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Rwanda : « Si ce document avait existé, j’aurais été au courant » Luc Marchal

Rwanda : « Si ce document avait existé, j’aurais été au courant » Luc Marchal

Dans son édition de ce vendredi 1er juin 2012, le quotidien Libération dévoilait la découverte « presque par hasard » et « près de 20 ans après» d’un document dans les archives de l’ONU dont le contenu est une liste d’armements rédigée le jour de l’attentat par les casques bleus et qui mentionnerait la possession, par les ex- FAR, de missiles SA7 et Mistrals, deux types d’armement écartés par le rapport balistique d’experts dans le dossier Français.

Colonel Luc Marchal@ photo de jambonews.net

Colonel Luc Marchal@ photo de jambonews.net


Un des principaux acteurs concernés par l’affaire, l’ONU, contactée par RFI, s’est refusée à tout commentaire au sujet du document.
Roméo Dallaire, commandant de la MINUAR en 1994 aurait quant à lui, selon Linda Melvern, une journaliste britannique qui rapporte cette « découverte », « authentifié [le document] début mai » bien que dans son livre-témoignage, il n’en ait nulle part fait allusion alors que le contenu de ce document, si avéré, pourrait être important dans la détermination du type de missiles utilisés pour abattre le Falcon 50.
Selon Bernard Lugan, expert auprès du Tribunal Pénal International pour le Rwanda, ce document était connu de longue date et aurait «même été longuement étudié, analysé et critiqué avant d’être finalement écarté par le TPIR en raison de son inconsistance>>
Pour Luc Marchal, responsable des casques bleus à Kigali et à ce titre responsable en première ligne du contrôle de l’armement détenu par les FAR à l’époque des faits, ce document n’a tout simplement jamais existé.
Joint par Jambonews, Luc Marchal est en effet catégorique « Il est tout à fait impossible qu’un tel document ait pu exister sans que j’en prenne connaissance vu que les observateurs dépendaient de mon commandement ».
« Depuis décembre 1993 », poursuit-il, « une zone de consignation d’à peu près 1000 km carrés avait été établie dans et autour de Kigali ». « Dans cette zone, tous les systèmes d’armes, toutes les troupes dont les FAR disposaient étaient en permanence contrôlés par la MINUAR ».
Et il ajoute « Je ne prétends pas dire qu’il était strictement impossible d’amener des armes à notre insu dans la zone de consignation mais des missiles me paraissent très difficilement dissimulables étant donné qu’ils nécessitent une infrastructure particulière pour être stockés, ils auraient alors été découverts lors des contrôles qui étaient effectués toutes les semaines dans la zone».
« Les FAR pouvaient-elles les détenir hors de la zone de consignation »? « Je ne vois pas l’intérêt pour elles de disposer d’un système anti-aérien très couteux et de le placer hors de cette zone étant donné que les principales cibles à défendre contre d’éventuelles attaques aériennes se trouvaient à Kigali ; le gouvernement, le QG de la gendarmerie, les bureaux de la Présidence etc… »
Et Luc Marchal continue « Les FAR avaient des systèmes de canons anti-aériens déployés, s’ils avaient eu des missiles Mistral, beaucoup plus modernes et efficaces, ils auraient cherché à déployer ces missiles là, au lieu d’utiliser des canons à la technologie usée ».
« De plus Il y avait aussi une coopération militaire belge sur place. Si il y avait eu des missiles, je l’aurais su, vu que ces conseillers militaire étaient présents aux côtés des FAR, notamment lors des entrainements. Aucun des conseillers belges n’a à l’époque évoqué la trace de tels missiles. Or l’entrainement pour l’utilisation de tels missiles s’effectue sur une longue période de temps et il m’est difficile d’imaginer que de tels entrainements aient pu être effectués à l’insu des coopérants belges présents aux côtés des FAR et ce, sans compter qu’à côté des coopérants belges, il y’avait des observateurs militaires de la MINUAR dans les camps militaires qui avaient entre autres pour rôle de s’assurer qu’il n’y avait pas d’entrainements militaires non renseignés.»
Pour Luc Marchal, cette histoire de document mystérieusement découvert 18 ans après » fait partie de la même intoxication médiatique opérée depuis 18 ans » « on essaye d’allumer des contres feu ».
« Comment voulez-vous 18 ans après, venir avec des éléments comme ça ? » s’interroge-t-il enfin.
Ruhumuza Mbonyumutwa
Jambonews.net


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