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Rwanda: nouvelle semaine noire pour l’opposition

Rwanda: nouvelle semaine noire pour l’opposition

Ce vendredi 27 avril 2012, la Cour suprême du Rwanda a confirmé la peine de 4 ans d’emprisonnement prononcée à l’encontre de Bernard Ntaganda, un des principaux leaders de l’opposition rwandaise, deux jours à peine après que le ministère public ait requis la prison à perpétuité à l’encontre de Victoire Ingabire, une autre opposante au régime.

Bernard Ntaganda source:l'actualité.ch

Bernard Ntaganda source:l'actualité.ch


Réagissant à cette nouvelle, Human Rights Watch, l’une des principales organisations de défense des Droits de l’Homme dans le monde a estimé qu’il s’agissait d’ « un coup dur pour ceux qui avaient espéré que la Cour protègerait la liberté d’expression », trois semaines après la condamnation de deux journalistes « qui restent en prison uniquement pour avoir légitimement exprimé leurs points de vue. »
Bernard Ntaganda, Président Fondateur du PS-Imberakuri, seul véritable parti d’opposition actuellement reconnu  par le régime du FPR actuellement au pouvoir au Rwanda, purge une peine de 4 ans de prison pour « atteinte à la sureté de l’Etat » et « divisionnisme ».
Daniel Bekele, le directeur de la Division Afrique de Human Rights Watch a déclaré que « L’arrestation de Ntaganda et les poursuites engagées contre lui ont, dès le départ, eu un caractère politique » et a estimé que « L’emprisonnement d’un homme politique de l’opposition uniquement pour avoir critiqué les politiques de l’État n’a pas sa place dans une société démocratique. »
Human Rights Watch affirme dans ce même communiqué daté du 27 avril 2012, avoir « recueilli des informations sur d’autres cas dans lesquels des lois et chefs d’accusation tels que l’atteinte à la sûreté de l’État et l’incitation à la désobéissance civile ont été utilisés pour poursuivre en justice et intimider les détracteurs du gouvernement. »
Bernard Ntaganda a été arrêté le 24 juin 2010, après une manifestation organisée par  l’ancienne plateforme de l’opposition rwandaise composée par son parti, le Democratic Green Party et les FDU Inkingi et qui fût réprimée dans la violence. Cette manifestation qui avait eu lieu à quelques semaines de l’élection présidentielle visait à dénoncer les nombreux obstacles que le régime dressait sur la route des partis d’opposition qui souhaitaient présenter un candidat aux élections présidentielles.
Ce jour-là, en plus de Bernard Ntaganda, plusieurs autres opposants avaient été arrêtés. Le soir même du 24 juin vers 23h, c’est Jean-Léonard Rugambage, rédacteur en chef adjoint d’Umuvugizi, un média critique envers le régime, qui était fusillé à bout portant de quatre balles dans la tête alors qu’il enquêtait sur la tentative d’assassinat, du Général Kayumba Nyamwasa, qui avait eu lieu quelques jours plus tôt en Afrique du sud et pour lequel, le régime était soupçonné d’être le commanditaire.
Après son arrestation, Bernard Ntaganda  avait alors été inculpé d’atteinte à la sûreté de l’État, de « divisionnisme » et de tentative d’organiser des manifestations sans autorisation. Le 11 février 2011, il avait été condamné à quatre ans de prison ainsi qu’à une amende.
En plus de Bernard Ntaganda, Président du PS-Imberakuri et  Victoire Ingabire Umuhoza, Présidente des FDU Inkingi, d’autres leaders de l’opposition rwandaise croupissent actuellement en prison ou sont en exils, comme c’est le cas de Déogratias Mushayidi, qui purge une peine de prison à perpétuité ou encore Franck Habineza, le président du Democratic Green Parti exilé en Suède, après que le corps sans vie, d’André Kagwa Rwisereka, son vice-président ait été retrouvé décapité, en juillet 2010, à quelques jours des élections présidentielles.
Charles Ntakirutinka, un autre membre de l’opposition qui avait en vain tenté de se présenter à la présidentielle de 2003, a pour sa part été libéré le 1er mars 2012 après avoir purgé sa peine de 10 ans de prison. Quelques heures seulement après sa sortie de prison, il avait déclaré à AFP qu’il continuerait à « dire la vérité » et que si cela devait signifier « retourner en prison, alors je suis prêt. Reprenez moi, »
Dans son communiqué déjà cité, l’association de défense des Droits de l’Homme Human Rights Watch rappelle, qu’à côté des journalistes ou des membres des partis d’opposition dont les arrestations ou condamnations sont plus ou moins médiatisées, « des personnes moins en vue ont également été réprimées pour avoir critiqué les politiques de l’État » et l’association cite l’exemple de  l’Abbé Émile Nsengiyumva, un prêtre de Rwamagana, dans l’est du Rwanda « qui purge une peine de 18 mois de prison après avoir été reconnu coupable d’atteinte à la sûreté de l’État et d’incitation à la désobéissance civile ».
Ce prêtre avait été arrêté en décembre 2010 après s’être élevé contre certaines politiques gouvernementales, notamment le projet « Bye Bye Nyakatsi », un projet prévoyant de détruire des maisons à toit de chaume au profit de logements plus durables. Dans son homélie, qui lui a valu la prison, l’Homme d’Eglise avait dénoncé la destruction des « Nyakatsi » avant qu’une solution d’hébergement ne soit proposée. Il s’était également prononcé contre le projet de vasectomie, une campagne de planning familial lancée par le gouvernement et visant à stériliser « 700 000 hommes dans les trois ans » dans l’objectif de ralentir la croissance de la population. 
Ruhumuza Mbonyumutwa
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