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Le génocide de 1972 contre les Hutus au Burundi : 41ème commémoration

Le génocide de 1972 contre les Hutus au Burundi : 41ème commémoration

Ce 29 avril 2013, le Burundi commémorait pour la 41ème fois, le génocide contre les Hutu qui s’est déroulé  en 1972 un peu partout dans le pays. Au terme de ce génocide et seulement en un peu plus de deux mois, plus de 300 000 Hutu furent massacrés, ce qui représentait à l’époque plus ou moins 7% de la population et environ 13% de la population masculine hutue.
Avant 1972, il y a eu 1965 et 1969

source: burundi-agnews.org

source: burundi-agnews.org

Déjà bien avant 1972, d’autres événements, tels que ceux de 1965 et 1969 qui consistaient, encore une fois, à persécuter les Hutus avaient déjà eu lieu.
Quels sont les faits ? Le 15 janvier 1965, le Premier ministre burundais d’origine Hutu, Pierre Ngendandumwe est tué par des extrémistes Tutsis tout d’abord en raison du poste qu’occupait ce premier mais surtout parce qu’il était Hutu. L’assassinat survenu au moment où Ngendandumwe allait rendre visite à sa femme qui venait d’accoucher mais il n’eut pas le temps de la voir puisqu’il fut abattu devant l’entrée de l’hôpital Louis RWAGASORE. Un témoin dira plus tard qu’il a vu quelqu’un s’enfuir en criant: « Ndaguhaye jewe umwana w’abatutsi »(Je t’ai eu, moi enfant des Tutsi). Il est à préciser  que depuis longtemps, les Hutu burundais avaient rarement accès aux postes à responsabilité, raison pour laquelle il était impensable pour certains Tutsi d’avoir un Premier ministre hutu.
Ensuite, il y eut un coup d’Etat durant le mois d’octobre 1965 par le Lieutenant-général Michel Micombero , membre  du parti UPRONA (Union pour le progrès national) à majorité tutsie, qui par ce coup d’Etat devenait le premier Président du Burundi. C’est lors de son arrivée au pouvoir que les véritables massacres contre les Hutu commencent. Suite à ce coup de force, des députés, des hauts fonctionnaires, des gendarmes, des militaires et des sénateurs sont arrêtés et tués. Des Hutu très influents dans la société burundaise tel que Paul Mirerekano, un militant pour la justice social et la démocratie, sont tués. Il y aura en 1965 plus de 10 000 Hutu tués ainsi que 2000 réfugiés hutus.
En 1969, toujours sous le gouvernement de Micombero, encore une fois et durant le mois de septembre 1969, des militaires, des civils et des religieux hutus sont arrêtés. Certains d’entre eux sont morts fusillés, torturés ou en prison. Ces exécutions continueront jusqu’à la fin de l’année 1969. Le bilan sera de 500 Hutu tués par les autorités du Burundi ainsi que 300 réfugiés hutus.
Le paroxysme, le génocide contre les Hutu de 1972
Comment est-ce que tout cela a débuté ?
Le 15 mars 1972 un complot hutu est dénoncé. Ce complot, consisterait, selon certaines sources à exécuter toute personne qui participerait à une fête des officiers organisée à Bujumbura. Dès ce jour-là, certains Hutu sont surveillés de très près.
L’ancien roi, NTAWE V, renversé par le coup d’Etat instigué par Michel Micombero en 1965 est ramené à Bujumbura alors qu’il était jusque-là réfugié en Ouganda. Il est accusé de vouloir renverser la République et de réinstaurer la monarchie. Ensuite, le président à l’époque, Micombero limoge son gouvernement certainement par crainte qu’il y ait des « traîtres » autour de lui.
Le 26 avril 1972, une assemblée du parti UPRONA impose à tous ceux qui n’ont pas encore adhéré à la JRR (Jeunesse Révolutionnaire Rwagasore) de le faire immédiatement. Il est demandé au président Micombero d’instaurer une loi qui institue la suprématie du parti UPRONA.
Le 27 avril 1972, des armes sont distribuées aux intellectuels tutsis et toutes les personnes influentes dans la masse. Cependant, heureusement ou malheureusement, des armes sont distribuées, par erreur, à quelques Hutu.
Le 29 avril 1972, la distribution des armes se termine à Bururi (province constituée essentiellement de la population tutsie). Par la suite, le roi NTARE V sera exécuté dans la nuit du 29 avril 1972 par des hommes dont on ignore encore l’identité.
Le 1er mai 1972, la radio de Bujumbura déclare sur les antennes que des combats sont en cours dans le sud du Burundi ; combats dont les acteurs seraient les Mulelistes, originaires du Zaïre, aidés par  des monarchistes rwandais et des burundais. Tout rassemblement de plus de trois personnes est interdit.
