Le 3 août 2025, Protais Zigiranyirazo, frère aîné d’Agathe Habyarimana – l’épouse du président rwandais Juvénal Habyarimana abattu dans son avion le 6 avril 1994 – est décédé au Niger, où il vivait dans une safe house depuis décembre 2021.
Ses obsèques devaient se tenir le 28 août 2025 à Orléans, en France. Mais, contre toute attente, à 48 heures de l’inhumation, la mairie a pris un arrêté interdisant la sépulture, invoquant un “risque grave de trouble à l’ordre public”. Cette décision a été confirmée par le tribunal administratif d’Orléans, puis par le Conseil d’État le 8 septembre.
Ainsi, celui que les médias français continuent de présenter comme “une figure du génocide des Tutsis au Rwanda” se voit refuser le droit à une inhumation, alors même qu’il avait été définitivement acquitté en novembre 2009 par le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR).
Interpellée par cette actualité macabre, qui ravive le débat sur le sort tragique réservé par les Nations Unies aux personnes acquittées ou ayant purgé leur peine auprès du TPIR, la rédaction de Jambonews a rencontré Maître John Philpot, avocat canadien qui avait défendu les intérêts de Protais Zigiranyirazo devant le tribunal.
Pour lui, le constat est sans appel :
“Le sort réservé aux personnes acquittées ou qui ont purgé leur peine est une faillite du TPIR (…) qui aurait tout intérêt à faire respecter ses jugements.”
L’entretien a permis de revenir sur le procès de Protais Zigiranyirazo, sur les accusations dont il a fait l’objet, et sur la manière dont son équipe de défense malgré des maigres moyens au regard de ceux de l’accusation a pu démontrer comment les accusations étaient sans fondement.
Au-delà de ce cas particulier, la discussion a mis en lumière le manque de respect de certains principes fondamentaux des États de droit, tels que l’autorité de la chose jugée et le respect des décisions judiciaires particulièrement en France. Maître Philpot dénonce une hypocrisie persistante en Occident :
“Beaucoup se disent en faveur des droits de l’Homme, mais refusent de les appliquer lorsqu’il s’agit de Rwandais diabolisés, érigés à tort en génocidaires, et traités comme des sous-humains, des sauvages.”
Pour l’avocat québécois, la solution ne peut venir que d’un changement dans la société qui devra passer par une mobilisation « C’est à la communauté rwandaise en exil, à la famille de Monsieur Zigiranyirazo, à celle du Président, de trouver des solutions juridiques pour contrer le mensonge et la diffamation. »
Ruhumuza Mbonyumutwa
Jambonews.net