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Rwanda : un journaliste emprisonné pour avoir dénoncé son enlèvement

Rwanda : un journaliste emprisonné pour avoir dénoncé son enlèvement

Étudiant en journalisme et reporter au journal Chronicles, Idriss Gasana Byiringiro a été arrêté le 17 juillet 2012 par la police rwandaise et reste en prison, il est accusé par les autorités d’avoir dénoncé dans un article paru dans le Chronicles, un enlèvement et des menaces de mort dont il a été l’objet quelques semaines avant.

 Idriss Gasana Byiringiro

Idriss Gasana Byiringiro


Pour les autorités rwandaises, l’enlèvement et les menaces de mort dont Gasana Byiringiro déclare avoir fait l’objet dans son article sont « fabriqués de toute pièce », c’est pour cette raison qu’il a été appréhendé et jeté en prison. Il est maintenant détenu au poste de Kicukiro au centre de Kigali, où il n’a pas été autorisé à recevoir aucune visite ni de sa famille ni de son avocat.
Reporters sans Frontières, l’organisation qui défend la liberté de la presse, s’insurge dans un article publié sur son site le 20 juillet 2012 contre ce nouvel acharnement contre les hommes de médias au Rwanda.   » Savoir si le journaliste a produit un travail professionnel et objectif ou s’il a menti dans son article est un autre débat. Mais si les services de renseignements rwandais contestent ce qu’Idriss Gasana Byiringiro a publié, n’ont-ils d’autre option que de recourir à son arrestation ? S’est interrogée Reporters sans frontières, qui demande sa libération immédiate.
L’organisation qui défend les journalistes se demande également pourquoi ce jeune journaliste est interdit de voir un avocat ou sa famille ? »
Dans une lettre ouverte publiée dans le Chronicles ou ce dernier met en cause les services de renseignements, Idriss Gasana Byiringiro s’était plaint d’avoir été enlevé, gardé dans un lieu secret et interrogé par quatre individus armés le 15 juin 2012. Il indiquait avoir été détenu toute la nuit et interrogé sur ses sources. Il ajoutait que son ordinateur et téléphone portable avaient été confisqués par ses kidnappeurs.
Le journaliste avait déclaré dans sa lettre, avoir reçu des messages comportant des insultes et menaces de mort. C’est en se rendant à la police le 17 juillet suite au dépôt d’une plainte par le directeur de son journal, afin que la police puisse recueillir son témoignage qu’il a été épinglé et jeté en prison où il croupit depuis lors sans possibilité de rencontrer ni sa famille, ni son avocat.
Le 19 juillet 2012, alors que Gasana était détenu depuis deux jours, sans avoir pu rencontrer sa famille, son avocat ou ses confrères, coup de théâtre : le journaliste a été présenté à la presse, où il a  déclaré avoir inventé son histoire d’enlèvement. « C’était mon plan. En tant qu’étudiant en journalisme, je voulais savoir s’il est possible d’enquêter au Rwanda ou s’il est vrai que le gouvernement harcèle les journalistes, tels que le prétendent les rapports internationaux », aurait-il dit, selon des propos rapportés par le New Times, un média rwandais pro-gouvernemental.
« Il est difficile de prendre ces propos au sérieux étant donné que celui qui les prononce est en détention et n’a même pas pu voir un avocat. Rien ne prouve que le journaliste n’a pas été intimidé et contraint de faire cette déclaration » déclare Reporters sans Frontières, qui rappelle que trois autres journalistes sont actuellement détenus au Rwanda. L’un de ces prisonniers d’expression est un jeune journaliste qui s’appelle Habarugira Epaphrodite, journaliste pour la radio communautaire Huguka, située dans la région de Muhanga (Sud),  qui est en  prison depuis le 24 avril 2012 à Gitarama, pour un lapsus. En effet, ce dernier avait commis un lapsus en présentant le journal.
Emprisonnements, menaces de mort, harcèlements et même assassinats sont devenus monnaie courant pour les quelques rares journalistes indépendants encore au Rwanda, le cas de Gasana Byiringiro n’est donc pas un fait isolé, mais témoigne du quotidien infernal auquel sont confrontés les professionnels de l’information au Rwanda.
Cet emprisonnement donne du grain à moudre à certaines critiques qui vont même à affirmer qu’exercer le métier de journaliste libre au Rwanda « équivaut à un suicide ».
Jean Mitari
Jambonenews.net

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