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Rwanda : le journaliste Gatera Stanley condamné à un an de prison ferme

Rwanda : le journaliste Gatera Stanley condamné à un an de prison ferme

Détenu depuis août 2012 pour un article jugé « discriminatoire », le journaliste Gatera Stanley a été condamné ce mardi 14 novembre à une peine d’un an de prison ferme et 30 000  francs rwandais d’amende. Le Comité de protection des journalistes (CPJ) a demandé à la juridiction d’appel d’infirmer le jugement et de remettre le journaliste en liberté.

Stanley Gatera

Stanley Gatera


C’est le énième journaliste à être envoyé en prison au Rwanda pour avoir exercé son métier. Arrêté le 1er août 2012, Gatera Stanley a été gardé en prison jusqu’au jour de son procès. Il vient d’être condamné par la Haute cour de Gasabo siégeant à Rusororo (Kigali) à une lourde peine d’un an de prison ferme et 30.000 francs rwandais d’amende, a annoncé le journal progouvernemental Igihe.com.
De quoi l’accuse-t-on ?
Gatera Stanley, rédacteur en chef du journal Umusingi, s’est vu mis aux arrêts suite à la publication dans son journal d’un article intitulé « comment les hommes qui poursuivent les femmes tustie à cause de leur beauté risquent d’avoir des problèmes ? » (Impamvu abagabo bahura n’ibibazo kubera gukurikira ubwiza bw’abakobwa bitwaga Abatutsi) paru dans la rubrique amour de son journal. Cet article qui conseillait les hommes de ne pas être attiré que par la beauté chez les jeunes filles, surtout les filles tutsie « réputées être belles », a très vite été jugé discriminatoire, et lui a conduit directement en prison.
Aujourd’hui Gatera Stanley a été reconnu coupable de trois chefs d’accusation : « propager le divisionnisme » (gukwirakwiza amacakubiri), « dévaloriser le sexe féminin » (gupfobya igitsina gore) et semer la division entre hommes et femmes en général (guteranya abagabo n’abagore muri rusange).
Déjà ciblé dans le passé
Umusingi a été ciblé dans le passé. En effet, en février 2011, le site du journal a été temporairement bloqué au Rwanda après la publication d’une interview avec un général dissident rwandais en Afrique du Sud, notamment Kayumba Nyamwasa. Fondateur du journal et ancien directeur général, Nelson Gatsimbazi, a fui le pays en Août 2011 après avoir été informé de son arrestation imminente sur des accusations de divisionnisme basé sur une plainte déposée par un autre journaliste en 2008. En Décembre 2010, Gatsimbazi a été accusé par le conseiller à la sécurité présidentielle de travailler avec des « ennemis de l’Etat ».
Une condamnation de plus
Cette condamnation du rédacteur en chef du journal Umusingi survient quelques mois après la condamnation de deux autres journalistes au Rwanda, Saidath Mukakibibi directrice d’un bimensuel indépendant Umurabyo et Agnès Nkusi sa consœur, qui ont été condamnées en février 2011 à, respectivement, 17  et 7 ans de prison, pour « négation du génocide, divisionnisme, diffamation du président Kagame, et menace à la sécurité de l’Etat ». Recondamnées en appel à des peines moins lourdes (4 ans et 3 ans de prison ferme), les deux journalistes ont décidé le 17 octobre dernier, de déposer plainte devant la Commission africaine des droits de l’Homme et des peuples.
Cette condamnation de Gatera confirme une fois plus le calvaire dont vivent quelques journalistes indépendants qui restent au Rwanda, car la majorité a préféré fuir le pays.

Cependant, même à l’extérieur des frontières rwandaises, les journalistes rwandais ne sont pas épargnés. Les cas du journaliste Charles Ingabire sauvagement abattu par balles dans la nuit du 30 novembre au 1erdécembre 2011 dans une banlieue de Kampala où il avait trouvé refuge, et de Bosco Gasasira, exilé en Suède et qui a dû se cacher pendant plus d’un mois sous la protection policière suédoise pour échapper à une menace imminente qui pesait sur sa vie, confirment cette triste réalité.

Jean Mitari

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