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Ne soyons pas prisonnières de nos blessures, retrouvons la volonté d’atteindre la plénitude de la vie

Ne soyons pas prisonnières de nos blessures, retrouvons la volonté d’atteindre la plénitude de la vie

Le 07 avril est la « Journée Internationale de Réflexion sur le Génocide de 1994 contre les Tutsis au Rwanda ». Ce jour marque également le début de la période de commémoration pour ce même Génocide au Rwanda et dans beaucoup d’autres pays. Après 24 ans, les rescapés du génocide Tutsis rencontrent plusieurs obstacles pour se reconstruire et recréer une vie sereine. Parmi ces obstacles, il y a la rancœur, la négation de leur souffrance, une justice insatisfaisante, l’exposition non voulue des leurs dans des mémoriaux, des vérités incomplètes et politisées de leur histoire et bien d’autres.   

Angélique Rutayisire est une rescapée du Génocide perpétré contre les Tutsi qui s’est délivrée de ses chagrins, de ses rancœurs et de ces blessures qui la maintenait dans un monde sombre et sans espoir. Elle nous le témoigne au travers son livre qu’elle a sorti en 2017, « D’un Cœur Chagriné à une Plénitude de joie ». Elle a présenté son livre le 31 mars 2018 lors d’une conférence débat organisée par l’ASBL RGTH.

Elle nous invite à travers ce livre et son témoignage, à nous défaire de nos bagages chargés d’émotions, de noirceurs, pour une vie de joie, une libération des souffrances de ce monde.

Sa vie a pourtant consisté en une série de tragédies, la mort de sa famille dans le génocide contre les Tutsis, celle de son mari, ses problèmes de santé… En mars 2013, à la mort de son mari, elle se retrouva seule sans famille, accablée de chagrin et de désespoir. C’est pourtant à travers ces épreuves insoutenables, qu’elle pourra passer d’un cœur chagriné et atteindre la plénitude de joie.

Née à Ngoma dans la ville de Butare dans une famille modeste, Angélique Ingabire Rutayisire y fit ses études primaires, et continuant les études secondaires à Nyanza. Sa vie comme celles des millions de rwandais bascula en avril 1994. Vers la fin du mois d’avril, les menaces contre sa famille tutsi se précisent, ils fuirent alors chez des voisins hutus.  Les familles hutus qui cachèrent les membres de sa famille ne les gardèrent pas longtemps, soit parce que l’information arrivait aux tueurs, soit parce que les familles hutus craignirent les représailles des tueurs et les chassèrent de chez eux. Sa famille se dispersèrent dans cette fuite. Le 25 Avril, Angélique perdit en même temps sa mère, sa sœur et un de ses frères, l’autre frère est porté disparu jusqu’à aujourd’hui.

Son père et elle-même sont les seuls de la famille à avoir survécus à ces massacres, ils ont pu trouver refuge chez des âmes charitables. Pourtant la vie lui réservait encore d’autres lots de souffrance, quatre ans plus tard, son père, son unique attache familiale, mourut de maladie. Elle trouva de l’espoir dans la rencontre et la relation avec son mari qui devint tout pour elle, au point qu’elle ne voyait pas à quoi pourrait servir la vie sans lui. Pourtant en 2013, la maladie emporta son mari, laissant Angélique seule telle une bouteille à la mer.

Sans espoir, rongée par les émotions les plus sombres et le désespoir, elle se sentit au bord du gouffre. La seule chose alors qui la retint alors à la vie fut une intense aspiration à demander au divin d’intervenir pour lui guérir de ces rancœurs et de ces douleurs car cela était pour elle au-dessus de ses capacités. Il en allait de sa survie, et elle mit tant de ferveur à s’abandonner à cette force que très rapidement, Angélique atteignit un niveau d’éveil lui permettant de surpasser la souffrance et d’embrasser une joie qu’elle n’avait jamais connue même dans ses jours heureux, de vivre une paix profonde à la place des pleurs et des lamentations, et d’accéder au pardon du cœur. Sa transformation physique et mentale fut radicale.

Angélique nous témoigne de sa vision du monde pour mieux appréhender la vie, elle nous dit que toute situation aussi dure soit elle, n’arrive pas par hasard. Et qu’elle porte en elle un enseignement personnalisé, une possibilité de s’élever et de se libérer de la souffrance de ce monde. Elle invite l’humanité à réviser leur vision sur la vie, particulièrement dans les situations difficiles qu’ils traversent. Et invite particulièrement les rwandais, à faire le choix de ne pas être prisonnier du passé, de ne pas vivre à travers leurs blessures, de laisser place à l’ouverture vers l’autre, de lâcher prise sur le passé et de vivre pleinement le présent pour construire le futur.

Nous sommes nombreux à estimer difficile, voire impossible, de dépasser les blessures de notre histoire. Cette difficulté réelle ou supposé empêche beaucoup de personnes à faire le pas en vue de se délivrer de ses souffrances. Mais quelle force, quel effort faut-il pour un rescapé du génocide, de dépasser la souffrance, la détresse et le désespoir d’avoir perdu les tiens tant aimé ? Ne dit-on pas que la prison la plus dure à s’échapper est son propre esprit ?

TURINIMANA GATSINZI Egide
MUGABOWINDEKWE Robert
www.jambonews.net

Kmp legitimité ( belgique, France)
Angélique Rutayisire : Ne soyons pas prisonnières de nos blessures, retrouvons la volonté d’atteindre la plénitude de la vie.

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