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L’avortement en Afrique, cas du Rwanda

L’avortement en Afrique, cas du Rwanda

Selon une étude de l’institut Guttmacher (Institut américaine spécialisée dans la  recherche sur la santé reproductive), 25 femmes sur 1000 ont recours à l’avortement chaque année, au Rwanda ; soit 60.000 avortements par an. Soulignons que ce taux est inférieur au taux de l’Afrique subsaharienne (31/1000) ou de l’Afrique de l’Est (36/1000) [1]

Foetus à 14 semaines, source: Haploscience

Foetus à 14 semaines, source: Haploscience


On estime  à plus de  4 millions par an le nombre d’avortements illégaux sur le continent africain [2], et 300.000 femmes en meurent chaque année.
L’avortement ou l’interruption volontaire de grossesse étant illégal au Rwanda, comme dans la plupart des pays d’Afrique, plus de 90% de ces avortements se font dans la clandestinité, et dans des conditions sanitaires inadéquates. Les conséquences pathologiques de ces derniers sont souvent à l’origine d’une consultation médicale ou gynécologique.
A l’heure actuelle, seuls  trois pays en Afrique ont légalisé l’avortement : L’Afrique du Sud, la Tunisie et le Cap-Vert. Dans la plupart des pays africains, la loi sur l’avortement date de la période coloniale. Néanmoins, elle a été révisée récemment pour la moitié des pays, pour autoriser notamment l’avortement dans certaines conditions (viol, inceste, atteinte grave à la vie de la mère…).
Notons que cette pratique est largement autorisée en Europe, moyennant conditions dans certains pays (Espagne, Pologne, Irlande, Luxembourg, Portugal, Malte, Royaume-Uni) et en Amérique du Nord, mais reste majoritairement interdite en Amérique latine.
La contraception
En effet, à l’heure où la société africaine se modernise de plus en plus pour ressembler à celle d’Europe, notamment en ce qui concerne les femmes (scolarisation massive des filles, carrière professionnelle et mariage tardive des femmes, sexualité de plus en plus précoce et en dehors du mariage), la question de la contraception et les grossesses non désirées qui n’en sont que des conséquences reste encore un sujet tabou.
Il suffit juste de  constater que les programmes d’éducation à la contraception s’adressent toujours aux femmes mariées, en vue de la limitation et l’espacement des naissances, mais jamais aux jeunes femmes ou aux adolescentes.
Les mères africaines, (rwandaises en particulier) n’ont pas encore le courage ou cette capacité d’admettre que leurs filles ont des rapports sexuels en dehors du mariage. Ceci tient en partie des contraintes d’ordre sociales et culturelles encore présentes, tant dans le conscient que dans l’inconscient collectif. Cependant, mieux vaut prévenir que guérir. Si les mères ne lèvent pas le voile pour défendre leur fille, qui le fera à leur place ?
Les raisons de l’avortement
La moitié des avortements a pour motif une grossesse non désirée. D’autres raisons sont évoquées, telles que les problèmes financiers du couple, le viol, l’inceste, les grossesses fort rapprochées, la carrière professionnelle, grossesse adultérine, etc.
Les conséquences de l’avortement 
Les conséquences d’un avortement clandestin sont nombreuses et dépendent souvent de l’agressivité des moyens utilisés ; à savoir que certaines femmes vont jusqu’à ingérer des produits toxiques, ou introduire des objets contondants (comme les débris de verre) dans leur utérus pour pouvoir évacuer le fœtus. Certaines femmes compromettent définitivement leur maternité, contractent des maladies ou en meurent (300.000 femmes par an sur le continent africain).
Outre les conséquences physiques, il y a un autre problème, que même la légalisation de cette pratique en occident n’est pas arrivée à solutionner à l’heure actuelle ; celui du traumatisme de la mère, suite à l’avortement. Il faut savoir que derrière cet acte en apparence anodin, il y a deux vies brisées : celle de l’enfant, mais aussi celle de la mère. Une femme qui avorte, c’est une vie qui meurt en elle ; elle qui pourtant est faite pour donner la vie. Le deuil de la mère est à la hauteur de la perte, et elle le portera toute sa vie durant. Pour une femme il existe un avant et un après avortement. Il s’en suit souvent la dépression,  le deuil, la séparation du couple, ainsi que d’autres conséquences émotionnelles qui ne sont pas souvent prises en compte, car non visibles sur le corps.
C’est pourquoi avant de recourir à ce moyen drastique, il faudrait épuiser les moyens mis en place par la science afin de faire face à la libéralisation sexuelle (pour ne pas dire « sexocratie ») qui est un phénomène de la société dite « moderne ». Parmi ces moyens, la contraception reste un des moyens, ainsi que l’éducation sexuelle à toutes les personnes concernées.
Encore une fois, mieux vaut prévenir que guérir…car une femme ne guérit pas d’un avortement, elle apprend juste à vivre avec comme un parent ne guérit jamais de la perte de son enfant.
Clarisse Rugwiro
Jambonews.net
 
[1] http://www.guttmacher.org/media/nr/2012/03/26/index.html
[2] IRD Actualité scientifique fiche N° 298 Mai 2008
http://www.afrik.com/article9739.html
http://www.avortementivg.com/content/afrique/interruption-volontaire-de-grossesse-en-afrique-des-femmes-mariees-aussi
 
 
 

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