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Nouvelles « révélations » de Libération sur le Rwanda : « une pure intoxication » selon Maître Meilhac

Nouvelles « révélations » de Libération sur le Rwanda : « une pure intoxication » selon Maître Meilhac

Le quotidien français Libération a publié ce jeudi 10 janvier un article qui  relance les questions relatives aux auteurs de l’attentat contre l’avion du Président rwandais Juvénal Habyarimana le 6 avril 1994, considéré comme l’élément déclencheur du génocide de 1994. Selon Libération, un  faux certificat de décès d’un gendarme français mort en avril 1994 à Kigali aurait été rédigé suite à l’assassinat, entre le 7 et le 9 avril 1994, de deux coopérants de la gendarmerie française, les adjudants-chefs René Maïer et Alain Didot et l’épouse du second, Gilda Didot.
attentant avion habyarimanaDepuis 1994, plusieurs sources imputent ces crimes au Front Patriotique Rwandais (FPR) de Paul Kagame, qui se serait ainsi débarrassé de deux opérateurs radio qui écoutaient ses communications et espionnaient son cantonnement au compte du gouvernement de l’époque. La découverte du faux certificat de décès d’un des gendarmes, ouvre une autre hypothèse selon laquelle les deux gendarmes auraient pu être les témoins involontaires de l’organisation de l’attentat par les militaires du régime Habyarimana, alliés de la France, ce qui expliquerait leur élimination par Paris et la tentative d’étouffer les causes de leur décès. Cette nouvelle version avancée par Libération n’est que « De la pure intoxication » affirme Maître Philippe Meilhac, avocat des parties civiles dans cette affaire.  Jambonews l’a interviewé.
« De la pure intoxication »
Pour Maître Meilhac, cette information relève « de la pure intoxication ». Il y a un mélange de tout ; la mort des gendarmes et l’attentat contre l’avion présidentiel. Le dossier confié au juge Trévidic ne comprend pas la mort des deux gendarmes, Alain Didot et René Maïer et de l’épouse du premier, Gilda. En avril 1994, au moment où cette folie frappait le Rwanda, les corps de trois ressortissants français tués par balles sont retrouvés dans le jardin de leur villa. Leurs cadavres sont rapatriés en France via la Centrafrique, où un médecin militaire français établit les certificats de décès.
Même si Maître Meilhac confirme que ces décès ont été portés à la connaissance du Juge Trévidic, l’Avocat qui a été au bureau du Juge d’instruction ce jeudi 10 janvier  affirme que l’on prête au juge Trévidic des mots qu’il n’a jamais prononcés comme, par exemple, qu’il aurait jugé ces faits «gravissimes» et « de nature à réorienter sa propre enquête sur l’attentat », en s’interrogeant sur l’attitude de Paris lors de ce moment clé de l’histoire du pays.  Maître Meilhac relève que les gens sont prêts à tout pour « désorienter » le public et que ce dernier doit s’accoutumer aux « scoops » et que le précédent était l’histoire des missiles qui ont abattu l’avion dont certains ont retenu une des six possibilités de lieux de départ.
Pour l’avocat des parties civiles dans cette affaire qui doit déterminer l’auteur de l’attentat qui a déclenché un des derniers génocides les plus meurtriers du 19è siècle, le FPR essaie de dévier la trajectoire de la lumière qui cherche à éclairer sur l’élément déclencheur du génocide. « Le dossier de la mort des gendarmes français n’est pas un sous dossier de l’attentat du 6 avril. Kigali a tout simplement du mal à laisser la justice française faire son travail sereinement », conclut maitre Meilhac.
Un scoop vieux de… 17 ans
La mort des 3 ressortissants français et les nombreuses zones d’ombre entourant ces trois décès présentés aujourd’hui par le journal Libération comme un « scoop », n’ont rien de nouveau. Dans son livre « Rwanda : trois jours qui ont fait basculer l’histoire » publié à la fin de l’année 1995, le Professeur Filip Reyntjens s’était déjà interrogé sur la « discrétion » des autorités françaises qui n’avaient rendue publics ces décès que le 11 avril, l’acte de décès, antidaté au 6 avril et qui évoquait étrangement une « mort accidentelle » avait également été mentionné. Toutefois, étant donné que la maison se trouve « près du rond-point Kimihurura, entre le C.N.D. et l’hôtel Méridien »,  le Professeur Belge supposait qu’ils avaient été tués par le FPR, « qui contrôlait cet endroit au moment du triple assassinat ».
Pour quelles raisons ces ressortissants français ont-ils été assassinés ? Cet assassinat a-t-il un lien avec l’attentat ? Pourquoi les autorités françaises ont-elles jeté le trouble sur les circonstances de leur assassinat ? Voici d’autres questions auxquelles devront répondre les Juges Trevidic et Poux dans leur enquête visant à faire la lumière sur l’attentat ayant fait basculer le Rwanda dans l’horreur. .
Pacifique Habimana
Jambonews

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