Entre 150 et 200 personnes ont manifesté ce vendredi 6 avril 2012 à Paris afin de réclamer la « justice » et la « vérité »sur le drame rwandais. Les manifestants essentiellement de nationalité ou d’origine rwandaise avaient choisi le 6 avril car c’est le jour où l’attentat sur l’avion Présidentiel, considéré comme l’élément déclencheur du drame rwandais, dont le génocide, avait été commis et la ville de Paris, en raison de l’instruction judiciaire en cours pour éclaircir les circonstances de cet attentat aux conséquences apocalyptiques.
Le Rwanda représente aux yeux d’une certaine opinion publique internationale un pays exemplaire de l’Afrique en termes de développement et de gouvernance, pourtant la réalité de ce succès est contestée.
Ce vendredi 6 avril, les manifestants critiquaient, à voix haute, le gouvernement actuel du Rwanda, qui est source de mécontentements divers au sein de la population rwandaise vivant à l’intérieur et à l’extérieur du pays. La cible principale des slogans énoncés, était le président Paul Kagame et son régime du FPR. D’après l’opinion des manifestants présents, celui –ci est le «déclencheur du génocide » qui s’est déroulé en 1994 au Rwanda ; ils accusent lui et son armée d’avoir commis de nombreux autres crimes de guerre comme par exemple l’exécution de milliers de réfugiés. D’ autre part, ils veulent que la communauté internationale apprenne et reconnaisse que le Rwanda est loin d’être un exemple à suivre. Selon les manifestants, dont des anciens membres du gouvernement, les réussites actuelles se réalisent au détriment de la population et elles sont aussi accompagnées de représailles contre toute forme d’opposition.
Parmi les personnalités présentes, on pouvait noter la présence de Paul Rusesabagina, le Héros d’Hôtel Rwanda qui a récemment quitté le RNC, Eugène Ndahayo, chef de file de la faction dissidente des FDU-Inkingi ainsi que de l’ancien Premier Ministre Faustin Twagiramungu, qui a dénoncé auprès de Jambonews l’indifférence générale relative que suscite cet attentat « deux chefs d’Etats en exercice sont abattus et le monde se comporte comme si on avait tiré sur deux pigeons voyageurs » nous a-t-il notamment déclaré.
La manifestation a été suivie par une cérémonie commémorative au cours de laquelle l’Abbé Thomas Nahimana appelé l’assistance à « se remémorer ceux qui sont morts le 6 et ceux qui sont morts depuis ce jour jusqu’à présent » et a demandé à l’assemblée de recueillir et prier en mémoire de toutes ces victimes.
Quant à Joseph Matata qui a pris la parole après les prières, il a fustigé l’incapacité du régime à réconcilier les rwandais estimant qu’« un régime qui discrimine les morts ne peut unir les vivants » faisant référence au fait que seules les victimes du génocide commis contre les Tutsi étaient commémorées dans les cérémonies officielles organisées aussi bien au Rwanda qu’à l’étranger.
Il a estimé que toutes les victimes devaient être commémorées sans aucune discrimination ethnique et a terminé en appelant à la mise en place par les rwandais d’une commission vérité, « car personne d’autre ne nous aidera à le faire, nous n’avons rien à attendre de la communauté internationale » et a demandé à l’assistance d’aider les familles des victimes dans leur procès « car ce procès ne concerne pas que les familles des victimes mais tout le peuple rwandais ».
Il a enfin plaidé pour la mise en place d’un fonds pour « la démocratie la vérité et la justice » estimant que chaque personne qui s’investit dans la construction d’un Etat de droit au Rwanda devait être aidé par ce fonds.
Dans son mot de conclusion, Jean Marie-Vianney Ndagijimana, l’un des principaux organisateurs de l’événement a appuyé les propos de Joseph Matata.
Revenant sur le rapport des experts mandatés par les Juges Trevidic et Poux, il a regretté que des choses aient été écrites « par des personnes qui ne connaissent pas le Rwanda, qui ne connaissent pas les collines. Ils les ont mesuré comme si ils étaient ici en France » faisant référence à l’acousticien dont les conclusions pour déterminer l’origine du Tir des missiles ont été déterminantes alors qu’il ne s’était pas rendu au Rwanda et qu’il avait fait une simulation à partir du sol Français et a estimé qu’une contre-expertise était nécessaire.
Laure Uwase, Blaise Linaniye et Ruhumuza Mbonyumutwa
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