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Développement humain : le Rwanda en queue de peloton

Développement humain : le Rwanda en queue de peloton

Avec un indice sur le développement humain de 0,429, le Rwanda est le 166ème pays mondial sur 187 dans le classement IDH 2011, publié ce mercredi 2 novembre par le Programme des Nations-Unies pour le Développement (PNUD) et se trouve dans la catégorie des pays ayant un indice de développement humain (IDH) faible.

Logo du PNUD

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Ce rapport, publié chaque année depuis 21 ans, vise au travers de 10 tableaux statistiques à donner un aperçu « des principaux aspects du développement humain au niveau des pays et des régions du monde » tels que la pauvreté, le niveau d’éducation ou encore l’accès aux soins de santé.
Pauvreté
Le rapport nous indique que d’un point de vue de la pauvreté, 50,6% de la population rwandaise vit dans une extrême pauvreté et que 63,5% de la population rwandaise rencontre des difficultés d’accès à une eau salubre.
En ce qui concerne les revenus, ils sont près de 8 rwandais sur 10 (76,8%) à vivre avec un revenu en dessous de 1,25 dollars par jour, soit le troisième plus mauvais résultat au monde juste devant le Libéria (83,7%) et le Burundi (81,3%), ce dernier étant classé au niveau global à la 185 ème position (sur 187). La RDC, qui est dernière du classement global (187/187), fait pour sa part mieux que le Rwanda sur cet indicateur avec quelques 59,2% de la population vivant avec un revenu de moins de 1,25 dollars par jour.
Au regard du seuil de pauvreté national, la population vivant sous ce seuil est de 58,5% soit près de 6 rwandais sur 10.
Enfance
Un enfant rwandais de moins de 5 ans sur deux (51,7%) souffre de rachitisme et un enfant sur 5 (18%) souffre de dénutrition. Le Rwanda fait à ce niveau-là mieux que son voisin burundais respectivement 63,1% et 38,9% mais moins bien que son voisin congolais dans lequel 45,8% des enfants de moins de 5 ans souffrent de rachitisme alors que 28,2% souffrent de dénutrition.
D’un point de vue mondial, les 3 pays se trouvent parmi les derniers au monde sur ces indicateurs.
Évolution de l’indice de développement humain 1980-2011
Avec une croissance moyenne de 1,4% de l’IDH, le Rwanda est l’un des pays qui a enregistré la meilleure progression de son IDH durant la période 1980-2011. La plus forte augmentation a été observée entre 2000 et 2011, où le Rwanda détient la deuxième plus forte croissance de l’indice du développement humain, avec une progression annuelle moyenne de l’ordre de 2,92%.
Les progrès en matière d’éducation, de santé et d’économie expliquent cette forte amélioration de l’IDH enregistrée ces dernières années.
Éducation

