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1er novembre 2013 : Hommage aux Congolais morts pendant l’exposition universelle de 1897

1er novembre 2013 : Hommage aux Congolais morts pendant l’exposition universelle de 1897

En Belgique, la journée du  1er  novembre est traditionnellement consacrée à la visité dans les cimetières. Pour beaucoup d’Africains, surtout les Congolais résidant dans ce pays, ce jour leur rappelle aussi la mort de 7 d’entre eux décédés pendant la fameuse exposition universelle de 1897 à Bruxelles-Tervuren.
Tombe-7congolaisVendredi 1 novembre  2013 à 15h00. Nous sommes dans la ville de Tervuren. C’est dans cette même ville qu’un siècle plus tôt Sambo, Mpemba, Ngemba, Ekia, Nzau, Kitukwa et Mibange, 7 Congolais venus en Belgique décèdent dans des conditions inhumaines et dégradantes. Moja[1] en partenariat avec d’autres institutions[2]a décidé en ce jour de la Toussaint  de leur  rendre hommage. La cérémonie   qui fut à la fois poignante et touchante  s’est déroulée en deux étapes. La première devant leurs tombes situées à l’arrière de l’Eglise Sint-Jan Evangelist de Tervuren. Une trentaine de personnes, aussi bien africaines qu’européennes, s’y sont retrouvées afin de commémorer la mort de ces oubliés. « Il est important de connaitre cette histoire. Surtout pour nos jeunes ici» a rappelé Moise Esso, l’un des organisateurs de la manifestation. « La Belgique partage une grande partie de son histoire avec l’Afrique via la République Démocratique du Congo, une histoire qu’on ne doit pas occulter et dont nos jeunes doivent aujourd’hui s’approprier », a-t-il par ailleurs ajouté.  La projection au sein du Musée d’Afrique Centrale de Tervuren du film « Boma-Tervuren » qui retrace l’épopée des Congolais amenés à l’exposition universelle, a constitué la seconde partie de cette journée. Cette projection a été suivie d’un moment d’éclaircissement et d’échanges animés par l’anthropologue Bambi Ceuppens du MRAC[3]  et l’historien Zana Etambala de l’Université catholique de Leuven.
Bref rappel historique
Le 27 juin 1897, après 4 mois d’un voyage éprouvant et 4 morts en mer, 267 Congolais débarquent à Anvers pour servir d’objets vivants lors de l’Exposition dite « Universelle » de Bruxelles-Tervuren. Parqués dans leur village reconstitué, ils rejouent les scènes de leur vie quotidienne de « sauvages primitifs » devant plus de 8 millions de visiteurs en 6 mois. Cette exposition, qui n’était qu’une sorte de « zoo humain », était censée mettre en valeur les produits de la colonisation et convaincre les investisseurs et l’opinion publique de l’époque du bien-fondé du projet colonial mis en œuvre par le roi Léopold II.  Avec le froid et la pluie d’été, des épidémies de grippes et de pneumonie se déclarent. L’un après l’autre, 7 Congolais meurent, enterrés rapidement dans une fosse commune  dans les bois de Tervuren aux côtés des démunis, des nécessiteux, des prostitués et des malades mentaux.  Une dizaine d’années plus tard, leurs corps sont déterrés et ré-enterrés dans la cour de l’église catholique Saint Jean Evangéliste de Tervuren. Il n’y avait toujours pas de place pour eux dans les cimetières belges. Ces Congolais n’étaient pas les premiers à perdre la vie lors d’une exposition internationale en Belgique. Déjà en 1894, 4 Congolais avaient également péris à Anvers. Jusqu’à aujourd’hui les conditions de leur mort et leur lieu d’enterrement demeurent inconnus.
En finir avec certaines  réminiscences et poser des gestes forts
Commémorer  la mort de ces  7 Congolais est l’occasion de restituer les vérités historiques sur la colonisation du Congo par la Belgique. C’est une démarche nécessaire pour effacer les réminiscences qui seraient encore présentes dans l’imaginaire collectif ; à savoir le racisme, la discrimination et la déshumanisation de l’homme noir. C’est aussi l’occasion d’exiger de l’Etat congolais le retour en République Démocratique du Congo, des cercueils de ces Congolais morts loin de leur terre natale. Enfin, pour la diaspora africaine en général et congolaise en particulier de Belgique, c’est l’opportunité de réfléchir sur la manière de maintenir vivaces leur mémoire et les lieux de leur présence en Belgique.
Vidéo de la commémoration:

 
Prince Djungu Tambwe
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[1] Moja est le Conseil Général des Africains de Belgique
[2] L’Afrikaans Platform, le Collectif Mémoire Coloniale et lutte contre les discriminations, Mwinda Kitoko et le Musée Royal de l’Afrique Centrale
[3]Musée Royal de l’Afrique Centrale

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