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« Courir ou mourir » : « SOS-Refugies » a l’assaut du Marathon de Bruxelles

« Courir ou mourir » : « SOS-Refugies » a l’assaut du Marathon de Bruxelles

Environ 14000 coureurs issus de 40 pays différents participeront ce dimanche 4 octobre 2015 au Belfius Brussels Marathon. Parmi eux, vêtus de t-shirts blancs portant la mention « courir ou mourir », 64 coureurs dont 20 enfants participeront aux différentes courses organisées avec l´objectif bien particulier de sensibiliser à la problématique des réfugiés à l’heure où l’Europe vit la crise de l’afflux des exilés sur son territoire.
Refugees from Darfur run for shelter during a dust storm at Djabal camp in eastern ChadCette action est organisée par « SOS réfugiés », une plateforme créée en décembre 2014 réunissant sept associations membres de la société civile rwandaise de Belgique et qui s’est donné pour mission de soutenir les réfugiés et déplacés de guerre vivant en République démocratique du Congo.
En effet à partir d’octobre 1996, les camps de réfugiés rwandais et burundais qui se trouvaient à l’Est de la RDC furent attaqués par l’armée rwandaise et détruits. Plus de trois quarts de plus de deux millions de réfugiés prirent alors la route et s’enfoncèrent dans les forêts denses de la RDC. Les conditions de vie inhumaines dans lesquelles ils vécurent ainsi que les milliers de kilomètres qu’ils marchèrent, eurent raison des plus faibles. Mais certains échappèrent à la mort et regagnèrent les pays voisins, tandis que d’autres errent toujours dans les forêts de la RDC en attendant une solution à la problématique d’instabilité dans la région des Grands-Lacs.

« J’ai été contraint de marcher 3000 km en 7 mois »

Jean-Valery Turatsinze qui s’apprête à courir les 42km195 du marathon de Bruxelles se souvient du parcours qu’il a effectué en tant que réfugié. Il a parcouru 3,000 km à pied en 7 mois de Bukavu au Congo Brazzaville. « Nous devions parfois marcher plus de 42 km par jour durant plusieurs jours d’affilés dans des conditions impitoyables». De cette période, il garde des souvenirs « assez durs, car beaucoup d’horreurs se sont passées. »

Réfugiés rwandais fuyant les camps dévastés en 1996 (Credit: BBC)

Réfugiés rwandais fuyant les camps dévastés en 1996 (Credit: BBC)


Pour lui, participer à ce marathon est une manière «de rendre hommage à tous ceux qui sont obligés de tout quitter pour sauver leur vie et une façon de commémorer ceux d’entre eux qui trouvent la mort sur leur chemin vers la quête d’un avenir meilleur. Généralement ceux-là sont les oubliés de l’histoire car ce sont des « anonymes » et très peu de gens se préoccupent de leur sort. » Jean-Valery Turatsinze pense en particulier « aux plus de 250000 réfugiés rwandais morts massacrés en RDC dont je suis un survivant. ». Et il estime qu’il est particulièrement important « de nous souvenir d’eux, de les commémorer» tout en rappelant que ces personnes sont obligées « chaque jour de courir, de marcher parfois plus de la distance du marathon pendant plusieurs jours, semaines voire des mois. »
Pour Marie-Odile Falque, une des organisatrices de l’événement, la date du 1er octobre n’a pas été choisie au hasard par la plateforme pour organiser l’événement. Elle a tout d’abord une symbolique historique car « Il y a 25 ans jour pour jour, le 1er octobre 1990, le FPR attaquait le Rwanda, c’est le point de départ de cette guerre dont les conséquences se font encore sentir aujourd’hui. » Elle revêt ensuite une portée commémorative : « c’est en octobre 1996 que les massacres de réfugiés en RDC par l’armée rwandaise dirigée par Paul Kagame, l’actuel président du Rwanda, ont commencé. » Participer à ce marathon, nous confie Marie Odile, est « une manière pour la Plateforme de rendre hommage aux réfugiés massacrés et à ceux qui sont morts sur le chemin de l’exil. »
Enfin, coïncidence ou non du calendrier, c’est le 1er octobre 2010 que le Haut-Commissariat aux droits de l’homme de l’ONU publiait son rapport « Mapping ». « Ce rapport fut la première reconnaissance officielle internationale des souffrances vécues par les réfugiés et par les citoyens congolais depuis deux décennies, mais depuis sa publication, le monde avance comme si cette tragédie n’avait jamais existé et n’existait pas. » Pour Marie Odile Falque, « il faut que nous nous mobilisions pour obtenir justice afin de comprendre ce qui s’est passé, traiter le problème en profondeur et pouvoir ainsi bâtir un avenir stable dans la Région ».
Enfin, par cette action, conclut Marie Odile Falque, c’est un message humanitaire que la Plateforme souhaite véhiculer notamment auprès des citoyens rwandais. « En 2015, notamment en RDC, des réfugiés rwandais vivent encore dans des camps de fortune, souvent livrés à eux-mêmes, plus que jamais ils ont besoin de nous, mobilisons-nous. »
Ruhumuza Mbonyumutwa
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