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"Inkeragutabara" : cette milice qui sème la terreur au Rwanda

"Inkeragutabara" : cette milice qui sème la terreur au Rwanda
Jean Claude Safari, décédé le 9 mai 2013 de suite de ses blessures. Source: ireme.net

Le récent cas de Jean Claude SAFARI, tabassé à mort par les milices gouvernementales connues sous le nom d’ « Inkeragutabara » (super secouristes), dénote la violence aveugle que perpètrent les milices mises en place par le régime rwandais pour selon lui, « assurer la sécurité de la population ». Ces milices sont mises en cause dans de nombreux actes de brutalité commis à l’encontre de la population, ces actes d’agressions perpétrés par ces derniers, souvent avec la complicité ou l’approbation de la police, mènent dans certains cas au décès de la victime. L’ampleur de ces acharnements que livrent ces milices dans la population pousse certains à les qualifier d’ « Inkerakumarabantu » (les super-exterminateurs).      

Jean Claude Safari

Jean Claude Safari, décédé le 9 mai 2013 de suite de ses blessures. Source: ireme.net


L’agression de Jean Claude Safari a été reportée par le blog Impamo.net. L’histoire de ce jeune garçon d’à peine 26 ans, décédé le 9 mai dernier sous les coups des milices « Inkeragutabara » a ému beaucoup de monde au Rwanda et a mis en lumière une fois de plus, les dérives de cette milice gouvernementale qui agit souvent avec la complicité de la police nationale rwandaise.
 

Les agressions dans la nuit

C’est dans la nuit du 15 février 2013 en venant d’un bar nommé Stalla, et rentrant chez lui dans le secteur de Nyakabanda région de Nyarugenge à Kigali que J. C. Safari est tombé, tout près de chez lui sur un groupe composé de trois milices « Inkeragutabara ». Ceux-ci lui ont demandé d’où il venait à une heure aussi tardive. En effet, il était vers minuit. Ils ont commencé par le  fouiller, puis l’ont tabassé à tour de rôle. Après, ils l’ont amené chez leur chef qui habite tout près de là. Ils l’ont réveillé et tous les quatre se sont mis à battre la victime qui criait tellement fort qu’elle a  réveillé le voisinage. Vers les quatre heures du matin, ils l’ont amené chez Vincent Habintwari, un policier qui habite dans le quartier. Ce dernier, avec deux de ses amis, s’est mis à battre la victime jusqu’à ce qu’elle ne puisse plus  marcher ni s’assoir. Les voisins ont rapporté à Impamo.net avoir entendu la victime crier pendant plusieurs heures jusqu’à ce qu’il n’en ait plus la force. Selon Impamo.net,  les bourreaux frappaient leur victime à la colonne vertébrale, aux testicules, à la tête et à la basse oreille. Malgré les séquelles étendues  laissées à la victime, les bourreaux l’ont mis dans une voiture et l’ont conduit au  poste de police de Nyamirambo où  on a continué à lui infliger des coups. Jean Claude Safari est resté en prison quoiqu’il ne pût s’assoir, marcher, manger, et respirait difficilement. Ses codétenus ont essayé de le soigner mais il a fini par succomber à ses blessures, quelques semaines plus tard en date du 09 mai. La mère de la victime est partie porter plainte contre les agresseurs de son fils le 11 mai, sans savoir que ce dernier avait succombé à ses blessures deux jours avant (9mai), parce que personne ne lui en avait tenu informé. Le corps avait été déposé dans la morgue de l’hôpital Faysal. Les témoins visuels de l’agression de Jean Claude, et qui ont voulu s’interposer, ont affirmé à Impamo.net, avoir été menacés, c’est notamment le cas d’un certain Jimmy, et Muhirwa Ismael voisins de la victime.
 

Les agressions à toute impunité

Le 22 avril, Epiphanie Mukakimenyi, la mère de Jean Claude Safari, a adressé une lettre au ministre de l’Intérieur lui demandant que justice soit faite parce que jusque-là, seules deux de six milices ayant mené l’expédition mortelle contre Safari avaient été interpellés. La famille du défunt affirme néanmoins ne pas croire à ces deux incarcérations, car les deux personnes interpellées, Munyaneza Theogene alias Kigingi et Halleluiah Emmanuel connu sous le nom de Gasongo, n’ont pas été présentées à la justice à temps, ce qui a été interprété par la famille éplorée comme une mauvaise volonté de la police qui cherche à libérer les deux suspects car n’ayant pas été présentés à un juge dans le délai prévu par la loi.
Quant au sort réservé à Vincent Habintwari, le policier qui a achevé la victime, il reste incertain. Le journal Izuba-Rirashe.net a reporté le mardi le 15 mai que Vincent Habitwari est poursuivi pour coups et blessures. Néanmoins ce qui reste incompréhensible est que le porte-parole de la police Theos Badege a affirmé que Mr Vincent H. a été arrêté le 15 février, mais jusqu’à maintenant n’a toujours pas comparu devant un juge alors que la loi rwandaise souligne que le suspect doit être présenté devant un juge au plus tard 7 jours suivant son arrestation.
Ce mardi 21 mai, l’affaire connaissait un nouveau rebondissement lorsque la haute Cour de Kigali refusait, la mise en détention de Vincent Habintwari et deux autres suspects poursuivis dans cette affaire, apprenait-on du journal umuryango.com. Cette décision a mis en colère la mère de la victime qui s’est rendue au domicile du procureur général Martin Ngoga, afin de lui demander comment « peuvent-ils laisser en liberté les assassins de son fils, alors qu’ils habitent même à côté de chez elle ? »
Elle reste jusqu’à présent dans l’attente d’un procès.
 