Le 2 mai 1972, la radio annonce qu’il faut dénoncer tous les fauteurs de trouble. La révolte est bien sûr attribuée aux Hutu et cela dans le but de mobiliser les Tutsi contre les Hutu mais aussi pour que la Tanzanie, l’OUA (Organisation de l’unité africaine, fonctionnelle de 1963 à 2002) ainsi que la communauté internationale réagissent afin d’aider les Tutsi dans leur plan.
Quel était le but de ce génocide ?
Le but était réellement d’éliminer la population hutue, en partie du moins. Il y avait une volonté manifeste d’absolument éliminer tout intellectuel hutu se trouvant au Burundi à ce moment-là, afin de les empêcher de monter socialement. Néanmoins ce génocide avait aussi pour but d’éliminer le Chef de l’Etat afin que le pays plonge dans la confusion et la colère. Il est à remarquer qu’au final, ce n’est pas le Chef d’état de l’époque Michel Micombero qui fût tué mais bien  l’ex-chef d’état NTARE V né Charles NDIZEYE (fils du roi MWAMBUTSA IV).
Méthodes utilisées pour tuer
Pendant les trois premiers jours et selon les régions, les personnes étaient fusillées car il fallait faire vite afin d’exterminer touts les hauts fonctionnaires hutus. Ensuite, certains étaient tués avec des bambous, ainsi que des machettes et des massues ; d’autres furent enterrés vivants, la baïonnette fut utilisée pour tuer certains étudiants ; d’autres encore   furent étouffés dans des salles en surnombre, écartelés ou empalés (c’est-à-dire enfoncer dans l’anus un pieu qui traverse le corps).
Les listes
Comme dans la plupart des génocides, les listes sont établies au préalable pour que l’on sache quelles sont les personnes qu’il faut absolument éliminer.  Les listes des fonctionnaires, des dirigeants d’entreprises, des responsables, des possesseurs de comptes dans les caisses d’épargne ou la poste , des employés, des ouvriers, des domestiques  et des personnes influentes dans la population hutue avaient été établies depuis longtemps. Des femmes étaient éventrées pour que les enfants ne voient jamais le jour. Quant au peu de Hutu qui étaient dans l’armée, leur sort était connu d’avance. Dans les écoles, ce sont les élèves tutsis qui dénonçaient et établissaient des listes de leurs collègues. Quant aux paysans, ils se connaissaient entre eux et savaient qui était de quelle ethnie. Leur élimination fût donc facile.
Ainsi depuis le 1er mai 1972  et ce pendant plus de deux mois, des camions chargés de cadavres et de prisonniers dissimulés sous les bâches circulaient dans les rues de Bujumbura. Nul doute que ces camions se dirigeaient vers les charniers où les bulldozers les recouvraient de terre. Bilan ? Plus de 300 000 morts.
L’attitude de la population
La population tutsie n’avait rien à craindre dans la mesure où elle n’était pas visée par ce génocide. Par ailleurs certains Tutsi n’hésitaient pas à dénoncer ou faire une liste des Hutu qu’il fallait éliminer.
Pour la population hutue  c’était le sauve-qui-peut. Certains Hutus étaient contraints de dénoncer d’autres car on les obligeait à le faire. D’autres furent poussés à exécuter leurs frères ou leurs enfants. Ceux qui pouvaient ont fui dans d’autres pays.
Quant au  clergé, il ne fut pas tendre avec la population hutue. Certains hommes d’Eglise n’ont pas hésité à soutenir ce génocide tels que l’évêque de Bujumbura, Michel Ntuyahaga, ou encore l’archevêque du Burundi, André Manirakiza.
L’attitude de la communauté internationale
Le monde extérieur a appris l’existence de ce génocide après son déroulement et cela parce que toutes les traces avaient été minutieusement effacées. Il n’y avait plus aucune trace d’un corps ou de sang. Cela étant dit, le monde extérieur a été horrifié en apprenant par après ce qui s’était passé. Le Premier ministre belge, Gaston Eyskens, de l’époque qualifiera les faits qui se sont passés au Burundi de génocide. Quant à l’ONU, elle parlera de…tragédie.
Les témoignages de ce génocide sont à retrouver sur les liens suivant :
http://burundi-agnews.org/massrep01.htm
http://www.iwacu-burundi.org/spip.php?article5459
Aimée-Line A. Majambere
Jambonews.net

 
 
 
Sources :
http://www.arib.info/index.php?option=com_content&task=view&id=7159&Itemid=1
http://burundi-agnews.org/massrep01.htm#d02
http://www.iwacu-burundi.org/spip.php?article5432
http://www.arib.info/index.php?option=com_content&task=view&id=7159&Itemid=1
 
 

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