Dans un communiqué datant du 27 octobre 2013, les responsables du M23 annonçaient avoir pris la décision d’abandonner certaines de leurs positions pour ne pas porter la responsabilité des dérapages éventuels. Ce même communiqué ajoutait qu’ils étaient prêts à organiser une contre-offensive d’envergure contre toutes les positions ennemies si la médiation n’obtenait pas la cessation immédiate des hostilités. Acculés et en débandade suite à l’avancé rapide de l’armée régulière congolaise, les leaders de ce mouvement se retrouvent aujourd’hui dispersés, les uns passant des plaines aux collines, les autres se réfugiant vers les pays frontaliers.
« Bunagana est totalement sous notre contrôle », déclarait Lambert Mende, porte-parole du gouvernement congolais. » Quand la localité est tombée, les rebelles « ont décroché et certains se sont repliés sur les collines de Mbuzi et Chanzu, d’autres sont partis en Ouganda », ajoutait-il.
Bertrand Bisimwa, responsable de la branche politique du M23 fait partie de ces « autres » à s’être enfui vers l’Ouganda. L’information, révélée au début par la presse ougandaise, a fini par se confirmer, notamment par le biais de Jean-Paul Epenge, porte-parole en Europe du M23. Des versions cependant divergentes sur les circonstances de son départ pour la capitale ougandaise. Selon la télévision nationale congolaise, il aurait été interpellé par la police ougandaise parce qu’il roulait dans une voiture appartenant à Julien Paluku, gouverneur du Nord-Kivu. Une version qui semble être contredite par celle du porte-parole du ministre ougandais de la défense qui affirme qu’un hélicoptère lui aurait été envoyé pour venir faciliter les négociations de paix à Kampala. C’est aussi à Kampala que se sont réfugiés la plupart des dirigeants politiques du M23. René Abandi et Roger Lumbala, les deux chefs de la délégation du M23 pendant les pourparlers de Kampala, affirment être venus à Kampala discuter de la finalisation d’un projet d’accord avec la médiation. « Demain ou après-demain, il y aura la signature d’un accord » a même affirmé le député déchu de Mbuji-Mayi. Amani Kabasha, porte-parole du M23, semble quant à lui, être l’un des rares dirigeants politiques du M23 à se trouver encore en territoire congolais. Plusieurs sources affirment qu’il se serait réfugié à Chengerero, localité située dans le territoire de Rutshuru.
Les choses semblent être plus compliquées pour les dirigeants militaires du M23. A cause des sanctions des Nations Unies et des menaces pesant sur certains d’entre eux, les collines congolaises semblent être le refuge idéal. Sultani Makenga, numéro un de la branche militaire du M23 se serait ainsi retranché aux alentours des collines de Chanzu, Mbuzi et Runyoni. Avec lui, d’autres officiers du M23 y seraient présents, à l’instar de Vianney Kazarama, porte-parole militaire du M23. ‘‘On les avait contourné pour prendre Bunagana et maintenant ils sont encerclés. Ils sont pris en étau et ils seront obligés de se rendre ou carrément traverser la frontière’’, a par ailleurs affirmé un officier des FARDC.
Les prochaines heures semblent donc être décisives pour l’ancien homme fort de Bunagana. Va-t-il se lancer dans une ultime bataille pour l’honneur ? Va-t-il se rendre ? Traversera-t-il aussi la frontière ? Rien à cette heure ne permet de répondre à ces questions.
Prince Djungu
Jambonews.net