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Rwanda: Joël Mutabazi face aux réalités de la justice rwandaise

Rwanda: Joël Mutabazi face aux réalités de la justice rwandaise

Déporté dans des conditions mystérieuses de l’Ouganda où il bénéficiait d’un statut de réfugié vers le  Rwanda, l’ancien garde du corps de Paul Kagame, Joël Mutabazi fait face à la justice rwandaise depuis l’ouverture de son procès le 28 janvier 2014. Conscient du fonctionnement des juridictions de son pays, c’est en homme qui n’a rien à perdre qu’il s’est présenté devant la Haute cour militaire, lui et 12 de ses coaccusés. L’homme rejette les accusations retenues contre lui et déclare ne pas vouloir collaborer avec la Cour.   
Image Mutabazi tribunalAccusé notamment de terrorisme, de désertion et de complot en vue d’attenter à la vie d’un chef de l’Etat, l’ancien garde rapproché du président Paul Kagame a comparu devant la Haute cour militaire de Kigali diminué et se présentant comme un homme n’ayant rien à attendre de la justice rwandaise.
«Si vous voulez, tuez-moi», a-t-il ainsi répondu avec colère à toutes les questions de ses juges depuis la reprise de son procès la semaine dernière, rapporte Foreign Policy Journal. En effet, l’homme refuse de répondre aux questions des juges. «Même si je dois être tué, je ne dirai rien », a déclaré Mutabazi, qui s’est contenté de dénoncer les conditions de son extradition. En effet, l’homme n’a eu de cesse de rejeter la légitimité de la Cour à le juger, assurant qu’il avait été « kidnappé » en Ouganda, alors qu’il bénéficiait d’un statut de réfugié, rapporte RFI.
« Je ne veux pas dire quoi que ce soit tout au long de ce procès, je suis venu ici pour dire à ma famille que quel que soit ce qui m’arrivera à l’avenir, ma position sur les charges reste la même: Je suis  coupable d’aucune de leurs accusations, et je ne veux pas me défendre contre eux », a lancé le Lieutenant Mutabazi à la Cour le 28 janvier dernier.

Mutabazi aurait subi des mauvais traitements durant sa détention

Amnesty International, Human Rights Watch et le Comité international de la Croix-Rouge ont annoncé n’avoir pas été autorisés à avoir accès à Mutabazi durant sa détention, leurs demandes répétées n’ont pas reçues de suite, d’où les soupçons d’un traitement inhumain. Sa femme et ses partisans soutiennent que Mutabazi a été battu et gardé dans des conditions inhumaines, il resterait selon eux, 24 heures sur 24 dans une cellule sombre, les mains et les pieds liés et dormirait à même le sol.
«Il est comme un squelette», a ainsi déclaré sa femme Gloria Kayitesi dans une interview, en commentant des photos du détenu circulant sur Internet.
Parmi douze de ses co-accusés de terrorisme et d’autres infractions par le tribunal militaire, trois sont des membres de sa famille, parmi eux,  son jeune frère enlevé en même temps que lui en Ouganda.
Jean Marie Micombero, un ancien officier rwandais qui a été jugé par le tribunal militaire entre 1998 et 2006, et qui vit aujourd’hui en exil en Belgique, explique la façon dont le système judicaire rwandais fonctionne.
«Quand il y a un enlèvement par la Direction du renseignement militaire ou des services de sécurité externes, ils essaient de travailler sur vous psychologiquement. Si vous êtes prêt à donner l’information qu’ils veulent, ils ne vous torturent pas. Ils appellent la police judiciaire, vous faites l’aveu et vous échappez à la torture. Mais si vous refusez de collaborer, c’est ce que je crois est arrivé dans le cas de Mutabazi initialement, ils vous torturent jusqu’à un point de rupture physique et psychologique », explique Major Micombero, cité par Foreign Policy Journal.
Mutabazi se heurterait à l’un des trois scénarios affreux d’après Major Micombero « la prison à vie sans possibilité de libération conditionnelle, l’empoisonnement ou être abattu ».
« Il ne peut pas être acquitté. Il ne peut bénéficier des circonstances atténuantes. Au Rwanda, la justice militaire est sous la juridiction du ministère de la défense, pas de la Cour suprême. Il ne peut y avoir de décision qui va à l’encontre des Forces de défense rwandaises », continue-il.
Face au silence de cet ancien de la garde rapprochée de Paul Kagame et d’un se ses coaccusés (Joseph Nshimiyimana), la Cour militaire a décidé de reporter le procès au 13 mai prochain, afin de « leur permettre de réfléchir à leur stratégie de défense ».
Jean Mitari
Jambonews.net
 
 

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