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Cas de disparitions forcées au Rwanda

Cas de disparitions forcées au Rwanda

Le 30 août le monde célèbre la Journée internationale des victimes des disparitions forcées, décrétée par l’ONU. Celle de cette année 2014 est pour les Rwandais et les Burundais marquée par la découverte de plusieurs  corps sans vie dans le lac Rweru, à la frontière rwando-burundaise. Par ailleurs, plusieurs organisations internationales des droits de l’homme ont fait état de plusieurs disparitions forcées au Rwanda. De ce fait, plusieurs associations de la société civile rwandaise installées en Europe dénoncent « les pratiques violentes et ignobles dont se rendent coupables régulièrement et impunément les autorités rwandaises ».

Cadavres dans le lac Rweru

source: AFP

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Des pêcheurs du  lac Rweru ont signalé  la découverte de six à quarante corps depuis le mois de juillet. Une équipe composée de responsables administratifs et policiers burundais et rwandais a découvert deux autres cadavres ce lundi 26 août.
Des enquêtes conjointes sont menées du côté rwandais et du côté burundais. Selon un correspondant de BBC, Prime Ndikumagenge, une carte de mutuelle de Gisenyi a été retrouvée sur un des corps ce 29 août 2014. Par ailleurs, des partis d’opposition rwandaise, PDR-Ihumure, les FDU Inkingi, le PDP Imanzi, le RNC, Le PS Imberakuri, Amahoro People Congres, ont dans un communiqué, exigé une enquête indépendante, et se sont également inquiétés que le porte-parole de la police rwandaise ait exclu d’emblée que ces corps soient ceux de citoyens rwandais.
Qui plus est, la macabre découverte de Rweru intervient trois mois et demi après que Human Rights Watch (HRW) ait fait état de vagues de disparitions forcées au Rwanda et réclamait une enquête. Cette organisation avait recueilli des récits détaillés auprès des habitants à propos de disparitions dans plusieurs régions du pays ainsi que dans la capitale, Kigali, dont pour certains cas la participation directe des agents de l’État avait été rapportée. Par ailleurs, le Département d’Etat américain suivi par d’autres chancelleries occidentales rapportent régulièrement leurs inquiétudes sur les arrestations arbitraires de citoyens, des défenseurs des droits de l’homme et des opposants rwandais.
Campagne sur les réseaux sociaux

Campagne sur les réseaux sociaux


C’est dans ce contexte et à l’occasion de cette Journée internationale  dédiée aux disparitions forcées, que plusieurs associations de la société civile rwandaise, notamment Jambo, le Réseau internationale des femmes pour la Démocratie et la Paix (RifDP), le Centre pour la Prévention des Crimes contre l’Humanité, le Centre de Lutte contre l’impunité et l’injustice au Rwanda(CLIIR), Global Campaign for Rwandan’s human rights et Synergie africaine, ont fait un communiqué de presse « pour attirer particulièrement l’attention sur ces pratiques violentes et ignobles dont se rendent coupables régulièrement et impunément les autorités rwandaises ». Elles déplorent le fait que  « cette découverte macabre vient s’ajouter à une série de disparitions inexpliquées » dont « la disparation [NDLR : en juillet dernier] de condamnés à des Travaux d’intérêt général(TIG) évaporés dans la nature que les autorités pénitentiaires n’arrivent pas à expliquer »
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Campagne sur les réseaux sociaux


Par ailleurs, une campagne sur les réseaux sociaux est menée afin de sensibiliser les Rwandais ainsi que la communauté internationale sur la problématique des Rwandais disparus.

Les disparitions forcées: une stratégie de la terreur

« Des hommes arrivent. Ils pénètrent de force chez des gens, riches ou pauvres, dans une maison, un taudis ou une cabane, dans une ville ou un village, n’importe où. Ils arrivent à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit, généralement en civil, parfois en uniforme, et toujours armés. Sans donner d’explications, sans produire de mandat d’arrêt, souvent même sans dire qui ils sont ni qui les envoie, ils traînent de force un ou plusieurs membres de la famille vers une voiture, usant de violence au besoin ». Plusieurs éléments de ce modus operandi tel que présenté par l’Organisation des Nations unies (ONU), sont quelques fois utilisés à l’intérieur et à l’extérieur du pays, contre des personnes jugées très « embarrassantes » pour le régime rwandais.
Les disparitions forcées ont souvent servi de stratégie pour faire régner la terreur dans une société donnée. Le sentiment d’insécurité résultant de cette pratique ne se limite pas aux proches de la personne disparue, mais touche aussi tous les acteurs se sentant de potentielles victimes et l’ensemble de la société, comme le souligne l’ONU.
Autrefois elles étaient très répandues au sein des dictatures militaires. Au pays des mille collines comme ailleurs, elles sont  perpétrées dans des situations complexes de conflit interne, en particulier comme moyen de répression politique des opposants. L’ONU fait remarquer que les faits les plus courants sont le harcèlement constant des défenseurs des droits de l’homme, des proches de victimes, des témoins et des avocats en rapport avec des cas de disparitions forcées. Les États utilisent alors la lutte contre le terrorisme comme excuse pour enfreindre leurs obligations. Souvent, les présumés auteurs de ces actes restent impunis.

La Convention internationale pour la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées a été signée à New York, 20 décembre 2006. 93 états sont signataires, et 43 Parties à la convention. Cependant, le Rwanda ne l’a pas encore signée.
Le communiqué des associations de la société civile: Communiqué de Presse

 
Pacifique Habimana
Jambonews.net

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