Jambonews FR - Restons informés

RDC: La force des femmes du Kivu

RDC: La force des femmes du Kivu

« La femme est sortie de la côte de l’homme, non des pieds pour être piétinée.
Ni de la tête, pour être supérieur, mais du côté pour être égale.
Sous le bras pour être protégée, et à côté du cœur pour être aimée…
Seulement être aimée. »[1]

Camp de déplacés de Bambu (Flickr/CC/Première-Urgence)

Camp de déplacés de Bambu (Flickr/CC/Première-Urgence)


Pourtant, à l’Est de la RDC cette évidence naturelle semble plus relever du domaine de l’utopie que de la réalité. Les femmes y sont en effet depuis 1996 bafouées, humiliées et déshonorées. Non pas que les hommes de ces contrées aient perdu toute notion d’honneur et de respect à l’égard de leurs mères, sœurs ou épouses, mais simplement parce que les guerres à répétitions venues de l’étranger ont semé moult malheurs, tribulations et souffrances au point de contrevenir profondément aux mœurs de la région pourtant traditionnellement vertueuses.
Le reportage d’Euronews en queue de l’article nous renseigne sur le cas d’une courageuse femme nommée Masika. En 1998, des miliciens ont massacré son mari sous ses yeux, et violé deux de ses filles. Elle témoigne : « Moi, ils m’avaient fait asseoir, nue comme un ver, avec deux armes braquées sur mes tempes. Quand je criais, ils me coupaient le visage et le corps avec leurs poignards. J’ai des balafres de leurs forfaits sur tout le corps (…) L’un d’eux m’a demandé si j’avais déjà mâché un bazooka. J’ai dit oui, croyant qu’il parlait du bonbon bazooka. Alors il a pris le sexe de mon mari mort, et il l’a découpé en petits morceaux. Ils m’ont forcé à manger tous les morceaux du pénis de mon mari.
La chambre était pleine de son sang. Ils m’ont ordonné de rassembler les restes de mon mari, et de me coucher sur les morceaux de son corps. J’ai l’ai fait. Et ils ont commencé à me violer sur les restes de chairs de mon mari
»
Ce n’est là qu’une partie du calvaire que Masika raconte.
13 ans après ces terribles évènements, elle se retrouve à la tête d’une association d’aide aux victimes d’atrocités de guerre l’APDUD, qui outre le soutien moral et matériel, tente de réintégrer les victimes dans leurs communautés.
Masika s’est relevée. Son association compte aujourd’hui quelques 200 femmes.
Son exemple nous renseigne suffisamment sur l’insondable force de caractère des femmes du Kivu et leur incroyable capacité à faire dignement face aux odieux défis de la vie.
La ténacité et le courage dont elles font preuve pour conjurer le sort vraisemblablement scellé des femmes de la région est sans commune mesure. Elles endurent, elles subissent mais elles résistent.
Il serait presque criminel que le gouvernement congolais continue à mésestimer le rôle capital qu’elles sont censées jouer dans la reconstruction sociale et la réhabilitation des mœurs de ces zones sinistrées. Une place d’honneur doit leur être faite dans le panthéon congolais de la gloire.
Sans l’apport de ces femmes du Kivu le Congo aura de faibles chances de mettre définitivement fin à son cycle interminable des guerres car elles symbolisent mieux que personne l’espérance, l’honneur, le courage et le renouveau du peuple congolais.
En ce jour symbolique de la Journée internationale de la Femme, l’équipe Jambonews exprime son profond respect et son total soutien à ces femmes hors du commun qui par leur résistance et persévérance continuent de faire briller l’espoir d’une paix totale et profonde dans la région des Grands Lacs.
Charis Basoko
Jambonews.net

La vidéo de Euronews:

[1] Source inconnue

Commentaires

commentaires


© 2024 Jambonews