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Rwanda : la censure atteint son paroxysme

Rwanda : la censure atteint son paroxysme

Ce mardi 6 août 2012, on apprenait par la voix du Ministre de l’intérieur rwandais que le régime de Kigali venait de se doter d’une nouvelle loi visant à surveiller les appels téléphoniques, les échanges de courriels et les consultations de sites web opérés depuis le Rwanda.
Divisionnisme ou idéologie génocidaire, étaient jusque là  les arguments les plus courants invoqués par le régime du FPR pour discréditer toute forme de critique ou opposition et restreindre les libertés publiques. Aujourd’hui, dans un contexte d’intenses pressions internationales faisant suite au rapport de l’ONU l’accusant de soutien à la rébellion du M23,  le régime durcit le ton et franchit une nouvelle étape en matière de censure de l’information.
 

le Ministre rwandais de l'intérieur, Mussa Fazil Harerimana

le Ministre rwandais de l'intérieur, Mussa Fazil Harerimana


« Il sera désormais punissable au Rwanda de lire des informations non approuvées par le pouvoir et une telle faute[NDLR, la consultation de ce type d’information] sera considérée comme de la complicité » (itegeko rizajya rinahana umuntu usoma inyandiko zitemewe na Leta kandi iryo kosa rizafatwa nk’ubufatanyacyaha.) a annoncé le Ministre de l’intérieur Mussa Fazil Harerimana au journal progouvernemental Kigali Today. Le ministre a ajouté que « les services de sécurité ont désormais le droit d’écouter tous les appels téléphoniques et lire les courriels entre les particuliers, (sans l’autorisation même de la justice NDLR) et poursuivre toute personne qui violera la loi à travers sa communication ». Ce qui est étonnant, est que la loi ne précise pas le genre d’infractions que l’adoption de cette nouvelle loi est destinée à réprimer. Quant à la question de savoir si cette loi ne risque pas de faire des victimes innocentes puisque nombreux empruntent et prêtent leurs ordinateurs et téléphones portables, le ministre a répondu « qu’il revient à chaque de veiller à ses appareils de communication ».
 La cyber-censure s’installe de plus en plus au Rwanda où il a été constaté que ces dernières temps, certains sites surtout ceux des partis d’opposition et  les plus critiques envers le régime, y sont inaccessibles, ou font l’objet d’attaques informatiques répétées.
 Avec cette nouvelle loi établissant la surveillance de ce que les citoyens écrivent sur le net et disent au téléphone, le Rwanda rejoint le club des pays prédateurs de l’internet. À la tête de ces Etats, se trouvent la Chineet l’Iran, pays considérés comme les plus avancés en matière de filtrage d’internet et surveillance des internautes. Cette nouvelle loi vient s’ajouter aux nombreuses autres lois liberticides adoptées par le gouvernement rwandais ces dernières années, et constitue une atteinte grave à la liberté d’information puisque les citoyens ne pourront pas s’expriment librement en ligne sachant qu’ils sont écoutés et lus. Cette loi viole également l’article 19 de la déclaration universelle des droits de l’homme et du citoyen dont le Rwanda est pourtant signataire, et qui stipule que « tout individu a droit à la liberté d’opinion et d’expression, ce qui implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de chercher, de recevoir et de répandre, sans considérations de frontières, les informations et les idées par quelque moyen d’expression que ce soit ».
 Reporters sans Frontières a répertorié dans le monde à peu près 200 arrestations de blogueurs et de net-citoyens en 2011, avec le Rwanda qui vient de se doter des lois visant la surveillance et le filtrage de l’internet, ce bilan risque de s’alourdir.
 Pour renforcer cette censure, le Rwanda a décidé de surtaxer à partir du 1 juillet 2012, tous les appels entrants de l’étranger. Cette mesure est intervenue, après qu’a été imposé à tous les utilisateurs de GSM de s’enregistrer à la police. Toute personne recevant un appel de l’étranger devra désormais payer l’équivalent de 0,35$ (232,5frrw) par minuté a annoncé le journal proche du pouvoir Igihe.com, néanmoins les informations qui sont parvenues a Jambonews annoncent que ce prix des appels entrants de l’étranger a été sous estimé et pourrait atteindre selon les operateurs téléphonique plus de 0,50$ la minute. Avant le 1juillet  les appels entrants que ça soit de l’étranger ou de l’intérieur étaient totalement gratuits.
 Selon le rapport du PNUD 2011, 76,8% de rwandais vivent avec moins d’1,25$ par jour ce qui signifie qu’il désormais de plus en plus difficile pour la majorité de la population de répondre à un appel entrant de l’étranger alors que de nombreux citoyens rwandais plusieurs membres de leurs familles à l’extérieur du pays, et le seul moyen de rester en contact c’est le téléphone.
 Selon plusieurs observateur, la surtaxe des prix d’appels entrants est un moyen pour le régime de Kigali, de renforcer la censure en empêchant les citoyens d’avoir les informations provenant de leurs poches à l’étranger. Après que toute la presse indépendante ait été muselée, nombreux rwandais recevaient des informations sur ce qui se passe dans leur pays qu’à travers leurs familles vivaient en dehors du pays où les informations circulent sans entrave. S’attaquer au portefeuille des familles déjà démunies, prouve la détermination du régime à censurer l’information.  
 Cette intensification de la censure au Rwanda, intervient alors que le pays est épinglé par la communauté internationale pour son soutien aux rebelles du M23 qui commettent des atrocités à l’est dela RDC.
 Plusieurs citoyens rwandais vivant en Belgique et ayant de la famille au Rwanda, notamment à Gisenyi ont affirmé à Jambonews que la surtaxe des appels à l’extérieur était en lien avec cette mutinerie du M23. En effet, selon ces personnes, les habitants de Gisenyi assistent souvent à des spectacles de camions rapatriant des blessés ou de soldats rwandais morts sur le champ de bataille.
La volonté des autorités rwandaises en surtaxant de manière inexpliquée les appels téléphoniques vers l’extérieur et en contrôlant les activités qui se déroulent sur internet, serait donc d’empêcher que d’avantage d’information au sujet de la rapatriation de morts ou de blessés ne fuite vers l’extérieur.
Jean Mitari
Jambonews.net

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