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Rwanda-Trevidic : FDU et RNC accusent toujours Kagame

Rwanda-Trevidic : FDU et RNC accusent toujours Kagame

Alors que les experts mandatés par les juges Français qui enquêtent sur l’attentat du 6 avril 1994 contre l’avion de Habyarimana viennent de remettre un premier rapport technique aux parties prenantes dans l’enquête liée à cet attentat qui mit le feu aux poudres en 1994 au Rwanda et à la région des Grands, les partis politiques FDU-INKINGI et RNC partagent leur avis sur l’ implication de Paul Kagame dans cet attentat. Ces derniers fustigent une campagne médiatique que le régime de Kigali est en train d’orchestrer pour déformer la conclusion de ce rapport dans les buts de tromper l’opinion mal informée.

Les formations politiques RNC, fondée par les anciens proches de l’actuel président Rwandais Paul Kagame, et les FDU, parti de la célèbre opposante Victoire Ingabire incarcérée depuis plus d’un anau Rwanda, sont montées au créneau ce mercredi 11 janvier pour dénoncer la campagne d’intoxication fomentée par le régime « dictatorial«  de Kigali autour du rapport des géomètres et experts en balistique, commandé par les juges français Marc Trévédic et Nathalie Poux sur les circonstances de l’ attentat contre l’avion du président Habyarimana le 6 avril 1994. Les deux formations politiques dénoncent l’arrogance du régime de Kigali qui fêterait la “victoire« dans cette affaire.

Epave de l'avion présidentiel source: Reuters

Epave de l'avion présidentiel source: Reuters

En effet, le juge Jean-Louis Bruguière, auquel Marc Trévidic et Nathalie Poux ont succédé en 2007, a toujours accusé l’actuel dictateur rwandais Paul Kagame d’avoir planifié et mis en œuvre l’attentat avec son état-major. L’enquête française conduite par le juge Jean-Louis Bruguière, et qui avait abouti au lancement en 2006 de neuf mandats d’arrêts contre des proches du président Kagame qui, en 1994, dirigeait le Front patriotique rwandais (FPR), la rébellion tutsi, concluait que les missiles qui ont abattu l’avion présidentiel avaient été tiré par un commando du FPR à partir d’une ferme située sur la colline de Masaka à Kanombe. Les experts français en balistique contredisent cette version en révélant que le missile a « pu » être lancé d’un autre endroit de Kanombe, un camp militaire des forces armées rwandaises.

Les formations politiques RNC et FDU, dénoncent les agissements du régime de Kigali cherchant à faire croire que Paul Kagame et ses proches ont été disculpés de l’attentat à cause de cette contradiction. « Il est maintenant clair que l’attentat contre l’avion était un coup d’État mené par des éléments hutus extrémistes et leurs conseillers qui contrôlaient les casernes de Kanombe », a déclaré la ministre rwandaise des Affaires étrangères Louise Mushikiwabo à Jeune Afrique, discours très incompréhensible puisque le rapport d’expertise ne dit rien de tel, ce rapport n’avait même pas pour objet d’identifier les auteurs du tir de missiles, mais seulement de localiser l’endroit d’où ils ont été tirés. Pourquoi cette affirme-elle catégoriquement que les missiles ont été lancés depuis le camp Kanombe, alors que le rapport avance clairement des hypothèses sur six sites possibles où les missiles auraient été lancés (dont le camp Kanombe, privilégié par les experts ) ? « Il s’agit d’une campagne médiatique bien préparée visant à tromper l’opinion nationale et internationale afin de peaufiner la version du dictateur« , ont annoncé les deux partis politiques. Et ajoutent que « Le rapport technique par des experts balistiques a enquêté sur six possibles sites de lancement en fonction de l’information recueillie à Kigali lors de leurs enquêtes. La question de savoir d’où le missile sol-air a été tiré est une clé pour établir la crédibilité des différents comptes de l’attentat terroriste. Curieusement, le gouvernement rwandais a juste pris un seul endroit possible, comme site de lancement et seul site qui doit être pris en considération. Voilà ce que le régime a à vendre aux médias internationaux afin d’éviter d’autres aspects pointant du doigt le vrai cerveau de l’attaque. »

Selon ces partis politiques, Kigali chercherait à déduire que le rapport des experts l’exonère, ce qui est tout à fait inexact. Certes, Kanombe était un camp militaire tenu par les FAR, les Forces armées rwandaises mais ce camp est très vaste. Etait-il impénétrable? Etait-il impossible de s’y infiltrer à l’époque en 1994? Ni les experts ni les juges français qui se sont rendus sur les lieux 16 ans après les faits, ne sont en mesure de le dire aujourd’hui. Les partis politiques RNC et FDU n’hésitent même pas à soutenir l’hypothèse que le FPR pouvait lancer des missiles à partir de ce vaste camp de Kanombe. « Considérant le niveau des infiltrations et des déploiements des agents secrets dans la ville de Kigali et ses environs par la rébellion d’alors, nous n’avons aucun doute que le FPR était en mesure de monter une telle opération dans la plupart des six présumes sites de lancement », ont annoncé ces partis. Ces affirmations ne sont pas à prendre à la légère, quand on sait que le parti politique RNC est dirigé par les anciens hauts gradés de FPR, qui depuis lors sont entrés en dissidence, dont Kayumba Nyamwasa qui fut chef d’Etat-major de ce mouvement et contre lequel Bruguière avait lancé un mandat d’arrêt dans le cadre de son enquête.

RNC et FDU fustigent également les dires de maitre Bernard Maingain, l’avocat des proches de Paul Kagame mis en examen, selon lesquels ce rapport mettrait « fin à des années de manipulations et de mensonges». « Ce premier rapport technique ne change rien à la vérité », ont –ils réitéré, et rappellent le gouvernement de Kigali que l’enquête de la justice française va se poursuivre.

« Cette campagne de blanchissement médiatique lancée par le régime de Kigali pointant du doigt ses ennemis éternels, les extrémistes hutus, tente de détourner l’attention de la communauté internationale des vrais problèmes du pays au bord du gouffre », pouvons nous lire dans la communiqué commun de ces deux formations politiques signé par Nkiko Nsengimana pour FDU et Théogene Rudasingwa pour le RNC. Ils rappellent également que les dirigeants actuels ne doivent pas oublier qu’ils sont accusés dans «  le rapport Mapping«  des Nations Unies sur les violations les plus graves des droits humains et du droit international humanitaire commises sur le territoire de la République Démocratique du Congo entre mars 1993 et Juin 2003. Ce document de plus de 500 pages, relate l’intégralité d’un feuilleton de « massacres, exécutions sommaires, viols, vols, fosses communes, incendies de villages, destructions d’infrastructures, attentats aux avions civils, sabotages de barrages hydroélectriques, traitements inhumains et dégradants…«  qui s’apparentent « aux crimes de guerre et crimes contre l’humanité ». Selon ce rapport, les auteurs de ces actes ignobles sont les soldats de l’Armée Patriotique Rwandaise, qui perpétraient cette horreur sous les ordres de « Paul Kagame« , le même dont le gouvernement qui crie haut et fort aujourd’hui que les juges français l’ont innocenté lui et ses proches accusés d’être les auteurs de l’attentat contre l’avion de Habyarimana.

Jean Mitari
Jambonews.net

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