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RD Congo : Cinq ans après, Uvira a enfin son évêque

RD Congo : Cinq ans après, Uvira a enfin son évêque

Uvira* est l’un des quatre diocèses  suffragants de l’archidiocèse de Bukavu. Après 5 ans de vacance du siège, ce diocèse de l’Est de la RDC vient enfin d’avoir un nouvel évêque en la personne de Monseigneur Sébastien Muyengo Mulombe.  De passage en Belgique avant son installation survenue le 8 décembre dernier, l’ancien évêque auxiliaire de Kinshasa avait bien voulu nous parler de sa vision et des défis de sa nouvelle fonction épiscopale.
 
Mgr-MuyengoJambonews : Vous venez d’être transféré au diocèse d’Uvira, qu’est-ce qui explique votre présence ici en Belgique ?
Monseigneur Sébastien Muyengo Mulombe : J’ai voulu avant d’aller à Uvira rencontrer les prêtres et les fidèles de ce diocèse qui sont à l’extérieur du pays. Grâce à ces rencontres,  je peux d’une certaine manière m’imprégner de la situation que vit ce diocèse avant de m’y installer.  Ma volonté est  de travailler sur la cohésion entre le clergé et la communauté du diocèse d’Uvira  où qu’ils se trouvent.
Quels sont vos défis vu tous les espoirs inscrits en vous ?
Je serai l’évêque de tout le monde.Mon plus grand défi est la cohésion: cohésion dans le clergé, cohésion des différentes communautés. Derrière un prêtre il y a une communauté, si les prêtres s’entendent, les communautés qui sont derrières eux vont s’entendre. Chez nous, l’Eglise, les prêtres jouent un rôle important.  Si les prêtres du diocèse d’Uvira s’entendent, cela peut avoir une conséquence positive dans cette partie du pays qui a connu la guerre et qui espère actuellement connaitre la paix. Cette entente du clergé peut, selon moi, même pousser les seigneurs de guerre qui sévissent dans la région à déposer les armes. Sans paix, on ne peut rien faire.
Ce diocèse est resté 5 ans sans évêque  et cette région a été, comme vous le dites, dévastée par des guerres et des conflits, pensez-vous que vous arriverez à vous faire entendre ?
A ma nomination comme évêque d’Uvira, j’ai écrit une lettre pastorale aux prêtres et aux fidèles qui a été bien accueillie. Elle s’intitulait « Ayons confiance, faisons-nous confiance ». A Kinshasa, j’avais aussi réuni l’élite de l’espace diocésain d’Uvira. J’avais autour de moi non seulement des catholiques mais aussi des représentants d’autres communautés religieuses. Me faire entendre ? Je crois que oui. A travers cette rencontre et suite à ma lettre pastorale, j’ai compris que la présence d’un évêque était plus qu’importante dans cette région. Uvira a beaucoup  d’atouts: il est situé à 15 km d’une capitale, Bujumbura ; le port, celui de Kalundu est le deuxième port important de toute la RDC après Matadi. Je ne travaillerai pas seul. Je compte  sur l’apport de tous : celui des évêques du Kivu et même de toute la RDC et pourquoi pas de ceux de nos pays voisins.
L’Eglise a-t-elle une part de responsabilité dans la situation qu’a vécue et vit encore cette partie de la RDC ?
J’assume l’histoire mais je ne veux pas juger les personnes. L’important  aujourd’hui n’est pas de rester seulement braqué sur le passé mais plutôt de regarder vers l’avant pour construire un présent et un avenir meilleurs.
Quelles sont les actions que vous comptez faire et entreprendre comme évêque d’Uvira ?
Comme je l’ai dit, ma première préoccupation est la cohésion du clergé et des communautés. Tout en dépend. En plus de cela, je voudraisme battre pour  le développement de cette contrée et m’impliquer pour l’instauration de la paix, d’une vraie paix. Il n’y a pas de paix sans développement, Il n’y a pas de développement sans paix. L’éducation me semble aussi un point important. Un enfant non scolarisé est une bombe à retardement. Certains enfants- soldats- quand ce n’est pas la force qui les y a contraints-, le sont parce qu’ils n’ont pas pu aller à l’école. Dans cette tâche, la diaspora peut nous aider, en prenant en charge par exemple l’instruction de quelques enfants.  Je sais que mon arrivé suscite beaucoup d’espoirs. Capitalisons-les !
Propos recueillis par Prince Djungu
*Le diocèse d’Uvira doit son nom à la ville d’Uvira, seconde ville de la province du Sud-Kivu après Bukavu. Sa population est repartie  entre tribus d’expressions rwandaises et burundaises (appelés Banyamulenge) et les tribus Bashi,  Barega, Babembe, Bazimba, Bavira et Bafulero. Longtemps, le Vatican a tardé à nommer un évêque dans ce grand diocèse. Des langues attribuent ce retard aux interminables incompréhensions  entre les religieux  et les prêtres séculiers œuvrant dans ce diocèse. Certains voulaient un  évêque  muvira, ou mufulero, d’autres un  mubembe  ou un mulega, d’autres encore proposaient un évêque  non originaire du Kivu.  En choisissant Mgr Muyengo comme évêque du diocèse d’Uvira, le Saint-Siège semble avoir trouvé la formule intermédiaire : ce dernier est  issu de l’archidiocèse de Kinshasa et est originaire de la Province du Sud-Kivu.
Prince Djungu
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