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Paul Kagamé à Paris: “Non, pas en mon nom!”

Paul Kagamé à Paris: “Non, pas en mon nom!”
Manifestation des membres de la plateforme Stop à l'impunité au Rwanda

Manifestation des membres de la plateforme Stop à l'impunité au Rwanda


Il est inacceptable que le président français, Nicolas Sarkozy, accueille, avec honneur, un président responsable des crimes contre l’Humanité les plus abominables. C’est ce qu’a déclaré la plate-forme Basta de Impunidad en Ruanda (Stop à l’Impunité au Rwanda). En effet, le Général Paul Kagamé et son gouvernement sont indésirables parce qu’accusés et appelés à comparaître devant la Justice Internationale pour répondre des crimes successifs perpétrés dans la région des Grands Lacs. Des crimes recensés par des rapports indépendants qui vont notamment du Tribunal de Grande Instance de France, à l’Audience Nationale Espagnole, en passant par les différents rapports des organisations des Droits de l’Homme et des Nations Unies (Rapport Mapping).

La plate-forme, ensemble avec d’autres organisations européennes et société civile rwandaise – congolaise et burundaise confondus, se disent indignés face à cette visite. Tous appellent dès lors à manifester activement contre cette venue incongrue, prévue le 11-12-13 septembre, à Paris. Parallèlement, les manifestants se seront mobilisés, à Sèvres-Babylone (Métro Sèvres-Babylone, Paris), à 14h. Une manifestation qui est sûre de rassembler nombreuses personnes et associations venues de France et autres grandes villes du Vieux Continent.

La plate-forme n’en est pas à sa première accusation. Assurément, elle a joué un rôle majeure en juillet et décembre 2010 quant à la pression exercée sur les Premiers Ministres espagnol et belge afin que ceux-ci annulent leurs rencontres avec le dictateur. Et on peut déjà attester que les tensions sont palpables à l’Elysée tant cette visite dérange. En effet, rares sont ceux qui tiennent à s’afficher ouvertement avec Kagamé. D’ores et déjà, le Ministre actuel des Affaires Etrangères, Alain Juppé, ainsi que le président du Sénat, Gérard Larcher, ont montré leur rejet de rencontrer le président rwandais. Par ailleurs, “Dix-huit députés, en grande majorité de l’UMP, viennent d’interpeller par courrier Nicolas Sarkozy sur ses relations avec Paul Kagame (…) les signataires dénoncent les « accusations » régulièrement portées « à tort » par Paul Kagame « concernant la participation active de l’armée française au génocide rwandais »”, écrit le journal français La-Croix.

Du coup, Nicolas Sarkozy se retrouve bien isolé, dans son propre camp. Il va faire cavalier seul dans un climat hostile. Il faut dire que les relations qu’entretient la France avec les dictateurs africains, après les scandales Tunisiens et Libyens, restent toujours aussi ambiguës. Sarkozy se risquerait-il de faire le baiser de Judas, trahissant à nouveau ainsi la France ? C’est un bien gros risque – susceptible de lui coûter très cher. Mais il n’en est pas moins vrai que ces actions diplomatiques se révèlent être pure acrobatie quand on apprend par la même occasion que l’ambassadeur de la France, à Kigali, Laurent Contini (un proche de l’ancien Premier Ministre des Affaires Extérieures, Bernard Kouchner: acolyte de Paul Kagamé), va prochainement être remplacé – à la demande d’Alain Juppé, l’ennemi juré de Kigali ! Ainsi, toutes ces manœuvres périlleuses sont-elles mises en œuvre pour balancer les dégâts collatéraux ?

France – Rwanda: il était une fois…

L’historique entre ces deux pays est lourd. Il faut effectivement remonter à l’attentat meurtrier contre l’avion présidentiel du 06 avril 1994, qui coûta la vie à l’ancien président Juvénal Habyarimana, son homologue burundais, Cyprien Ntaryamira, ainsi que d’autres membres d’équipage dont trois civils français. Et qu’en 2006, un juge de l’hexagone, Jean-Louis Bruguière, émis 9 mandats d’arrêts internationaux contres des hauts cadres du FPR pour planification et exécution de l’attentat présidentiel. Et pour cause : il est l’élément déclencheur du génocide rwandais de 1994. Par après, en 2008, Kigali n’a pas hésité à riposter, notamment avec le rapport Mucyo: que c’est plutôt la France qui est responsable de planification et exécution du génocide des Tutsi.

Un cycle infernal mêlant rancoeur et tentatives de réconciliation, cette dernière possible que par voie diplomatique. L’Elysée joue alors les équilibristes. Mais celle-ci finit par s’incliner, quand Bernard Kouchner se rend, en janvier 2010, à Kigali. Une première visite qui s’avère précéder une deuxième, encore plus significative, quelques semaines plus tard : celle du président Sarkozy lui-même. Voilà une France qui se rend officiellement au Rwanda pour faire son mea culpa. La question qui suit est de savoir si l’on va assister à la même scène courtisane, la semaine prochaine ? Alain Juppé lui a préféré s’organiser une visite officielle, en Asie, pendant toute la durée de séjour du Général rwandais sur le sol français…

Du côté de la plate-forme « Stop à l’impunité au Rwanda », elle compte envoyer une délégation de six personnes à Paris, dont sa coordinatrice, Susan Sanz .  Juan Carrero, ex- candidat au prix Nobel de la Paix, sera aussi de la partie, pour “accentuer la pression nationale et internationale sur le gouvernement français pour ne pas recevoir un homme accusé de crimes contre l’Humanité ”, est-il écrit dans le communiqué.

Finalement, cette visite relève de l’énigme. Elle fait déjà couler beaucoup d’encre. Mais face à ces agitations, la plate-forme ne fléchit pas, à savoir qu’ elle “exige aux autorités françaises de ne pas ignorer ou essayer de passer sous silence, une fois de plus, des crimes commis en Afrique des Grands Lacs”. Elle demande également “aux responsables politiques de la France de ne pas recevoir un présumé génocidaire, au moins tant que des accusations tellement graves ne soient pas dûment clarifiées par un tribunal”.

Jean Bigambo
Jambonews.net

 

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