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Rwanda-Belgique : affaire Bwayihuku, simple fait divers?

Rwanda-Belgique : affaire Bwayihuku, simple fait divers?

Ce jeudi 04 août 2011, aux alentours de 20h30, une personne d’origine rwandaise a sorti son arme en direction de Mathias Bwayihuku secrétaire du RNC section Belgique, un parti d’opposition au régime de Kigali, comme nous l’écrivions dans une brève parue le lendemain.
Mathias Bwayihuku a, selon ses dires, réussi à s’enfuir, avant que l’auteur n’aie eu l’opportunité de tirer.

Matonge

Matonge


L’authenticité des faits nous a été confirmée par plusieurs sources concordantes, dont des proches de l’auteur présumé des faits que nous avons pu identifier grâce à la description donnée par la victime.
La nouvelle s’est répandue comme une trainée de poudres au sein de la communauté rwandaise de Belgique en raison principalement d’un climat de crainte générale qui règne au sein des opposants au régime, climat qui s’est récemment accentué lorsque la police britannique a averti deux critiques du régime de Kigali, René Claudel Mugenzi et Jonathan Musonera que le gouvernement rwandais posait une menace imminente d’atteinte à leur vie.
La police belge prend très au sérieux les menaces contre les opposants en Belgique, comme en témoigne l’important dispositif policier déployé dimanche dernier lors de la réunion RNC-FDU pour laquelle plusieurs dizaines de policiers et des fourgonnettes avaient été dépêchés, dispositif très couteux qui ne peut en toute logique être mis en place sur base de simples rumeurs vagues.
Dans un tel climat, la question qui était présente sur toutes les lèvres était dès lors de savoir si cette affaire était un simple fait divers ou un acte commandité par Kigali et visant un de ses opposants comme l’écrivait le journal Umuvugizi.
Au lendemain de son agression, Mathias Bwayihuku exprimait pour sa part une totale incompréhension par rapport au mobile qui a animé l’auteur car n’ayant aucun litige avec ce dernier et ne voyant donc « aucune raison qui pourrait justifier un tel acte de sa part » qui « semblait prémédité ».
Il dit avoir un moment songé  au mobile politique car d’après Mathias Bwayihuku, deux rwandais auraient déclaré à son collègue durant la semaine qu’ils allaient l’abattre « à cause de leur affaire de partis politiques. »
Plusieurs sources affirment par ailleurs que l’auteur qui se prénomme David fait partie d’un groupe de jeunes au service du régime et ayant des réunions régulières avec Joseph Uwamungu, le chargé des renseignements à l’ambassade du Rwanda en Belgique et ce groupe serait chargé de remplir différentes missions principalement liées à la récolte d’informations au sujet des opposants ou supposés opposants au régime de Kigali.
C’est de ce groupe que serait notamment issu Pascal kanyandekwe, le citoyen rwandais qui vivait en Belgique actuellement incarcéré en Afrique du Sud et soupçonné par la justice sud-africaine, d’être l’un des auteurs de la tentative d’assassinat contre Kayumba Nyamwasa.
Joint par téléphone, Joseph Uwamungu, n’a pas souhaité répondre à nos questions nous privant de la possibilité d’avoir la version de l’ambassade sur cette affaire ainsi que sur les éventuels liens qu’il entretiendrait avec l’auteur des faits.
Au lendemain de l’interview accordée à Jambonews, Mathias Bwayihuku est pour sa part revenu sur une partie de ses déclarations auprès de Radio Rwanda « Les informations obtenues auprès de mes sources  et  des membres de la famille de mon agresseur indiquent qu’il n’existe aucun lien entre lui et l’ambassade du Rwanda en Belgique. ». Il termine en affirmant disposer d’autres informations selon lesquelles « cette agression est un acte isolé commis par une personne ivre ».
L’auteur présumé est un jeune belge d’origine rwandaise. En 1994, alors âgé de 13 ans, il fût recruté par l’Armée Patriotique Rwandaise (Branche armée du FPR) au sein de laquelle il  devient un « Kadogo » (enfant soldat de l’APR). En 1998, il a déserté l’armée pour venir se réfugier en Belgique où il habite depuis lors.
Selon des proches de  l’auteur,  le comportement adopté à l’égard de Mathias Bwayihuku est plausible car ce dernier adopte parfois des comportements violents en raison du traumatisme lié aux atrocités  contre des populations civiles auxquelles il a assisté et dont il parle assez librement en privé.
Le même jour dans l’après midi, il avait été aperçu dans un bar à Matonge portant cette arme sur la ceinture,  plusieurs personnes l’ayant croisé dans le bar ont déclaré au journaliste Jean-Claude Nkubito l’avoir interrogé sur la provenance de cette arme et il leur a répondu qu’il l’avait acheté sur internet, comme on a pu l’entendre sur les ondes de Radio Tuganire.
Selon nos informations, la famille a effectivement présenté ses excuses à la victime qui serait pour sa part disposée à pardonner et aller de l’avant.
L’hypothèse d’un simple fait divers semble donc la plus plausible au regard des éléments dont nous disposons jusqu’à présent.
Ruhumuza Mbonyumutwa
Jambonews.net
Témoignage de Mathias Bwayihuku from JamboNewsTV on Vimeo.

 
Nous vous prions de nous excuser pour la qualité sonore, les conditions d’urgence dans lesquelles nous avons travaillé ne nous ont pas permis d’obtenir une meilleure qualité.
Cliquez ici pour vous rendre sur le site de Radio Tuganire et écouter le reportage audio sur cette affaire.



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