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Cécile Kyenge, première femme noire ministre en Italie, et après ?

Cécile Kyenge, première femme noire ministre en Italie, et après ?

La nomination de Cécile Kyenge  comme première femme noire ministre dans un gouvernement italien n’a cessé de susciter un grand engouement non seulement au sein des communautés congolaises mais aussi africaines qui ont vu en elle un modèle de réussite et un motif de fierté de leurs origines. Certes, leur réjouissance est tout à fait légitime mais il est encore plus légitime de se demander en quoi cette nomination pourrait être bénéfique pour la République Démocratique du Congo et même pour toute l’Afrique.
Un parcours plus qu’exemplaire
A l’âge de 18 ans, Cécile Kyenge quitte la RDC où elle ne peut poursuivre ses études pour arriver en Italie. Elle y obtiendra un diplôme en médecine et en chirurgie  et se spécialisera  par après en ophtalmologie et exercera dans ce domaine.  En 2004, à l’âge de 40 ans, elle décide d’entrer en politique. Elle est élue tout d’abord conseillère municipale, ensuite conseillère provinciale en 2009 pour enfin  devenir en mars 2013, la première femme député noire au Parlement Italien. Elle ne siégera que quelque mois au sein de la chambre députés  et sera nommée ministre de l’intégration le 28 avril. Son fabuleux parcours a été néanmoins d’embuches.  Elle a dû lutter et batailler pour se faire accepter tout simplement parce qu’elle était femme  et parce qu’elle était noire.  Sa nomination  en tant que ministre n’a rien arrangé et elle continue à faire face à des propos sexistes et racistes provenant essentiellement des membres  de l’extrême droite italienne.
D’autres  « Cécile Kyenge »
Cécile Kyenge n’est pas la première personnalité d’origine congolaise à atteindre les hautes sphères politiques dans un pays autre que celui de son origine. Bien avant elle, Nyamko Sabuni a été la première femme noire d’origine congolaise à être ministre en Suède. Comme Cécile Kyenge, elle avait hérité du ministère de l’intégration. En Belgique où réside une forte communauté congolaise, plusieurs membres de cette diaspora ont eu à exercer pour la première fois des fonctions politiques dans leurs pays d’accueil : Bertin Mampaka, premier candidat noir à la Chambre des Représentants, il est aussi le premier noir à être élu  conseiller communal à la Ville de Bruxelles, il sera par après le premier noir échevin de la ville de Bruxelles. Joëlle Kampopole quant à elle, est la  première sénatrice  belge originaire d’un pays d’Afrique Subsaharienne. La première personnalité noire à exercer des fonctions au sein du gouvernement  fédéral belge est aussi originaire de la République Démocratique du Congo, il s’agit de Gisèle Mandaila, nommée secrétaire d’Etat  en charge de la Famille et des Handicapés en 2004.  Le jeudi 16 mai 2013, Mie Jeanne Nyanga Lumbala, originaire elle aussi de la RDC est devenue la première femme noire député fédérale en Belgique.
Une nomination teinte d’espoir
Tout comme l’élection de Barack Obama fut une raison de réjouissance pour certains kenyans, la nomination de Cécile Kyenge a été massivement bien saluée parmi les congolais, certains osant même imaginer qu’elle aurait un quelconque impact positif dans le devenir de la République Démocratique du Congo. Certes, on peut espérer, vu son attachement pour le Congo qu’elle visite presque chaque année, qu’avec son statut de ministre, Cécile Kyenge pourrait peser plus ou moins en faveur de la RDC dans certaines circonstances. Cependant, elle doit son ascension à sa compétence et pas qu’à son  origine et est appelée par les fonctions qu’elle exerce  désormais à servir tout d’abord les intérêts de sa seconde patrie.
Que gagne la RDC dans tout ça ?
Ce qui permet de reposer la question de la double nationalité. La nationalité congolaise est une et exclusive.  De facto un congolais qui prend une autre nationalité la perd  et n’est plus juridiquement citoyen de la République Démocratique du Congo.  Toutefois, il est drôle de constater qu’à chaque fois qu’un de ces originaires de la RDC, bien que n’étant plus congolais,  devient ministre, sportif ou artiste reconnu dans son pays d’adoption,  les congolais et les congolaises sont fiers de rappeler qu’il est enfant du Congo.C’est un signe qu’au-delà des lois juridiques, ce sont d’abord les liens culturels et familiaux qui passent en premier. Pourquoi ne pas alors ouvrir le droit à la double nationalité en République Démocratique du Congo ? Il est de notoriété public que beaucoup de « congolais » exerçant certaines fonctions en RDC jouissent illégalement de la double nationalité.  Permettre la double nationalité serait donc une manière de mettre fin à cette hypocrisie manifeste et serait même bénéfique pour le développement de la République Démocratique du Congo. En effet, ce pays a plus que besoin de tous ces enfants, congolais ou congolais d’origine. Il a encore plus besoin de tous ces cerveaux œuvrant aujourd’hui  pour la prospérité de leurs pays d’adoption.  En  les réintégrant par l’octroi de la double nationalité, le législateur congolais pourra les associer plus facilement au développement socio-économique et politique de la RDC.
Prince Djungu

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