BRUXELLES 07/02 (BELGA) – Le chef de la police de Kinshasa, le général Jean de Dieu Oleko, a été mis en difficulté lundi pendant le procès des meurtriers présumés de Floribert Chebeya Bahizire, au sujet de sa déclaration le jour de la découverte du corps du militant congolais des droits de l’Homme, quand il avait évoqué l’absence de trace de violence.
Le 2 juin 2010, jour où M. Chebeya a été retrouvé mort dans sa voiture, les mains liées dans le dos, sur une route de la banlieue de Kinshasa, le général Oleko, inspecteur général de la police de la ville, a annonçé par communiqué la découverte du corps du militant, précisant qu’aucune trace de violence n’avait été relevé.
Le 5 juin, un rapport de police précisait pourtant que les poignets du militant portait des traces de menottes, son cou était fracturé
et du sang coulait de sa bouche. Interrogé sur cette déclaration par la cour militaire de Kinshasa, qui juge huit policiers – dont trois sont en fuite – depuis près de trois mois, le général Oleko a expliqué s’être basé sur un procès verbal envoyé par texto par un officier de renseignement.
Mais ce dernier a déclaré à l’audience avoir envoyé un texto ne mentionnant que la découverte du corps, sans précision sur l’état de celui-ci. « Je ne suis pas officier de police judiciaire, je ne descends pas sur les lieux pour faire une enquête », s’est défendu le général.
Le communiqué du général « est mensonger et tendancieux et a contribué à effacer les traces du crime », a dénoncé l’un des avocats de la partie civile, Me Yves Osakan. La cour a refusé sa demande de voir juger le général comme prévenu, arguant que cette décision relevait de la haute cour militaire.
La cour a par ailleurs délivré un mandat d’amener contre un colonel de la police qui aurait demandé – en vain – le 2 juin à un membre du service du protocole de l’Inspection générale (IG) de la police, d’arracher la page du 1er juin du registre des visiteurs de l’IG. L’officier devrait être entendu à la prochaine audience jeudi.
C’est le 1er juin que Floribert Chebeya, 47 ans, directeur exécutif de l’ONG la Voix des sans voix (VSV), avait un rendez-vous – qui n’a pas eu lieu – à l’IG avec le chef de la police congolaise, l’inspecteur général John Numbi, suspendu depuis de ses fonctions. Considéré par les parties civiles comme le principal suspect dans le meurtre du militant, le général Numbi a affirmé fin janvier devant la cour n’avoir « jamais donné rendez-vous » au président de la VSV. Le chauffeur de M. Chebeya, Fidèle Bazana Edadi, qui l’avait accompagné à ce rendez-vous, est porté disparu depuis. Pour la VSV, les deux hommes ont été assassinés. Les huit policiers sont accusés notamment d’« association de malfaiteurs, assassinat et enlèvement ».
La mort du président de la VSV avait suscité de vives réactions d’indignation en RDC et à l’étranger, et notamment en Belgique. Le Premier ministre Yves Leterme avait ainsi signé le registre de condoléances fin juin, en accompagnant le roi Albert II pour le 50ème anniversaire de l’indépendance de la République démocratique du Congo (RDC).