C’est à l’occasion de la 5ème édition des Journées européennes du développement (JED) que le dictateur rwandais, le général Paul Kagame, est invité à Bruxelles les 6 et 7 décembre 2010.
C’est le ministère belge de la coopération qui a annoncé la venue du président rwandais ainsi que celles des présidents du Bénin et du Burkina Faso.
Cette nouvelle a créé un sentiment de consternation au sein de la diaspora originaire de la région d’Afrique des Grands Lacs où Paul Kagame et son armée, l’APR, sont accusés par l’ONU d’y avoir organisé et exécuté des exterminations qu’on pourrait qualifier de génocide.
Ces exterminations ont fait entre 6 et 8 millions de victimes congolaises et rwandaises en RD Congo, de 1996 à 2003. Jusqu’à l’heure actuelle, les auteurs se baladent dans les capitales européennes sans inquiétude, bénéficiant d’une impunité assurée par une communauté internationale complaisante.
Le thème de développement est le sujet préféré du régime rwandais car celui-ci a su convaincre la communauté internationale que le pays avançait.
Or, si la capitale Kigali est réellement construite à l’image des capitales européennes, il n’en est rien d’une réelle réduction de la pauvreté! En effet, selon le PNUD, de 1990 à 2006 le pourcentage de population vivant sous le seuil de la pauvreté est passé de 50 à 57% et près d’un tiers de Rwandais souffre de carences alimentaires. Le pays est l’un des 15 pays les plus inégalitaires au monde.
Cette situation est difficile à justifier, quand on sait que le pays est littéralement sous perfusion de l’aide étrangère. En effet, entre 2004 et 2009 l’aide budgétaire extérieure constituait, en moyenne, plus de 53% du budget de l’Etat par an. A cela s’ajoutent d’autres formes d’aide et surtout le pillage des ressources minières congolaises qui selon un rapport d’experts sorti en 2002 ont constitué au moins 320 million de dollars américains pour la seule année de 1999 et pour le compte du Rwanda. Pendant ce temps dans les zones pillées, des hommes, des femmes et des enfants étaient massacrés et d’autres mourraient de faim car coupés des zones qui les ravitaillaient. Ainsi, dans une ville du sud du Katanga de 350 000 habitants, 112 enfants mouraient de faim chaque jour.
C’est avec ce macabre bilan que le commanditaire de ces crimes, le général Paul Kagame, est invité à cet événement qui selon les organisateurs, la Commission européenne et la Présidence belge du Conseil de l’Union européenne, constitue le premier forum européen où se débattent les questions et les enjeux de la coopération internationale au développement.
Rappelons que durant la période des exterminations des populations congolaises et des refugiés rwandais, de 1996 à 2003, la coopération au développent n’a pas arrêté de contribuer au budget du gouvernement génocidaire rwandais. Elle permettait aux bourreaux dans une certaine mesure de continuer et d’achever leur besogne.
La question est : dans quelle mesure les rescapés des exterminations de Paul Kagame vont-ils supporter qu’au nom de la coopération au développement l’UE assure l’accueil du dictateur, cautionnant ainsi les crimes qu’ils ont subis ?
JF Singiza