort physique, Mushayidi sera toujours libre dans son âme immortelle. Qu’il puisse inspirer, avec sa soif de vérité et son courage inébranlable, les futures générations de jeunes rwandais. » a-t-il conclu sa lettre dans l’émotion.
A l’issue des interventions, trois personnalités présentes dans la salle ont tour à tour rendu un vibrant hommage à Déo Mushayidi.
L’ex premier ministre Faustin Twagiramungu a notamment déclaré que pour lui «  Mushayidi avait su dépasser les frontières ethniques »et qu’il soutenait Mushayidi dans son combat.
Il en a également profité pour rendre hommage aux autres prisonniers qu’il a nommément cité dont Bernard Ntaganda, pour lequel il a dit « avoir beaucoup d’admiration à son égard, car il s’est levé seul au Rwanda et a dit, « si il faut verser notre sang, on le versera, mais on doit avoir la paix ».
Il a terminé en invitant les jeunes à mener une action politique pour que les prisonniers politiques au Rwanda soient libérés.
Luc Marchal, a pour sa part commencé par livrer son expérience au Rwanda et son vécu depuis lors « depuis que j’ai quitté le Rwanda, aucun jour n’est passé sans que je m’en occupe ».

« Etant donné l’expérience de Déo Mushayidi, on ne peut rester insensible au combat qu’il mène »

Evoquant sa rencontre avec Déo Mushayidi, Luc Marchal signale qu’ « à aucun moment je n’ai pu rencontrer un détail qui a pu me faire douter de sa démarche » et pour lui  étant donné l’expérience qu’il avait vécue, « on ne peut rester insensible au combat qu’il mène » et Luc Marchal a conclu en estimant que Déo Mushayidi pouvait être « une solution pour le Rwanda ».
Il a ensuite exhorté l’opposition à maintenir une pression sur le Rwanda car c’est, dit il, la seule manière d’obtenir des résultats.
C’est Joseph Bukeye, parlant au nom des FDU qui a conclu ces hommages «  l’époque de jouer sur la corde ethnique est révolue » a-t-il asséné.
Et il est temps, comme l’a fait Déo Mushayidi « de construire des ponts entre les deux principales composantes ethniques du Rwanda » a-t-il conclu.
Par Ruhumuza Mbonyumutwa
JamboNews.net


L’intervention de Déo Mushayidi

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