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Les USA condamnent le déroulement des élections législatives rwandaises de septembre 2013

Les USA condamnent le déroulement des élections législatives rwandaises de septembre 2013

La mission d’observation de l’ambassade des États-Unis au Rwanda a rendu son rapport à la chambre des députés concernant les élections législatives rwandaises qui ont eu lieu du 16 au 17 septembre 2013. La note met en exergue les irrégularités, les intimidations et le manque de transparence du régime rwandais lors de ces élections, affirmant même que cela a pu porter atteinte à l’intégrité du vote.

amatora

Source : bbc.co.uk

Comme à l’accoutumée lors des différentes élections dans de nombreux pays africains, des observateurs internationaux sont dépêchés pour superviser la phase préélectorale, le scrutin et l’ensemble du processus électoral. Ils évaluent le déroulement des élections et, au besoin, font des recommandations pour le renforcement futur du cadre électoral. C’est ainsi que l’ambassade des USA a envoyé des équipes d’observateurs, accrédités par la National Election Commission rwandaise, dans les quatre provinces du pays. Les conclusions sont sans appel.

Irrégularités et potentielle atteinte à l’intégrité du vote

Ces équipes ont noté que si les élections se sont déroulées dans le calme et étaient bien organisées, il y avait des irrégularités et des sujets de préoccupation qui « peuvent porter atteinte à l’intégrité du vote ». Il s’agit notamment de « la présence  des autorités locales et de sécurité dans les salles de vote, les votes multiples et le remplissage de bulletins par les agents électoraux locaux en l’absence des électeurs ».

Si la campagne électorale s’est déroulée dans un calme apparent, sans effervescence médiatique ni populaire, les attaques à la grenade qui ont précédé une nouvelle fois de quelques jours le scrutin ont accru la pression sur les membres de l’opposition et sur les électeurs. Certains responsables politiques du PS-Imberakuri ont tout de même dénoncé les intimidations dont a été victime la population notamment à l’Est du pays.

De plus, le communiqué de l’ambassade US affirme que les agents électoraux rwandais, une fois le décompte des votes entamé, ont refusé aux observateurs américains la possibilité d’accéder aux bureaux de vote, aux bureaux de districts et aux centres de dépouillement national. Ils déplorent donc ne pas avoir pu faire leur travail correctement étant dans l’impossibilité de vérifier la concordance des résultats dans les bureaux de vote locaux avec les districts et les résultats au niveau national.

Une condamnation de plus

Les autorités américaines ne sont pas les seules à avoir critiqué ces élections législatives. En effet Carine Tertsakian de Human Rights Watch avait affirmé que « parmi les divers partis en lice, aucun n’est un parti d’opposition dans le vrai sens du terme, du fait qu’ils ne critiquent pas le FPR et sa politique ». En effet sur les 11 partis politiques reconnus par le Rwandan Gouvernance Board, seuls 4 ont présenté des listes aux élections. Outre le FPR, immense vainqueur du scrutin, le PL, PSD et le PS concouraient aussi. Pour les deux premiers cités, les observateurs et analystes reconnaissent aisément que ces deux partis, alliés gouvernementaux du FPR, sont en fait des formations-satellites servant de faire-valoir au FPR. Le quatrième et dernier parti en lice était le PS-Imberakuri, dont le président, Bernard Ntaganda, opposant notoire au régime, est incarcéré depuis 2010. Ce parti miné par des divisions et dissensions internes s’est fendu en deux branches distinctes. Seule la branche dissidente menée par Christine Mukabunani et soupçonnée de connivence avec le régime a pu présenter sa liste. Les autres partis marquant une réelle opposition n’ont soit pas pu être enregistrés (FDU-Inkingi et PDP-Imanzi) soit l’ont été trop tard (Democratic Green Party).

Le communiqué a tenu à conclure son propos sans équivoque en ces termes « Dans des élections libres, justes et transparentes, les candidats, les partis politiques, les organisations de la société civile et les observateurs ont pleinement accès au processus électoral. Cet accès est également essentiel afin de veiller à ce que la volonté du peuple puisse être entendue. » Ces élections pèseront sans doute un peu plus dans la balance de la communauté internationale qui est de plus en plus critique vis-à-vis du Rwanda de Paul Kagame, largement accusé d’avoir soutenu voire d’avoir mené dans l’ombre, la rébellion du M23 qui a semé la terreur dans le Nord-Kivu, en République démocratique du Congo voisine. Les USA, allié historique du régime de Kagame, se montrent de moins en moins conciliants avec celui-ci. Outre des accusations de soutiens au M23, les sanctions financières et le rapprochement avec la Tanzanie dont les relations avec le Rwanda sont tendues depuis mai dernier, c’est un nouveau revers qu’essuie le régime de Kagame de la part de son (ancien ?) plus fidèle soutien.

Norman ISHIMWE

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