BRUXELLES 25/01 (BELGA) – Le ministre belge des Affaires étrangères, Steven Vanackere, a admis mardi que la Belgique avait, comme l’ensemble de la communauté internationale, été « prise par surprise » par la rapidité avec laquelle la République démocratique du Congo (RDC) vient de modifier sa Constitution afin d’organiser en novembre une élection présidentielle à un seul tour.
Il a également annoncé qu’une partie du financement du cycle électoral prévu par le gouvernement serait liée à la tenue de toutes les élections, notamment les scrutins locaux – jusqu’ici sans cesse reportés.
Interrogé en commission de la Chambre, M. Vanackere a souligné que le choix d’un système électoral était la prérogative d’un Etat souverain et que la modification de la Constitution adoptée par le parlement congolais à une large majorité l’avait été « en toute légalité ».
Réunis en congrès (Assemblée nationale et Sénat), les parlementaires congolais ont voté le 15 janvier en un temps record – moins de deux semaines après la révélation du projet – une révision de la Constitution portant sur huit articles, dont l’organisation d’une présidentielle à un seul tour, une disposition de nature à favoriser la réélection du chef de l’Etat sortant Joseph Kabila en novembre prochain, et contestée par l’opposition.
Sur 608 députés et sénateurs que compte le Parlement, 485 ont voté à main levée pour la modification de la Constitution promulguée en février 2006, tandis que huit ont voté contre et onze se sont abstenus. Plus d’une centaine de députés de l’opposition ont boycotté le vote en guise de protestation.
M. Vanackere (CD&V) a reconnu mardi que des questions se posaient sur la « hâte » avec laquelle la majorité soutenant le président Joseph Kabila avait adopté cette révision constitutionnelle et les raisons qui la soutendent.
Selon l’analyse faite par le ministre, la perspective d’une alliance possible de l’opposition congolaise au second tour – comme lors de la présidentielle de 2006 -, a mené à « un sens de l’urgence » dans l’entourage du président Kabila.
Le chef de la diplomatie a admis que cette révision constitutionnelle était un objet de « préoccupation » pour la Belgique.
Cette « déception » et cette « inquiétude » ont aussi été communiquées aux autorités congolaises par les chefs de mission de l’Union européenne à Kinshasa, a assuré M. Vanackere, en réponse à des questions des députés
François-Xavier de Donnea (MR), Patrick Dewael (Open Vld), Peter Logghe (Vlaams Belang), Peter Luykx (N-VA) et Eva Brems (CD&V).
Il s’est aussi interrogé sur la légitimité d’un chef de l’Etat qui serait élu à une majorité simple, mettant en garde contre les conséquences en terme de sécurité d’une contestation des résultats.
Le ministre a annoncé qu’une partie du financement des élections prévues en RDC – un montant de cinq millions d’euros – serait conditionnée à la réalisation de l’ensemble du cycle électoral.
Selon le chef de la diplomatie, la Belgique dispose, pour contribuer à l’organisation des élections, d’un « reliquat » de six millions de dollars datant des précédents scrutins, un montant auquel il faut ajouter 7,5 millions d’euros déjà engagés par la Coopération au développement et cinq millions prévus par les Affaires étrangères sur sa ligne budgétaire de consolidation de la paix.
C’est le déblocage de cette somme que M. Vanackere souhaite conditionner à la tenue de l’ensemble du cycle électoral, comprenant des élections générales (présidentielle, législatives, provinciales, sénatoriales, locales, municipales et urbaines) entre le 27 novembre 2011 et le 8 août 2013 – après celui de 2006-2007, les premiers scrutins libres en 41 ans dans ce pays.
Le ministre a enfin suggéré que l’abandon du second tour de la présidentielle permette d’avancer les élections locales.