Avec un taux d’alphabétisation des adultes (15 ans et plus) de 70,7%, le Rwanda obtient l’une des meilleures performances parmi les pays à développement humain faible, loin devant le Mali, (26,2%) mais encore loin derrière le Zimbabwe (91,9%) élève modèle de la catégorie sur cet indicateur.
L’intérêt grandissant pour la technologie et l’information explique en partie la performance en matière de l’éducation du pays. Avec une croissance de 5900% d’utilisateurs entre 2000 et 2008, Internet semble devenir une réalité pour de plus en plus de rwandais. Cependant, le pays a encore un long chemin à parcourir quand on sait que seulement 3,1% de la population utilise Internet et moins de 0,5% ont un ordinateur portable1 .
Au niveau du rapport élèves-enseignants, le Rwanda est le cancre mondial avec 68,3 élèves pour un enseignant, ne devançant que la République centrafricaine (84,3), bon dernier sur cet indicateur. Au niveau de la formation des enseignants, le Rwanda fait toutefois un score honorable avec 93,9% des enseignants ayant suivi une formation pédagogique.
Santé
Une femme rwandaise sur deux ( 52% ) a été assistée par du personnel qualifié pour son accouchement. Le Rwanda fait à ce niveau-là beaucoup mieux que le Burundi (34%) mais est loin derrière la RDC (74%).
Avec 78,5 pour un million de décès dû au paludisme, le Rwanda fait des performances honorables à ce niveau au regard du taux moyen de décès dans les pays les moins avancés (99 pour un million) mais le taux est encore très élevé si on se situe sur une échelle mondiale.
L’espérance de vie est quant à elle de 55,4 années, l’une des plus basses au monde, 4 années en dessous de la moyenne des pays à développement humain faible (58,7) et 15 années en dessous de la moyenne mondiale (69,8).
Croissance économique
Malgré l’amélioration significative des soins de santé et de l’éducation, l’impressionnante croissance du Produit Intérieur Brut rwandais durant les années 2000-2010 reste le facteur explicatif le plus important justifiant cette hausse de l’IDH. En effet, avec une croissance à deux chiffres du PIB dans certaines périodes, le pays connait l’une des plus fortes croissances au monde durant ces dix dernières années.
Une forte croissance du revenu national fait gonfler l’IDH étant donné la part importante ( un tiers) qu’occupe le PIB dans le calcul de l’indicateur du développement humain. Cependant, il est important de noter qu’en général ce n’est pas problématique tant que le pays possède un système égalitaire de redistribution des revenus, ce qui n’est pas le cas pour le Rwanda.
En ajustant l’Indicateur aux inégalités, l’indice du développement humain pour le Rwanda passe de 0,429 à 0,276, ce qui représente une réduction de plus de 35%. Avec un indice de GINI de 0,531, le Rwanda est en effet l’une des nations les plus inégalitaires au monde.
Toutefois, certains économistes comme Kuznets affirment que les inégalités entre revenus sont un passage obligatoire pour toute société en pleine croissance. Selon eux, la croissance du PIB va de pair avec les inégalités jusqu’à un certain niveau et puis les inégalités se réduisent.
Néanmoins, les pouvoirs publics doivent créer des politiques micro et macroéconomique pour lutter de manière significative contre les inégalités entre personnes, ce qui ne semble pas être le cas pour le Rwanda. La réduction de l’inégalité n’étant pas mentionnée parmi les objectifs de la « vision 2020 ».
Satisfaction de vivre
D’un point de vue global, sur l’indice de satisfaction de vivre, le Rwanda obtient un score de 4, la satisfaction maximale étant de 10. Ce qui en fait l’un des pays au monde avec le taux d’insatisfaction le plus élevé, à égalité avec la RDC (4) et juste devant le Burundi (3,8) tous les trois pays étant en dessous du niveau moyen de satisfaction perçu dans les pays les moins avancés (4,4)
Malgré l’une des plus grandes croissances de l’IDH au cours des 10 dernières années et l’une des plus fortes croissances du PIB au monde, une grande partie de la population rwandaise vit toujours dans une extrême précarité, près de 8 rwandais sur 10 vivant avec un revenu inférieur à 1,25 dollars par jour et plus d’1 sur 2 vivant dans une extrême pauvreté. Le niveau de performance global du Rwanda reste quant à lui toujours très faible, le Rwanda étant parmi les 25 pays ayant l’indice de développement humain le plus faible au monde.
Ce paradoxe s’explique en partie par le fossé qui se creuse chaque année entre les riches et les pauvres.
A titre illustratif, entre 2010 et 2011, le coefficient de Gini est passé de 0,467 à 0,531 soit une variation à la hausse de  plus de 13,7 %. Quand on sait que l’indice de Gini mesure les inégalités de revenu dans une région donnée ( 0 signifie égalité parfaite et 1 signifie que toute la richesse du pays appartient à une seule personne), on se rend compte du fossé croissant entre riches et pauvres au Rwanda.
L’écart entre riches et pauvres continuera-t-il à croître ou les pouvoirs publics prendront-ils des mesures drastiques pour lutter contre ce problème ? le Rwanda tend il vers un système inégalitaire à coefficient de Gini de 1 ou va-il retrouver son niveau de 1985 où le coefficient de Gini était de 0,2892) ?
L’avenir nous le dira.
Clément Cyiza et Ruhumuza Mbonyumutwa
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