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Rwanda : nouvel enlèvement d’un opposant

Rwanda : nouvel enlèvement d’un opposant

Membre du comité exécutif provisoire du parti FDU-INKINGI en charge de la jeunesse, Gratien Nsabiyaremye a été enlevé par des militaires dans la soirée du 1ier janvier 2012 à son domicile situé au Village de Kabiza dans le Secteur de Nyamyumba dans la région de l’Ouest du Rwanda.

Gratien Nsabiyaremye

Gratien Nsabiyaremye


Dimanche dernier aux alentours de 20h un groupe de militaires de l’unité marine de l’armée rwandaise basée à  Gisenyi , armé jusqu’au dent, a attaqué le domicile de Gratien Nsabiyaremye. Accompagnés par  le responsable du quartier, ces militaires ont voulu arrêter l’intéressé dans la nuit même. Constatant que ces militaires n’avaient ni mandat, ni motif valable de l’arrêter, Nsabiyaremye  n’a pas voulu se laisser faire, et a sommé  ces étrangers hôtes  de revenir le lendemain, muni d’un mandat d’arrêt en bonne et due forme.
Très tôt dans la matinée avant le lever du soleil, une cinquantaine d’hommes en uniforme, probablement les mêmes qui étaient là dans la nuit, ont encerclé le domicile de Nsabiyaremye , et ont longuement roué des coups ce dernier devant sa famille, avant  de l’arrêter et le conduire  dans un lieu qui reste jusqu’ à maintenant inconnu. Des sources dignes de foi, nous apprennent que les militaires qui ont procédé à cet enlèvement de Nsabiyaremye , agissaient  sur les ordres du Capitaine Rutaburingoga,  qui a été vu sur le lieu d’ arrestation, et qui a pris largement part dans matraquage de  Nsabiyaremye avant de l’ embarquer.
Cet enlèvement de Nsabiyaremye n’est pas un acte isolé, car il vient s’ajouter aux nombreux autres qu’on ne cesse de signaler au Rwanda. En effet,  il est rare  qu’un jour passe au Rwanda, sans qu’on signale des actes d’arrestations, répressions et une série d’intimidation envers les opposants politiques, et tous ceux qui ne parlent pas le même langage que le pouvoir dictatorial du général Paul Kagame. Nous rappelons le cas du professeur Lambert Havugintwari, qui a été enlevé le 9 février 2010 et séquestré par les services de sécurité rwandais dans un lieu secret pendant plus de deux mois, sans qu’aucun membre de sa famille ne soit mis au courant. Suite aux pressions des medias, partis d’oppositions et organisations de défense des Droits de l’homme, la police avait finalement admis détenir ce professeur dans ses locaux.
C’est également le cas de trois cadres du PS Imberakuri, un parti d’opposition dont le président est emprisonné, qui ont été kidnappés et portés disparus en 2010. Malheureusement, jusqu’à ce jour, personne ne sait ce qu’ils sont devenus. Il s’agit de SIBOMANA RUSANGWA, secrétaire particulier de Bernard NTAGANDA, enlevé le 13 juin 2010 vers 20h00 heures de Kigali à Nyamirambo, Jean Marie Vianney NSHIMIYIMANA, disparu depuis le 25 mars 2010 alors qu’il rentrait de Kigali après le congrès du parti, et de Denys MPAKANIYE, responsable du parti à Karongi Mubuga disparu depuis le 20 juin 2010.
Le 8 Juillet  2011 vers 13h30, c’était au tour de six membres des partis PS-Imberakuri et FDU-Inkingi de se faire kidnapper par la police rwandaise alors qu’ils venaient de rendre visite à un compatriote, Sylvain Mwizerwa, incarcéré dans la prison de Kimironko.
Le 15 septembre 2011, alors qu’il rentrait chez lui après avoir assisté quelques heures auparavant en tant que spectateur à une audience du procès de Victoire Ingabire, Eric Nshimyumuremyi, représentant du PS Imberakuri dans le District de Kicukiro, a été grièvement blessé par deux policiers à moto qui lui ont tiré dessus,  lui et son compagnon de route. Nshimyumuremyi est à l’heure actuelle toujours hospitalisé au Centre Hospitalier de Kigali (CHK) où il est soigneusement gardé par des hommes de la CID(Criminal Investigation Department) qui interdisent toujours tout accès à sa chambre aux membres de son parti et à sa famille.
Rappelons également que Maitre Bernard Ntaganda et Madame Victoire Ingabire respectivement leader du PS Imberakuri et des FDU Inkingi sont toujours emprisonnés. André Kagwa RwiseReka, vice-président du Parti vert démocratique, a quant à lui été découvert le 14 juillet 2010, quasiment décapité, après avoir été porté disparu depuis plus d’une semaine et Frank Habineza, le Président de ce parti est actuellement en exil.  Ces trois partis d’opposition, sont les plus persécutés par le régime en place. Ils avaient été empêchés de participer à l’élection présidentielle d’août  2010.
Les intimidations et agressions envers les opposants au régime de Kigali ne s’arrêtent pas à l’intérieur des frontières rwandaises, le 5 mars 2010, Déo Mushayidi, Président du PDP-Imanzi qui comptait se présenter aux élections présidentielles d’août 2010 a été kidnappé au Burundi et extradé au Rwanda,  ou il purge une peine de prison à perpétuité.
Fin juin 2010, une tentative d’assassinat a été perpétrée en Afrique du Sud contre l’ancien chef d’état major de l’armée rwandaise, Faustin Kayumba Nyamwasa. Jeudi le 12 mai 2011, c’est René Claudel Mugenzi, un jeune rwandais réfugié en Angleterre, et Jonathan Musonera tous deux critiques envers le régime de Kigali, qui ont été avertis par la police de ce pays, d’un danger imminent sur leur vie posé par le gouvernement rwandais.
Si certains opposants au régime de Kigali sont simplement menacés et intimidés, d’autres n’ont pas eu cette chance. C’est le cas de Charles Ingabire, éditeur en exil du journal critique envers le régime de Kigali Inyenyerinews.org , qui a été froidement assassiné par balle dans la nuit du 30 novembre au 1er décembre, à 2 heures du matin (heure locale), dans la capitale ougandaise Kampala, et ce environ deux mois après avoir été violemment agressé, également à Kampala, par des inconnus qui lui avaient dit vouloir fermer son site internet. Les medias ougandais comme chimreports.com, ont immédiatement pointé du doigt le gouvernement de Kagame d’être responsable de cet horrible crime.
Le  parti FDU-Inkingi, dénonce une fois de plus les actes d’agressions et d’intimidations répétées dont ses membres ne cessent de faire l’objet. « Nous dénonçons cette arrestation arbitraire orchestrée par des militaires, qui se comportent comme s’ils sont au dessus de la loi, et nous exigeons la libération sans condition de Gratien Nsabiyaremye « . a annoncé la direction du parti.
 
Par Jean Mitari
Jambonews.net

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