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Rwanda : la journaliste Saidat Mukakibibi sort de prison après avoir purgé sa peine

Rwanda : la journaliste Saidat Mukakibibi sort de prison après avoir purgé sa peine
Saidath Mukakibibi en compagnie d’Agnès Uwimana source: rnw.nl

Emprisonnée depuis le mois de juillet 2010, Saidat Mukakibibi journaliste du bimensuel indépendant Umurabyo a été libérée ce 25 juin, au terme de sa peine de trois ans de prison ferme, à laquelle elle avait été condamnée en appel.

Saidath Mukakibibi et Agnès Uwimana

Saidath Mukakibibi en compagnie d'Agnès Uwimana source: rnw.nl


La journaliste Saidat Mukakibibi du bimensuel indépendant Umurabyo publié à Kigali, tout comme sa consœur Agnès Uwimana Nkusi, directrice de ce bimensuel, croupissaient en prison depuis le 8 juillet 2010, date à laquelle elles ont été arrêtées. Condamnée en première instance en février 2011 à 7ans de prison,  la peine de Saidat Mukakibibi avait été réduite à trois ans en appel en janvier 2012. Cette dernière a été mise en liberté ce mardi le 25 juin, après avoir purgé la totalité de sa peine. Cependant, sa consœur Uwimana Nkusi, condamnée à dix-sept ans de prison, puis à quatre ans en appel, reste en prison, et devrait clore sa peine mi 2014.
Accusées d’ « atteinte à la sureté de l’Etat, négationnisme, divisionnisme, diffamation du président Kagame» »,  la condamnation des deux journalistes à des peines aussi lourdes (surtout en 1ére instance) avait provoqué l’indignation de plusieurs organisations de défense des droits de l’homme et de la liberté d’expression, dont Reporters Sans Frontière (RSF), Amnesty International (AI) et le Comité de protection des journalistes (CPJ).  Le général Paul Kagame, l’homme fort du Rwanda, toujours biens placé sur la liste des prédateurs de liberté de la presse de RSF, avait lui-même déclaré dans une interview accordée  à un journal  ougandais le 10 novembre 2011 que, 17 ans de prison pour diffamation était trop « disproportionné et négatif pour l’image du pays ».
Reporters sans Frontières s’était dit« choquée par l’entêtement et la cruauté de la justice rwandaise » après la condamnation des deux journalistes en février 2011. Les deux femmes injustement malmenées par la justice rwandaise, sont devenues le symbole de l’escalade de répression qui s’abat sur les journalistes indépendants dans ce pays, où de nombreuses critiques n’hésitent pas à affirmer que, y exercer le métier de journaliste libre « équivaut à un suicide ».
S’estimant avoir été injustement condamnées car exerçant leur profession de journaliste, et jugeant que cette condamnation était purement et simplement politique, Saidath Mukakibibi et Agnès Nkusi avaient saisi en octobre 2012, la Cour africaine des droits de l’Homme et des peuples.
Au Rwanda, plusieurs journalistes restent en détention, accusés principalement de propager l’idéologie génocidaire ou tout simplement pour avoir été critique envers le régime. Nous pouvons citer par exemple la condamnation de Gatera Stanley en novembre 2012 à un an de prison, accusé de « dévaloriser le sexe féminin » et « semer la division entre hommes et femmes ». l’incarcération du journaliste Idriss Gasana Byiringiro qui a été écroué puis libéré sous caution le 31 juillet 2012 pour avoir osé dénoncer son kidnapping, la détention de  Habarugira Epaphrodite, de la radio communautaire Huguka, qui a été emprisonné trois mois puis relaxé pour un lapsus qu’il a commis en présentant l’information.
A ces emprisonnements nous pouvons également ajouter les agressions contre les hommes de médias, comme celle subi par Tuyishime Annonciata, une journaliste de Flash FM, qui en juin2012 a été « battue jusqu’à perdre connaissance par des personnels de police et de la sécurité devant le Parlement, après que ceux-ci l’aient accusé d’avoir tenté de s’introduire dans une session d’une commission parlementaire sans autorisation ». L’assassinat de Jean Leonard Rugambage, le rédacteur en chef d’Umuvugizi, qui a été abattu par balle à Kigali en juin 2010 est un autre cas que l’on peut mentionner.
Même à l’extérieur des frontières rwandaises, les journalistes qui continuent d’exercer leur métier ne sont pas épargnés. Ainsi, le journaliste Charles Ingabire fût sauvagement abattu par balles le 30 novembre 2011 dans la capitale ougandaise Kampala,  où il avait trouvé refuge. Exilé en Suède depuis plusieurs années, le journaliste Bosco Gasasira a dû se cacher pendant plus d’un mois sous la protection policière suédoise pour échapper à une menace imminente qui pesait sur sa vie.
 
Jean Mitari
Jambonews.net

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