Les agressions de plus en plus nombreuses

L’agression mortelle de Jean Claude Safari n’est pas un fait isolé, en effet, il est régulièrement rapporté des cas d’agression commise par les milices « Inkeragutabara ». Le dernier cas en date est une agression d’un jeune garçon d’une quinzaine d’années à peine, datant du 04 avril dernier, à Rwazamenyo dans la région de Nyakabanda dans les bas lieux de Kigali. Le jeune garçon a été battu et laissé pour mort au milieu de la rue. Quand les habitants sont arrivés sur place pour voir ce qui se passait, les milices s’étaient volatilisées. Les habitants de la région ont reporté au média Ikazeiwacu leur ras-le-bol face aux nombreuses agressions perpétrées par les milices Inkeragutabara, au point que dans la région de Rwazamenyo, il est quasiment risqué de sortir la nuit.
A Nyarutarama dans la région de Kigali, on signalait une agression grave d’un habitant connu sous le nom de Kidamage, qui a été grièvement blessé et a été trouvé, gisant sur le sol, suite à son agression par les milices Inkeragutabara. Cette énième agression  dans le village (Umudugudu)  de Kibiraro dans la région de Nyarutarama, a poussé les responsables du village à demander à la population de se révolter publiquement contre les dérives des milices Inkeragutabara. Dans cette région, ces milices sont surnommées les « inkerakumarabantu » (les supers-exterminateurs).
 

Les milices soupçonnées d’être les auteurs des incendies de ces derniers jours

L'Usine Faprobe en feu le 14 février 2013, source: umuseke.com


Les milices Inkeragutabara sont également mises en cause dans des incendies inexpliqués qui ont été signalés un peu partout au Rwanda ces derniers jours. En effet dans la nuit du 20 mai dernier, un bâtiment servant de dortoir pour garçons de l’école secondaire de Ruhango( centre) a pris curieusement feu. Dans la même nuit, le New Bandal, un bar dans la région de Kicuriro à Kigali prit aussi mystérieusement feu. La veille (le 19mai), deux maisons de commerce dans la région de Nyamasheke (Ouest) furent consumées par le feu. D’autres incendies mystérieux ont été signalés peu avant, comme celui qui a touché le 14 février dernier, l’usine FAPROBE qui fabrique des produits en béton, à Kigali. Selon Veritasinfos.fr, un site d’information sur le Rwanda, le régime de Kigali se servirait des milices Inkeragutabara, pour incendier les biens appartenant aux personnes soupçonnées de critiquer le pouvoir. L’objectif serait selon Vertasinfos, d’appauvrir les personnalités détenant des affaires florissantes, et qui critiquent le pouvoir. Pour les sources policières rwandaises toutefois, « ces incendies seraient provoqués par les circuits électriques ».
 

A la tête de la milice, un général à la réputation barbouillée

Les milices « Inkeragutabara » sont dirigées par le général Fred Ibingira,  poursuivi par la justice espagnole pour avoir été « le responsable direct des massacres commis contre la population civile au Bugesera, Mayaga et Butare en 1994 ». Il est également pointé du doigt comme étant celui qui a dirigé et organisé le 22 avril 1995, les massacres de Kibeho qui ont provoqué plus de 8000 victimes. Le général Ibingira est connu aussi comme celui qui a dirigé l’escadron qui a assassiné sauvagement le 5 juin 1994 à Kabgayi (centre du Rwanda), plusieurs ecclésiastiques catholiques, dont trois évêques (Mgr Joseph Ruzindana, évêque de Byumba (Nord), Mgr Thaddée Nsengiyumva, évêque de Kabgayi (Centre), Mgr Vincent Nsengiyumva, archevêque de Kigali).
 
Jean Mitari
Jambonews.net
 
http://www.ireme.net/yahondaguwe-ninkeragutabara-ahuhurwa-nushinzwe-iperereza-bimuviramo-gupfa/
http://www.izuba-rirashe.com/m-596-umwe-mu-bapolisi-bakuru-ushinzwe-iperereza-arafunzwe.html
http://ikazeiwacu.unblog.fr/2013/04/04/rwandainkeragutabara-zikomeje-kugarika-ingogo/
http://ikazeiwacu.unblog.fr/2013/04/15/nyarutarama-inkeragutabara-zirashinjwa-urugomo-rukabije/
http://jambonews.net/actualites/20130409-assassinats-des-trois-eveques-en-1994-au-rwanda-lordre-venait-de-paul-kagame/
http://umuseke.com/uruganda-faprobe-rwadukiriwe-ninkongi-yumuriro/
http://www.veritasinfo.fr/article-rwanda-umutwe-w-abakomando-b-inkeragutabara-niwo-uri-gutwika-amazu-hirya-no-hino-mu-gihugu-117945707.html
 

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