La chambre d’appel de la Cour suprême du Rwanda a repris ce lundi le 09 janvier 2012, le procès en appel de l’opposant Déogratias MUSHAYIDI, Président du parti PDP-IMANZI, incarcéré depuis mars 2010, date à la quelle, il a été kidnappé au Burundi et rapatrié au Rwanda. Le procès en appel de MUSHAYIDI avait été ajourné le 10 octobre 2011. La seule raison évoquée par la Cour étant l’indisponibilité de substitut du procureur pour des raisons médicales.
Déogratias MUSHAYIDI avait été condamné par la Haute cour de justice rwandaise le 17 septembre 2010 à la prison à perpétuité,
après l’avoir reconnu coupable notamment de « recrutement d’une rébellion contre le régime du président Paul Kagame », des accusations qu’il a toujours catégoriquement réfutées, affirmant que les poursuites engagées contre lui, étaient politiquement motivées. Ce rwandais d’ethnie Tutsi qui a perdu beaucoup de membres de sa famille pendant le génocide était un ancien cadre du Front Patriotique Rwandais du Président Kagame. Il avait travaillé dans le secrétariat général de ce mouvement avant de devenir journaliste. De 1996 à l’an 2000, il a été président de l’association rwandaise des journalistes. Il est devenu peu à peu critique contre le régime, menacé, il part en exil en Belgique où il a n’a cessé de dénoncer les dérives autoritaires du FPR conduit par Paul Kagame. Il fut arrêté en Tanzanie, déporté au Burundi, puis kidnappé à Bujumbura par les services de renseignements rwandais en mars 2010 qui l’ont ramené au Rwanda.
A la chambre d’appel de la Cour suprême du Rwanda ce lundi, MUSHAYIDI a réitéré le caractère politique de son procès, qui lui a valu en première instance une condamnation à perpétuité. Il a continué en soulignant qu’il est poursuivi parce qu’il a voulu exercer les activités politiques, droit pourtant que la constitution rwandaise lui reconnait. Pour lui, ce que le ministère public qualifié de « diffamation », n’est rien d’autre qu’une dénonciation des dérives autoritaire du régime en place au Rwanda qui confisque tout espace politique. Pour répondre à l’accusation selon laquelle, il répandrait la rumeur que le régime actuel de Paul Kagame est impliqué dans la liquidation de certains rescapés du génocide, Mushayidi est revenu sur le cas d’assassinat de Kabera Assiel qui fut conseil auprès du Président BIZIMUNGU Pasteur, tué le 05 mars 2000 par les services de Paul Kagame.
Ce qui a attiré l’attention lors de ce premier jour de procès, c’est que le ministère public refuse de reconnaitre que Mushayidi exerce une activité politique, donc son statut de politicien. Le procureur l’a longuement qualifié « d’imposteur » qui répand des mensonges.
Le parti PDP-IMANZI a profité de ce jour de procès de Mushayidi, pour dénoncer le fonctionnement de la justice rwandaise qui n’est, selon lui, rien d’autre qu’un instrument que le gouvernement dirigé par le FPR-INKOTANYI se sert pour faire taire toute opposition politique au Rwanda. PDP-IMANZI demande à la cour suprême de relâcher son président Monsieur MUSHAYIDI sans conditions, ainsi que d’autres politiciens qui croupissent dans les prisons rwandaises notamment Ingabire Victoire Umuhoza , Bernard Ntaganda, Charles Ntakirutinka, et Théoneste Niyitegeka.
Jean Mitari
Jambonews.net