D’après une dépêche AFP, le rapport de l’ONU sur les crimes perpétrés en République démocratique du Congo (RDC) de 1993 à 2003, dont la version finale doit être publiée vendredi, fait suite à plusieurs enquêtes ou tentatives d’enquêtes, restées lettre morte, entre 1997 et 1998.
Voici dans un ordre chronologique le déroulement des événements :
1997:
– 8 avril: le rapporteur spécial de l’ONU sur les droits de l’homme au Zaïre, le Chilien Roberto Garreton, fait état d’une quarantaine de massacres.
– 12 avril: Laurent-Désiré Kabila, opposant au président Mobutu Sese Seko, qui sera renversé en mai, nie l’existence de massacres de réfugiés hutu au Zaïre.
– 25 avril: le Haut Commissariat de l’ONU aux réfugiés constate la disparition de 85.000 réfugiés au sud de Kisangani (nord-est du Zaïre de l’époque).
– 29 avril: des agences humanitaires de l’ONU dénoncent des « tueries et différentes atrocités » infligées aux réfugiés par les rebelles de l’Alliance des forces démocratiques pour la libération (AFDL) de Laurent-Désiré Kabila.
– 6 mai: la commissaire européenne à l’action humanitaire, Emma Bonino, accuse Kabila d’avoir transformé l’est du Zaïre en un « abattoir ».
– 11 juillet: selon M. Garreton, certains massacres de réfugiés hutus pourraient mériter la qualification de « crimes contre l’humanité » et peut-être même de « génocide ».
1998:
– 12 février: la mission d’enquête de l’ONU reprend ses enquêtes à Mbandaka (Equateur, nord-ouest), qu’elle n’avait pu mener à cause de l’hostilité de la population locale attisée par le gouvernement congolais.
– 30 mars: Oswald Hakorimana, membre de l’ONG Grande Vision pour les droits de l’homme en RDC et témoin le plus important de la mission d’enquête de l’ONU dans le Kivu, est abattu à Goma (Kivu, est).
– 4 avril: le gouvernement de la RDC dénonce « le comportement scandaleux » de la mission, à laquelle il reproche d’avoir exhumé des cadavres à Mbandaka.
– 9 avril: suspension de la mission d’enquête de l’ONU après l’arrestation par les services de sécurité de l’un de ses membres, le Canadien Christopher Harland.
– 17 avril: l’ONU décide le retrait « immédiat » de la RDC de sa mission en raison de « l’obstruction systématique » du gouvernement.
– 30 juin: l’ONU accuse dans un rapport les forces de M. Kabila d’avoir « systématiquement » tué des réfugiés hutus rwandais et des villageois congolais, parfois avec le soutien de l’Etat rwandais, de l’automne 1996 au printemps 1997. Le rapport recommande la mise sur pied d’un tribunal international.
– 14 juillet: le Conseil de sécurité condamne « les massacres » commis en RDC, mais sans en nommer explicitement les responsables.
– 19 novembre: dans un entretien au journal ‘Le Soir’, M. Kabila, président de RDC de mai 1997 à janvier 2001, reconnaît les « massacres » de réfugiés hutu, mais en rejette la responsabilité sur le Rwanda.