Le 6 avril 1994 le jour de l’attentat qui coûta la vie au président du Rwanda Juvénal Habyarimana et qui fut un événement déclencheur du génocide rwandais, le capitaine Barril se serait trouvé à New York.
Qui est Paul Barril et pourquoi lui situer le jour même de l’attentat ?
Le capitaine est pointé du doigt par certains journalistes d’être impliqué dans cet attentat aux côtés des ex Forces Armes Rwandaises. En effet, depuis 1989, le capitaine Paul Barril, ancien membre du GIGN (Groupe d’intervention de la Gendarmerie nationale (française)) aurait affirmé avoir travaillé pour le président rwandais Juvénal Habyarimana, pour qui il aurait été chargé de la «réorganisation de la sécurité ».
Paul Barril a été entendu le jeudi 07 juin 2012 par le juge Marc Trévidic chargé d’enquêter sur l’attentat qui coûta la vie aux présidents rwandais et burundais. La question au centre de son interrogatoire consistait à savoir « Où était-il le 6 avril 1994 ? ». L’ex-gendarme de l’Elysée reconverti aujourd’hui dans la sécurité privée a longtemps affirmé posséder des « preuves » impliquant le FPR, de l’actuel président rwandais Paul Kagame, dans l’attentat du 6 avril 1994.
Selon l’hebdomadaire l’Express, le capitaine Paul Barril ne se trouvait pas à Kigali le 6 avril 1994, jour de l’attentat qui coûta la vie au président du Rwanda Juvénal Habyarimana, ce jour-là, il se trouvait à l’hôtel Plaza Athénée de New York, où il avait débarqué six jours avant, tout juste le 31 mars par le Concorde, ainsi que l’atteste son passeport, et en était reparti le 13 avril, c’est-à-dire juste 6 jours après l’attentat. De plus, le 7 avril, un collaborateur l’avait joint à New York pour lui annoncer le suicide, à l’Elysée, de François de Grossouvre, un collaborateur du président François Mitterrand.
Quel est l’enjeu dans la confrontation des hypothèses?
Le Président rwandais Paul Kagame a été longtemps accusé d’avoir planifié et mis en œuvre l’attentat avec son état-major lorsqu’il dirigeait le Front Patriotique Rwandais (FPR). L’enquête du juge Jean-Louis Bruguière, auquel Marc Trévidic et Nathalie Poux ont succédé en2007, a conclu que les missiles qui ont abattu l’avion présidentiel avaient été tirés par un commando du FPR à partir d’une ferme située sur la colline de Masaka à Kanombe. Cette piste a récemment été mise en cause suite au rapport balistique réalisé sous la direction des juges français Trévidic et Poux qui conclut que le missile a « pu » être lancé d’un autre endroit de Kanombe, notamment d’un camp militaire des forces armées rwandaises. Cependant l’endroit du tir ne lève pas les soupçons qui pèsent sur Paul Kagame, puisque les ex forces gouvernementales ont maintes fois affirmé ne pas disposer de missiles SA 16, aujourd’hui reconnus comme type de missiles ayant abattu l’avion.
Cependant, le début du mois de juin 2012 a été témoin d’un coup de théâtre : le quotidien Libération dévoilait que selon un document de l’ONU , à la veille du génocide, quinze missiles Mistral, alors interdits à la vente, figuraient au sein de l’arsenal de l’armée rwandaise.
Toutefois, pour Luc Marchal, l’ex chef de la MINUAR auquel les observateurs rendaient des comptes, un tel document n’a simplement jamais existé, car il aurait logiquement été au courant. Et si les ex-FAR avaient détenu des missiles, il en aurait été informé au vu des nombreux contrôles que la MINUAR effectuait sur leur armement
Paul Barril s’estime victime d’une cabale tendant à le discréditer, alors qu’il assure « détenir des preuves que cet attentat est bien l’œuvre de Paul Kagame ». Son audition pourrait donc constituer un tournant dans cette affaire restée à ce jour non élucidée, où manipulations sur manipulations ne cessent de jaillir en laissant le peuple rwandais et les familles des victimes dans la confusion la plus obscure.
Jean Mitari
Jambonews.net