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RDC: Négociations de Kampala, le crash inévitable

RDC: Négociations de Kampala, le crash inévitable

Depuis quelques jours, les négociations de Kampala entre le gouvernement congolais et les rebelles du M23 pour mettre fin au conflit à l’Est du Congo  sont au point mort.Le désaccord résulte du refus de la partie congolaise de réintégrer au sein des FARDC (Forces armées congolaises)  une centaine de membres du M23 sur qui pèsent les soupçons des crimes de guerre.
Le porte-parole du gouvernement congolais Lambert Mende a en effet affirmé il y a peu : « Nous avons informé le ministre rwandais de la Défense, ce qui facilite les pourparlers de Kampala, et à sa demande, nous lui avons remis une liste d’une centaine de personnes sur les 1 700 que compte le M23, qui ne peuvent pas dans ces conditions-là être éligibles à l’amnistie, ou même à la réintégration au sein des forces armées. Cette démarche a le soutien des représentants des Nations unies, aussi bien dans la région des Grands Lacs qu’en RDC. »
Dans cette liste, le gouvernement congolais identifie plusieurs officiers supérieurs du M23 comme des sujets rwandais (y compris Bosco Ntaganda jugé présentement à la CPI comme sujet congolais).
Cette position ferme s’oppose nettement au point de vue des médiateurs ougandais et du CIRGL (Conférence Internationale sur la Région des Grands Lacs), qui veulent presser Kinshasa à réintégrer ces officiers dans l’armée congolaise malgré les graves crimes qui leur sont reprochés.
À New York la semaine dernière le Président Ougandais Yoweri Museveni a insisté sur l’idée d’une réintégration provisoire pour l’ensemble du M23, selon le modèle burundais de l’accord de cessez-le-feu signé à Dar es Salaam en 2003 et ayant réintégré les forces négatives dans l’armée régulière. Une amnistie qui court depuis dix ans déjà.
Au delà de tous ces atermoiements, il y’a lieu de se demander si les conditions sont effectivement réunies pour un accord entre le groupe rebelle et le gouvernement congolais.
Dès le départ de la crise, le gouvernement congolais avait accusé le Rwanda puis l’Ouganda de soutenir la nouvelle rébellion du M23. Ces déclarations furent corroborées par les preuves apportées par les différents rapports des experts des Nations Unies désignant clairement ces deux pays  comme principaux instigateurs de la déstabilisation de l’Est de la RDC à travers cette énième rébellion. Ensuite sous la supervision de la CIRGL (Conférence Internationale sur la Région des Grands Lacs), le gouvernement congolais s’est mis à la table des négociations avec le M23 pour trouver une solution à la crise. Mais la véritable surprise  est venue de l’acceptation  par Kinshasa de la supervision Ougandaise de ces négociations. Autrement dit, Kinshasa acceptant comme arbitre la partie notoirement reconnue comme roulant contre ses intérêts.  Y’avait-il réellement des chances d’espérer un dénouement en faveur du gouvernement congolais? Assurément non, les dés étaient pipés d’avance.
Les accusations mutuelles d’attaques parfois factices n’ont pas facilité le climat des négociations, transformant ces pourparlers en une  véritable partie de poker où la meilleure stratégie semble être le bluff pour un gain incertain de temps. La dernière accusation en date du  26 septembre du M23  contre le gouvernement congolais pour avoir attaqué leurs positions semble s’inscrire dans cette stratégie.
Comment se sortir de ce bourbier?
Il n’y a pas de formule magique pour mettre fin à cette guerre, les instruments internationaux ont montré à plusieurs reprises quelques limites. De  multiples conférences et accords n’ont rien apporté de plus si ce n‘est une paix extrêmement précaire et des millions de dollars partis en fumée et dont le coût d’opportunité reste immense eu égard aux vrais problèmes de la région. On peut certainement se demander si toute prolongation de ces négociations ne sera pas que gaspillage assuré des moyens et d’énergies pouvant être utilisés à des fins plus utiles. Il s’agit à l’instant présent de sauver les meubles tant qu’il est encore temps, et ce, en assumant pleinement l’option militaire et en capitalisant les dernières victoires engrangées avant le dernier cessez-le-feu.
 Charis Basoko
Jambonews.net
 

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