Le plaignant, un ex-ministre, qui n’a pas voulu divulguer son identité publiquement, était pour sa part absent. Une seule personne haussait le ton dans la foule : le général Jean de Dieu Oleko, commissaire général de la Police provinciale de Kinshasa.
D’après ce commissaire, le pasteur avait constitué une bande d’escrocs. Cette dernière organisait des rançonnements de certains cadres du pays. A en croire le général Oleko, Denis Lessie avait contacté un ancien ministre faisant partie du gouvernement Muzito pour lui faire des fausses promesses selon lesquelles il serait retenu au nouveau gouvernement de Matata. « Mais pour accéder à sa fonction ministérielle Denis Lessie avait demandé à ce ministre une jeep à grande valeur dont le montant est estimé à 35.000 dollars », a martelé le général Oleko. Par ailleurs, le pasteur Lessie est revenu deux fois par la suite pour escroquer ce ministre en l’amenant des hommes dont le premier, un lieutenant qui s’est fait passer pour le chauffeur du chef de l’Etat et un autre, étudiant qui prétendait être le petit-frère du président Joseph Kabila. A chaque occasion, le ministre une jeep au pasteur. Au total trois jeeps ont été remises, affirme Jean de Dieu Oleko. Ayant longtemps attendu sa nomination, l’ex-ministre est allé voir la police.
Au-delà de cette histoire rocambolesque deux éléments importants sont à retenir. Le premier concerne le fait que, la République démocratique du Congo, est reconnue comme une nation qui compte beaucoup d’églises chrétiennes. Des millions de Congolais fréquentent ces lieux de prière. Pendant que le pays sombre dans la misère et les dérives politiques, bon nombre de prédications d’orateurs se dirigent plus vers la bénédiction et les miracles. Fort malheureusement, beaucoup de prédicateurs, qui sont aussi des leaders d’opinions, n’enseignent presque pas l’auto-prise en charge du peuple pour son auto-détermination, son émancipation ou encore son développement.
Le deuxième élément à retenir concerne cet ancien ministre dont le nom n’a pas été cité et qui aurait utilisé la corruption en vue d’obtenir un poste ministériel. Depuis belle lurette en RDC, l’achat de conscience est devenu monnaie courante. Il n’y a plus vraiment de culture de l’excellence et de la méritocratie. Cette situation a en outre favorisé l’impunité en commençant assez haut au sommet de l’Etat. En RDC la culture de banalisation a atteint son paroxysme, presque personne ne semble vouloir s’asseoir à sa place et une des conséquences est que les gens « jouent » avec un peu de tout comme par exemple la santé, la religion, l’éducation ou encore l’argent de l’Etat.
Mati Mathy
Jambonews.net