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RDC : Mobutu – « Après moi le déluge ! »

RDC : Mobutu – « Après moi le déluge ! »
Photo : Mobutu

16 ans après la fin du règne du Maréchal Mobutu, président du Zaïre entre 1965 et 1997, la République démocratique du Congo n’a toujours pas chassé ses vieux démons politiques: instabilité politique, complot, démocratie dirigée, dictature,… Depuis lors, les signes indiens demeurent visibles dans le paysage politique congolais. Plus grave encore, la guerre ravage l’Est du pays et fait des millions de victimes.
Or à l’époque, Mobutu, fervent admirateur de Nicolas Machiavel, aurait déclaré : « Après moi, c’est le déluge ». Expression prêtée à Louis XV qui voulait faire savoir à ses partisans qu’il se moquait complètement de ce que pourrait faire son dauphin Louis XVI.

Photo : Mobutu


Depuis quelques années et au vu de la situation qui frappe le pays, de nombreux Congolais tentent de redorer l’image ternie de l’ex-dictateur du Zaïre, Mobutu Sese Seko Kuku Ngbendu Wa Zabanga. Pourrait-on alors parler de syndrome de Stockholm? Toutefois, il y a lieu de souligner que les événements politiques en cours en sont en grande partie les générateurs. Certains Congolais, nostalgiques du Zaïre prétendent qu’à l’époque de Mobutu tout allait bien. Ceux-ci considèrent que malgré quelques bavures, la situation sécuritaire était assurée de manière générale. À cela, il faut ajouter l’unité nationale. Par contre, d’autres, estiment que c’est Mobutu qui est à la base de la situation actuelle. Cependant, force est de constater, que les choses auraient pu changer dans la mesure où l’après Mobutu aurait dû être une occasion de résoudre certains maux qui minaient déjà les Congolais.De plus, selon des impressions recueillies au sein de la diaspora congolaise, la politique actuellement menée au Congo serait la même que celle menée sous Mobutu mais sous une autre forme.
Il est également intéressant de rappeler les circonstances du passage de témoin entre Mobutu et son successeur. C’était le samedi 17 mai 1997. Ce jour-là, tôt le matin, Kinshasa, une ville cosmopolite d’une dizaine de millions d’habitants jubilait à l’arrivée des Kadogo (enfants soldats) sous le commandement du chef rebelle Laurent Désiré Kabila. On pouvait observer, dans plusieurs communes, des scènes de liesse et les applaudissements des populations en l’honneur des nouveaux seigneurs de la ville. Sans vraiment se rendre compte de ce qu’il allait advenir, les Kinois visiblement portés par la réjouissance d’une guerre ratée, ont fêté toute la journée. Ainsi, l’apocalypse tant attendue et annoncée par Mobutu n’avait pas eu lieu. Plus de peur que de mal, Kinshasa est tombé très facilement et sans résistance de la Division Spéciale Présidentielle (DSP), les hommes de Mobutu.
Entre-temps, le Maréchal Mobutu, qui avait quitté le pays le 16 mai, s’était exilé à Rabat au Maroc où il mourut le 7 septembre de la même année. L’Homme qui ne se voyait pas mourir en exil sera enterré loin de sa patrie. Mobutu qui aimait se faire appeler « Sese Seko KukuNgbwendu Wa Zabanga (le coq qui chante victoire le roi lion va de conquêtes en conquêtes sans que l’on puisse l’arrêter) » était donc mortel comme tous les autres.
Les Kinois rendaient désormais hommages aux libérateurs …Maispour combien de temps ? Ils allaient vite déchanter. En effet,l’après allait ressemblerà l’avant. Par ailleurs, si la prise de Kinshasa par la coalition burundo-rwando-ougandaise sous la houlette de l’AFDL marquait la fin de l’ère mobutienne, elle marquait aussi le début d’un long conflit armé qui coûtera la vie à des millions des victimes et de nombreuses populations civiles payeront un lourd tribut. En 1998, Laurent Désiré Kabila qui s’était autoproclamé président un an plus tôt, décide de se séparer de ses alliés burundais, rwandais et ougandais. Cette situation d’antagonisme mettra le pays à feu et à sang jusqu’à l’assassinat de Kabila en janvier 2001.
Arrivé au pouvoir à la suite de l’assassinat mystérieux de son père, Joseph Kabila Kabange était porteur d’un grand espoir pour l’avenir du Congo. Tous les regards furent braqués sur ce jeune politicien, à priori, sans expérience. Toutefois, en dépit des efforts déployés par Kabila Fils pour la réconciliation nationale : l’accord de paix de Sun City qui a abouti à la transition politique (2003-2006) autrement appelé,le schéma « 1+4 », ainsi que la tenue des élections (2006 et 2011), la situation sécuritaire ne s’est pas améliorée à l’Est du Congo. En effet, cette partie du pays est restée un véritable foyer de conflits. Joseph Kabila n’a guère endossé le costume de chef d’une nation frappée par les conflits armés. De Jules Mutebusi en passant par Laurent NkundaBatware Mihigo, Bosco Ntaganda, Sultani Makenga et plus récemment le M23, la tragédie incessante des guerres congolaises a vu de nombreux personnages se succéder sur scène et cela sous un regard passif des autorités congolaises incapables de restaurer la paix et la sécurité sur le territoire.
Aujourd’hui, 16 ans plus tard, les viols de femmes persistent, à l’Est, les civils continuent à mourir et, par milliers, des paysans continuent à quitter leurs domiciles pour fuir les affrontements. Le Zaïre a été libéré d’une dictature, pour être plongé dans un enfer.
Mathy Mati
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