Elisabeth Carriere, la responsable Rwanda-Burundi du Département Britannique pour le Développement International (DFID – Department For International Development) a été agressée à Kigali en date du 22 mai 2011.
Selon une source proche du dossier, Elisabeth Carriere, arrivée au Rwanda à la fin du mois d’août 2009 en provenance des Caraïbes a été agressée alors qu’elle effectuait un footing.
Un homme jusqu’à présent non identifié s’est approché d’elle, l’a frappée et lui a dérobé quelques effets personnels qu’elle avait sur elle dont une somme d’environ 10000 francs rwandais (environ 17 euros). La victime a porté plainte auprès de la police rwandaise.
Le timing de l’agression, dans une capitale qui cherche souvent à se présenter comme l’une des plus sûres d’Afrique, tombe très mal pour le régime de Kigali.
Elisabeth Carriere a en effet été agressée une semaine après que la police britannique ait refoulé de son territoire Norbert Rukimbira, un chauffeur de bus belge d’origine rwandaise, l’accusant de se rendre sur le sol britannique dans le but d’y assassiner deux dissidents rwandais en la personne de René Claudel Mugenzi et Jonathan Musonera.
Cet épisode avait été le paroxysme de toute une série d’incidents diplomatiques entre Londres et Kigali et dont la médiatisation avait suscité une colère noire des autorités rwandaises.
A partir du 19 mai 2011, la médiatisation des accusations des services britanniques était montée d’un cran lorsque des officiels britanniques ont confirmé au journal américain The New York Times la véracité des menaces d’assassinat qui pèsent sur deux ressortissants rwandais. Quelques 153 médias anglophones dont les principaux quotidiens britanniques et américains avaient relayés ces informations avec souvent de sévères critiques contre le régime de Kigali.
Le gouvernement du FPR est habituellement très agressif et a des réactions très virulentes à l’encontre de toute voix critique, qu’elle soit nationale ou internationale, de sorte que d’aucuns voient dans cette agression une manière détournée d’avertir la Grande Bretagne que continuer à porter publiquement de graves accusations sur le Rwanda pourrait engendrer de fâcheuses conséquences.
En ce qui concerne les journalistes et critiques rwandais, ces derniers sont souvent emprisonnés voire assassinés, comme ce fut le cas de Jean léonard Rugambage, rédacteur en chef adjoint du journal Umuvugizi, abattu de plusieurs balles dans la tête devant son domicile à Kigali le 14 juin 2010.
En ce qui concerne les organismes internationaux, les réactions peuvent aller jusqu’à l’expulsion comme ce fût le cas en avril 2010, lorsque la représentante britannique de Human Rights Watch au Rwanda, Carina Tertsakian avait été expulsée du Rwanda au motif que sa demande de visa contenait des anomalies.
En ce qui concerne les Etats étrangers, la réaction va de l’attaque verbale à la rupture des relations diplomatiques comme en novembre 2006, après que le juge anti-terroriste français ait délivré des mandats d’arrêts contre 9 proches du président Paul Kagame les accusant d’avoir perpétré l’attentat déclencheur du génocide contre l’avion du Président Juvénal Habyarimana, le régime de Kigali avait rompu sur le champ les relations avec la France donnant à son ambassadeur 24h pour quitter le Rwanda.
Joint par Jambonews, un porte parole du DFID a déclaré « Nous pouvons confirmer qu’une attaque a eu lieu le 22 mai et que quelques petits effets personnels ont été dérobés. Les autorités enquêtent et ont dépêché des patrouilles dans la zone ».
Le DFID est le deuxième plus grand donneur du Rwanda après les Etats-Unis. Entre 2011 et 2015, le département britannique a annoncé qu’il fournirait une aide de 330 millions de pounds d’aide bilatérale.
Au vu de la stature de la personnalité agressée, les résultats de l’enquête sont très attendus. Ruhumuza Mbonyumutwa Jambonews.net