KIGALI 09/02 (AFP) – Kigali a accusé mercredi le colonel Patrick Karegeya, un ancien proche du président rwandais Paul Kagame, d’avoir levé en 2003 le gel de biens appartenant à l’homme d’affaires en exil Félicien Kabuga considéré comme l’argentier du génocide des Tutsi de 1994.
Ancien chef des renseignements extérieurs, le colonel Karegeya est actuellement exilé en Afrique du Sud d’où il ne cesse de critiquer le pouvoir de Kagame qu’il qualifie de « dictature ».
Félicien Kabuga est l’un des principaux suspects du génocide encore en fuite. Il est recherché par le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) dont le siège est à Arusha, en Tanzanie, soupçonné notamment d’avoir importé les machettes utilisées pour tuer les
Tutsi.
Le porte-parole du parquet général du Rwanda, Alain Mukurarinda, a affirmé mercredi sur les ondes de Radio Rwanda que Karegeya avait en 2003 remis à la famille Kabuga deux immeubles situés à Kigali, cela « unilatéralement et en violation de la loi ».
« C’est incompréhensible », s’est indigné M. Mukurarinda, expliquant que le colonel Karegeya « n’était pas habilité à le faire ».
Toujours selon le porte-parole du parquet, l’ancien patron des renseignements extérieurs avait, aux frais de l’Etat, payé le séjour de deux enfants de Kabuga venus au Rwanda pour reprendre possession des biens saisis.
En octobre 2010, l’armée rwandaise avait déjà accusé le colonel Karegeya d’avoir entravé l’arrestation du milliardaire rwandais qui mènerait l’essentiel de son commerce au Kenya, selon plusieurs sources.