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Rwanda : sacs plastiques hors la loi, un exemple pour l’Afrique ?

Rwanda : sacs plastiques hors la loi, un exemple pour l’Afrique ?
Ville de Kigali

« Comme on saisit ailleurs la drogue, ici on saisit le sac plastique  de la même façon »,  témoigne le directeur général d’une entreprise chargée d’inspecter, de saisir et d’assembler les plastiques bannis. Dans le nouveau magasine bimensuel de la chaîne France24, Elément Terre, ce directeur a  résumé la traque dont fait l’objet le sac en polyéthylène (matière non-biodégradable) au pays des mille collines depuis qu’il a été mis hors la loi en 2008.

 

Ville de Kigali

Ville de Kigali


Ce jeudi  11 avril 2013, la chaîne française d’actualité internationale en continu France24, a lancé un nouveau magazine bimensuel présenté par Marina Bertsch : Elément Terre. Coproduite par la Banque Africaine de Développement et d’une  durée d’environ douze minutes,  l’émission met la lumière sur le développement durable en Afrique et ailleurs.
 « Kigali : ville la plus propre d’Afrique » 
Pour le premier numéro, Kigali a été mise à l’honneur. Depuis 2008, une loi interdit l’usage de plastiques en matière non recyclables sur le territoire rwandais. A l’origine de cette interdiction, un double constat : les effets néfastes de cette matière sur l’environnement ainsi que la pollution visuelle provoquée par la présence de déchets en plastique partout sur le territoire.[1] Dans une interview accordée au journaliste freelance Ryan Kohls la  directrice générale de REMA (Rwanda Environmental Authority), Dr. Rose Mukankomeje, a retracé le parcours de cette loi.
En 2004, des études menées sur l’usage des sacs en plastique au Rwanda ont révélé une situation alarmante : « Le plastique ne se trouvait pas seulement  à la surface mais aussi sous le sol », raconte le Dr Mukankomeje.  Des conséquences désastreuses pour le secteur agricole mais pas seulement. En effet, les eaux étaient également polluées et du plastique a été trouvé dans les corps de poissons morts.[2] Finalement, afin de se débarrasser des sacs usagés, ces derniers étaient brûlés avec pour résultat le lâcher de fumées toxiques dans l’air.
En peu de temps, l’agence environnementale REMA décide de lancer une campagne d’information à travers les médias ainsi que des rencontres durant lesquelles des fermiers témoignent des effets néfastes des déchets plastiques sur leurs terres et leurs animaux.
Dès 2005, une première journée nationale de nettoyage, Umuganda est orchestrée. La quantité de sacs en plastique ramassés est telle que le monde politique se mobilise pour soutenir l’initiative de REMA. Umuganda fait aujourd’hui référence à une journée (chaque dernier samedi du mois) de travail communautaire obligatoire pour tout citoyen rwandais, âgé de 18 à 65 ans et en capacité de travail.
En trois ans, le travail effectué par la REMA a enregistré des résultats époustouflants dans la capitale, vitrine du pays,  poussant l’agence onusienne  PNUEH (Programme des Nations unies pour les établissements humains), spécialisée en développement urbain durable, à attribuer  son Habitat Scroll of Honor Award 2008 à Kigali. Un prix qui récompense les efforts fournis dans la construction d’une ville moderne et durable.
« Un secteur privé réticent »
Sans surprise, les entreprises spécialisées dans la production ou l’importation ou l’exportation  de sacs en plastique furent les plus réticentes à l’entrée en vigueur de la nouvelle loi. REMA ainsi que le gouvernement rwandais se sont appliqués à leur présenter des solutions attrayantes. Parmi celles-ci, la conversion des entreprises productrices en compagnies de recyclage ou l’octroi d’avantages fiscaux aux entreprises qui investissent dans des machines de recyclage par exemple.[3]
La production de sacs recyclables et de sac en papier étant plus coûteuse (jusqu’à trois fois plus chère apprend-t-on dans le reportage), cela se répercute inévitablement dans le prix de vente. Mais, les sacs en papier surtout, sont réutilisables et instaurent de nouvelles habitudes au sein de la  population.
Dans le cas de certains secteurs qui requièrent l’usage du sac en polyéthylène, comme le domaine  hospitalier, le bâtiment ou encore l’agriculture, la loi prévoit une exception.
« La traque aux trafiquants de sacs en polyéthylène »
Dans une séquence du reportage on voit la journaliste Marina Bertsch  accompagner  la police rwandaise lors d’une descente dans une boulangerie soupçonnée d’emballer ses pâtisseries dans du plastique dissimulé sous du papier. Une sorte de papier, produite en Inde, qui coûte 20% moins cher que l’emballage autorisé. Le commerçant qui  enfreint la loi risque jusqu’à douze mois de prison ainsi qu’une amende de maximum 600euros.  Risque que certains sont prêts à courir, le sac plastique se faisant plus rare, les prix du marché noir ont explosé; dans le reportage, la journaliste débourse l’équivalent de treize centimes d’euros pour s’en procurer un.
Dans l’ensemble l’interdiction du sac plastique est un succès difficilement contestable. Précurseur, le Rwanda inspire d’autres pays, le Canada par exemple, à adopter cette mesure. Ailleurs, certaines villes américaine (San Fransisco),  mexicaine, birmane ou encore indienne ont instauré l’interdiction mais actuellement seuls deux pays l’appliquent à l’échelle nationale : Bangladesh depuis 2002[4] et le Rwanda depuis 2008.
 
Pour revoir l’émission : http://www.dailymotion.com/video/xyxg55_11-04-2013-element-terre_news#.UWfzXqJ0n-Y
 
Marie Bahti
Jambonews.net

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