KINSHASA/BRUXELLES 04/01 (BELGA) = François Lumumba, fils aîné du premier Premier ministre congolais assassiné en 1961, a lancé mardi un appel pour que les assassins de son père soient jugés, à l’approche du 50e anniversaire de sa mort, le 17 janvier 1961.
« Au nom de ma famille et de mon parti, je lance donc, un appel à tous nos frères africains de soutenir cette lourde démarche, afin que la vérité triomphe et que justice soit rendue; pour que les assassins de (Patrice Emery) Lumumba ne restent impunis », a-t-il affirmé dans un communiqué adressé à l’agence BELGA à l’occasion de la Journée des martyrs de l’indépendance de la République démocratique du Congo (RDC).
« A l’aube du 17 janvier 2011, nous appelons les progressistes démocrates d’Afrique et du monde, de commémorer les 50 ans de l’assassinat de notre héros, chacun, là où il se trouve, dans la dignité, l’espoir et la méditation », a ajouté le président du Mouvement national congolais Lumumba (MNC-L).
« Enfin, nous sommes déterminés à aller jusqu’au bout, malgré les intimidations et les menaces, nous sommes prêts même au sacrifice suprême », a assuré M. Lumumba.
« C’est pourquoi, je saisi cette occasion au nom de ma famille, pour annoncer à tous les frères africains et autres citoyens du monde, épris de paix et de justice, que nous restons déterminés à porter plainte contre les belges encore vivants, qui ont trempé dans ce complot, et à réclamer justice à l’Etat belge, responsable de ce gâchis innommable », poursuit-il.
Des membres de la famille Lumumba avaient annoncé en juin dernier, à la veille du 50e anniversaire de l’indépendance de la RDC, leur intention de déposer plainte à Bruxelles contre douze Belges qu’ils soupçonnent de complicité dans l’assassinat de ce héros de l’indépendance de l’ex-Congo belge. Mais cette plainte n’a toujours pas été déposée.
« Nous estimons que l’assassinat de Patrice Emery Lumumba, est un dossier toujours ouvert, car nous avons le droit à la vérité et le devoir de mémoire », affirme néanmoins son fils.
Selon lui, « pendant des années, dans un environnement de Guerre froide, il n’a pas été possible de soulever ce crime contre l’humanité, avec des moyens d’information limités. L’Etat congolais ne s’y est pas intéressé non plus depuis lors, évitant de mettre au jour sa complicité et surtout parce que les assassins de P.E. Lumumba rodent encore autour du pouvoir, jusqu’à ce jour, au point même que certains sont décorés de la médaille de l’Ordre des Héros nationaux Lumumba
et Kabila ».
M. Lumumba, éphémère premier chef du gouvernement du Congo indépendant, avait été investi le 23 juin 1960, une semaine avant l’indépendance, alors que le président du nouvel Etat était Joseph Kasa-Vubu. Celui-ci l’avait destitué dès le 5 août, avec l’assentiment de l’ONU, qui venait de déployer des Casques bleus à la demande du gouvernement congolais en réponse à une intervention militaire belge faisant suite à la mutinerie de la Force publique et à la sécession de la riche province du Katanga (sud-est).
En fuite, il avait été arrêté en décembre 1960 et emprisonné dans une caserne des environs de Léopoldville, la capitale. Le 17 janvier 1961, le colonel Joseph-Désiré Mobutu, arrivé au pouvoir lors d’un coup d’Etat en septembre précédent, envoie M. Lumumba à Elisabethville (aujourd’hui Lubumbashi), le chef-lieu du Katanga où il est torturé et assassiné dès son arrivée, comme deux de ses ministres, dans des circonstances restées obscures, mais en présence d’officiels belges, comme l’a admis en 2001 une commission d’enquête parlementaire belge.