BRUXELLES 07/02 (BELGA) – Le chef du groupe libéral au Parlement européen, l’ex-Premier ministre belge Guy Verhofstadt, a fermement critiqué le président congolais Joseph Kabila pour avoir fait modifier la Constitution à onze mois de l’élection présidentielle en République démocratique du Congo (RDC), qui ne sera plus qu’à un tour, une disposition de nature à favoriser la réélection du chef de l’Etat sortant et contestée par l’opposition.
« Je voudrais exprimer notre déception sur ce qui vient d’être décidé en RDC à propos de la législation pour l’élection présidentielle. C’est une déception pour moi personnellement mais aussi pour toute l’Afrique », a-t-il affirmé lors de l’ouverture de la conférence l’Alliance des Libéraux et Démocrates pour l’Europe, le Pacifique, l’Afrique et les Caraïbes (ALDEPAC), samedi à Djibouti, selon un communiqué diffusé lundi par son groupe parlementaire.
Mr Verhofstadt s’adressait aux délègues présentent incluant le président djiboutien Ismail Omar Guelleh, des députés européens et députés représentant une vingtaine de pays d’Afrique, des Caraïbes et duPacifique.
« Il y a quatre ans, les Congolais ont élu leur président démocratiquement et lui ont donné une grande légitimité. (…). Ils ont donné à Joseph Kabila la légitimité démocratique. Mais la démocratie ne peut jamais garantir le pouvoir permanent. Les règles démocratiques donnent précisément au peuple le pouvoir de changer ceux qu’ils avaient élu. Cette possibilité d’alternance est au coeur de la démocratie et de nos convictions », a ajouté l’ancien Premier ministre.
« Nous ne pouvons donc que condamner que la majorité présidentielle (congolaise) ait changé les règles de ces élections quelques mois avant la date du scrutin », a-t-il poursuivi.
Interrogé à ce propos, l’eurodéputé libéral – et ancien ministre belge des Affaires étrangères – Louis Michel, qui était aussi présent à cette réunion et qui avait déjà dénoncé cette mesure, a dit « partager entièrement ce propos », selon le communiqué de l’ALDE.
Verhosftadt et Michel avaient accompagné de très près, entre 1999 et 2006, le processus de paix et de transition qui avait permis à la République démocratique du Congo (RDC) de sortir d’une longue guerre civile et d’amorcer une réconciliation qui a mené aux élections de 2006, les premiers scrutins libres en 41 ans dans ce pays.
Le parlement congolais a adopté le 15 janvier, en un temps record – moins de deux semaines après la révélation du projet -, une révision de la Constitution de 2006 portant sur huit articles, dont l’organisation d’une élection présidentielle à un seul tour.
La RDC doit organiser un nouveau cycle électoral – comprenant des élections générales (présidentielle, législatives, provinciales, sénatoriales, locales, municipales et urbaines) entre le 27 novembre 2011 et le 8 août 2013 – après celui de 2006-2007.