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Hollande Président: Quel impact pour le Rwanda ?

Hollande Président: Quel impact pour le Rwanda ?

 Le deuxième tour de la présidentielle française  qui était suivi de très près par le régime de Kigali se clôture par la victoire du candidat socialiste François Hollande. Cette victoire pourrait relancer  les relations diplomatiques au point mort avec le Rwanda.

Christiane Taubira

Christiane Taubira source: DR


Actuellement, la coopération franco-rwandaise demeure au point mort après le refus d’agrément du successeur de l’ex ambassadeur de France au Rwanda Laurent Contini par les autorités rwandaises. L’ambassade est gérée par une chargée d’affaires par intérim. Les négociations entre la compagnie Rwandair et Airbus pour l’achat de deux appareils, le projet de réhabilitation du centre culturel français de Kigali et les investissements prévus dans l’exploitation de gaz méthane du lac Kivu ont été interrompus.
Selon Jeune  Afrique, un proche collaborateur de Kagamé aurait déclaré : «  Si Sarkozy gagne la présidentielle et qu’Alain Juppé reste aux affaires  à Matignon ou au quai d’Orsay, rien ne bougera. Si Hollande l’emporte, tout est possible ».
A présent, tout est effectivement possible car celle qui a rédigé les notes destinées à alimenter la réflexion du candidat socialiste sur l’Afrique, en particulier la région des grands lacs  pendant la campagne, Mme Christiane Taubira députée PRG (Parti Radical de Gauche) de la Guyane, est pressentie pour gérer le dossier des Grands Lacs et plus particulièrement le dossier du Rwanda au sein de l’équipe Afrique du Président Hollande.
Le parcours de Mme Taubira[i] commence dans une fratrie de onze dominée par la figure de la mère qui prodiguera une éducation « stricte et carrée » à ses enfants. Le père est absent et Christiane Taubira le qualifie de « scélérat » dans son livre  en affirmant : « il tenait une épicerie et ma mère lui payait le lait pour nous nourrir ». Les années de lycée à Cayenne (Guyane) seront décisives dans la formation de la conscience politique du député Taubira. Elle se nourrit des lectures de Frantz Fanon, Chester Himes, écoute Jimi Hendrix et se coiffe à la  Angela Davis. Elle étudie les sciences économiques à Paris.
Petite et énergique, la députée Taubira est à l’origine de la loi du même nom qui qualifie la traite négrière de crime contre l’humanité et qui est commémoré chaque année le 10 mai dans les grandes villes françaises. Son discours sur l’égalité des chances et son républicanisme lui ont valu l’adhésion et le respect du grand public. Elle appartient au groupe d’amitié France-Rwanda présidé par Mme Marylise Lebranchu au sein du palais Bourbon. En 2005, ce groupe s’est rendu au Rwanda dans le cadre d’une mission parlementaire, rencontrer la ministre des affaires étrangères, leurs homologues de la chambre des députés et du sénat au Rwanda ainsi que les veuves rescapées du génocide. En 2009, le député PRG a été témoin en  faveur de SOS Racisme dans le procès opposant l’organisation antiraciste à l’écrivain Pierre Péan  et avait donné sa vision des quatre pages parues dans le livre  noires fureurs, blancs menteurs.
Mme Taubira expliquait que ces quatre pages «  ressemblent à de la propagande et nourrissent l’arrogance de ceux qui, soient nient le génocide, soit le justifient. Les mots ont incité à tuer au Rwanda, les mots ont excusé, les mots ont absous ».Elle avait pris position en faveur d’une intervention de l’ONU pour l’envoi d’une force d’interposition capable d’arrêter le génocide lors de la campagne pour les élections au parlement européen en 1994.Kigali la décrit comme « amicale ».
Néanmoins, des questions majeures  se posent : Est-ce que « la potomitan de Cayenne » comme ses militants la décrivent affectueusement, demeurera une femme de tête  et de caractère dans la gestion épineuse des affaires rwandaises ? Parviendra t-elle à conserver l’intransigeance et l’indépendance  qui lui ont valu le respect du grand public en ce qui concerne le thème des droits de l’homme, l’ouverture de l’espace politique rwandais, et le rôle des médias et de la société civile dans l’exercice du pouvoir ? Une chose est certaine c’est qu’il faut redynamiser les relations franco-rwandaises mais cela ne signifie pas que Kigali doit dicter ses conditions. La marche vers la normalisation des relations entre Kigali et Paris est semée d’embûches et l’intransigeance de Mme Taubira sera mise à rude épreuve.
Marie Umukunzi
Jambonews.net
 
 

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