Paul Kagame, le président du Rwanda a été convié à participer au Forum Economique et au conseil des affaires de la Commonwealth qui se tiendra à Londres les 6 et 7 Juin 2012.
Ce double événement réunira 54 pays anglophones et se penchera plus particulièrement sur le désir, des pays « développés » tel que la Grande Bretagne, d’augmenter leurs participations dans les affaires des marchés émergeants. Il se tiendra dans la résidence officielle du Lord Mayor de Londres, la « Mansion House ».
Jusqu’à présent, nos tentatives de savoir si Paul Kagame, initialement annoncé sera effectivement présent ont été infructueuses mais l’occurrence que Paul Kagame continue à recevoir de telles invitations et à participer à différents événements dans des pays qui prétendent défendre les Droits de l’Homme pose question. En particulier à Londres, où le 27 mai 2012, le Vice-Premier Ministre britannique Nick Clegg déclarait dans une interview à la BBC « Le gouvernement a récemment changé les règles sur qui a le droit d’être admis dans ce pays. S’il a des preuves qu’une personne a violé les droits de l’Homme et que cela est démontré de manière indépendante, alors il ne pourra pas entrer dans ce pays ».
En effet, cette visite intervient au moment même où le soutien de l’armée du Général Kagame à la rébellion du général Bosco Ntaganda et le M23, est dénoncé par l’ONU et par Human Rights Watch. On accuse le Rwanda d’autoriser la rébellion à circuler sur le sol rwandais en vue de gagner leurs positions, de recevoir les hauts officiels de la rébellion dont le général Ntaganda, d’approvisionner les rebelles en armes lourdes et légères . Ces actes vont à l’encontre de l’embargo sur les armes décrété par le Conseil de sécurité des Nations Unies envers la RD Congo.Le Rwanda est aussi accusé d’enrôler des jeunes rwandais de force dans l’armée rebelle et de participer à des actions militaires avec les rebelles.
Le général Bosco Ntaganda est recherché par la Cour pénale internationale pour crimes de guerre commis en 2002 en Ituri. D’après l’acte d’accusation de la CPI d’août 2006, Ntaganda est un ressortissant rwandais. Il a appris le métier des armes au sein l’Armée Patriotique Rwandaise (APR). Il a participé à la prise du pouvoir de Laurent Désiré Kabila avec l’Alliance des Forces Démocratiques pour la Libération du Congo (AFDL). Il a remplacé le général Nkunda à la tête du Congrès National pour la Défense du Peuple (CNDP) après l’ arrestation de ce dernier par Kigali, Ntaganda et le CNDP intégreront l’armée congolaise la même année.
Cette visite du président Rwandais dans la capitale du Royaume Uni, intervient également au moment même ou l’organisation internationale, Amnesty International fondée Jadis à Londres pour défendre les droits Humains a accusé, dans un rapport daté du mois de mai 2012, les services de renseignement militaire rwandais (la DMI), de tortures, d’arrestations arbitraires, de séquestrations et de chantage.
Elle intervient un an, presque jour pour jour, après que les services de renseignements britannique aient demandé à l’ambassade rwandaise de Londres d’empêcher les membres de la DMI agissant à travers l’ambassade de cesser de menacer les habitants londoniens d’origine rwandaise sur le territoire Britannique.
Elle intervient aussi et surtout moins de deux ans après la mise en cause du FPR, actuellement au pouvoir au Rwanda dans un rapport de l’ONU « le rapport Mapping » accusant ce mouvement d’avoir commis au Congo, des crimes de guerre, des crimes contre l’humanité voire, si démontré devant un tribunal compétent, un génocide contre des milliers de réfugiés rwandais et civils congolais.
Lors des dernières visites de Kagame à Bruxelles et à Paris, les communautés rwandaises et congolaises s’étaient mobilisées en masse afin de dénoncer les exactions du régime de Kigali. Au sein de la communauté rwandaise, cette visite à Londres est passée presque inaperçue en raison notamment de l’absence de déclaration et de confirmation officielle confirmant la venue effective de Paul Kagame.
Au sein de la communauté congolaise, par contre, l’heure est à la mobilisation. Des affiches et des appels à manifester circulent, en particulier sur les réseaux sociaux et les membres de la communauté congolaise en exil sont attendus nombreux afin de crier leur « indignation » face à cette visite.
Dans ces conditions, il est légitime de s’interroger si l’ensemble de ces éléments ne constituent pas « des preuves de violations des droits de l’Homme démontrés de manière indépendante » au sens de la déclaration du vice-premier ministre et si oui, s’interroger sur les motifs de ce double discours britannique.
Mutabazi Ephrem.
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