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Rwanda : « quelle leçon avons-nous tirée » ?

Rwanda : « quelle leçon avons-nous tirée » ?

Ce samedi 21 avril 2018, Jambonews a rencontré Didier Niyibizi, rescapé des atrocités et crimes de masse commis par le Front patriotique rwandais (FPR) contre les Hutu en avril 1994. Didier, aujourd’hui âgé de 36 ans, est né au Rwanda. Il est l’ainé d’une famille de cinq enfants et vit à Bruxelles avec sa femme et ses trois enfants. 

Didier Niyibizi, rescapé

Didier Niyibizi, rescapé


Il se remémore les moments passés dans la préfecture de Gikongoro dans la commune de Nshili où il a vécu  l’essentiel de son enfance.  Répondant à la première question concernant les relations entre les différentes ethnies à cette époque, Didier nous confie n’en avoir jamais entendu parler  « durant mon enfance, je n’ai pas le souvenir d’avoir entendu quoique  ce soit concernant cette question. »
La première fois qu’il a entendu parler des ethnies, nous explique-t-il, c’était en 1990, après que le FPR-Inkotanyi  ait attaqué le Rwanda. «  Autour de moi, à mon école, les profs ou les passants disaient « Ils ont encore attaqué » », en faisant référence au fait que dans sa région de Nshili il y’avait déjà eu par le passé des attaques de « ces anciens réfugiés tutsis qui vivaient en dehors du Rwanda et qui passaient par Nshili pour attaquer le Rwanda ». Mais cette attaque du 1er octobre 1990, n’a pas eu d’influence sur la vie quotidienne nous assure Didier : «Je n’ai pas observé de changements particuliers concernant les relations entre les ethnies à la suite de cette attaque.»
Le père de Didier est originaire de la commune de Cyeru, dans la région de Ruhengeri, une région du nord du Rwanda au sein de laquelle la guerre et exactions sommaires contre la population ont commencé en 1992.
Durant leur enfance se souvient Didier « nous allions deux fois par an chez notre grand père, mais à partir de 1990, on voyait beaucoup de militaires, beaucoup de barrières, ce qui trahissait de sérieux problèmes sécuritaires et à partir de 1992, nous n’y sommes pas retournés car le FPR avait pris la région. » D’aussi loin qu’il se souvienne cette année 1992 fût la première ou il fût « directement et personnellement impacté par la guerre

«Plusieurs élus et autres soutiens restés sur place ont été tués par le FPR»

Didier se rappelle des récits que leur livrait leur père au sujet des événements qui se passaient dans la commune de Cyeru avant 1994.  En 1993, nous raconte Didier « il y’a eu des élections libres dans la zone ‘démilitarisée’ dite aussi « zone tampon », zone crée après des accords signés entre le FPR et le gouvernement rwandais de l’époque et dont la commune de Cyeru faisait partie. Ces élections mettaient en compétition tous les partis de l’époque dont le FPR. Dans le cadre de ces élections, leur père, Stanislas,  a soutenu Alphonse, un ami de leur famille originaire de la même colline. Ce dernier fut élu Bourgmestre de la commune de Cyeru en gagnant largement contre les autres candidats dont celui du FPR, ce qui n’a pas plu à ce dernier qui n’avait remporté presque aucun des sièges en compétition. L’atmosphère post-élection fut exécrable à tel point que leur père et Alphonse préfèrent se rendre dès le soir même à Ruhengeri, ou Alphonse enseignait l’anglais.
Quelques jours plus tard, leur père est rentré à Kigali au domicile familial la mine dépitée « il avait appris que dans les jours qui ont suivi les élections, plusieurs élus et autres citoyens les ayant soutenus et qui étaient restés à Cyeru, dont certains qu’il connaissait personnellement avaient été tués par le FPR.» nous confie Didier.

Didier et ses frères et soeurs le 4 avril 1994, jour ou Didier, Olivier et leur père ont quitté Kigali pour Kibeho

Didier et ses frères et soeurs le 4 avril 1994, jour ou Didier, Olivier et leur père ont quitté Kigali pour Kibeho


Au mois de mars 1994, suite à des émeutes au Groupe scolaire Marie-Merci de Kibeho où Didier suivait ses études secondaires, les élèves avaient été renvoyés chez eux. Au début du mois d’avril l’école a demandé aux élèves de revenir et le 4 avril son père devait l’y reconduire. « Mon petit frère Olivier a supplié mon père de venir avec nous. Au départ ma mère ne voulait pas, mais face à l’insistance d’Olivier elle a finalement cédé. » C’est ainsi que Didier, son père et Olivier ont quitté Kigali pour Kibeho. Sa mère, ses deux petites sœurs et le cadet de la famille  âgés de 9, 7 et 4 ans sont restés à Kigali au domicile familial.
Le 6 avril 1994, son père se trouvait encore à Gikongoro dans la continuité de ce voyage. Il devait retourner à Kigali le jour même, mais suite à un retard, il avait prévu de passer la nuit à Gikongoro pour retourner à Kigali le lendemain. C’est durant cette soirée que l’attentat contre l’avion présidentiel  a eu lieu. « Mon père s’est retrouvé bloqué car dès  le 7 avril, la consigne était que chacun devait rester chez lui, on ne pouvait plus circuler librement. »

« Aucun Rwandais ne peut oublier cette date car pour moi,  c’est la date à laquelle l’obscurité est descendue sur notre pays »

Didier était pour sa part toujours à l’internat à Kibeho, et c’est durant cette nuit vers 10-11h du soir qu’il a appris la nouvelle : « Je me souviens parfaitement de cette soirée. Je pense qu’aucun Rwandais ne peut oublier cette date car pour moi  c’est la date à laquelle l’obscurité est descendue sur notre pays. » Au départ Didier pensait que c’était peut-être des rumeurs mais dans tous les cas, il ne pensait pas que cela aurait un grand impact sur le pays.
Dans les jours qui ont suivi, lorsque Didier et ses camarades traversaient le chemin d’à peu près un kilomètre qui séparait leurs dortoirs du réfectoire, ils observaient de plus en plus de personnes qui affluaient vers leur école et s’entassaient du côté de l’église de Kibeho. Ce sont les ainés qui ont expliqué à Didier qui étaient ces personnes. « Ce sont des réfugiés tutsis qui fuient des gens qui veulent les tuer. » Autour des réfugiés se trouvaient « des gendarmes qui étaient venus pour protéger ces réfugiés de la menace des interahamwe qui guettaient. »
Didier a vécu dans ces conditions « de mauvaise atmosphère et d’extrême tension » jusqu’aux alentours du 9 avril quand son père a demandé à des gendarmes d’aller  le chercher. « Grâce au fait que Nshili, où mon père se trouvait, était depuis longtemps considérée comme une zone à risque dans laquelle la sécurité avait été renforcée, il y avait un campement de gendarmes qui protégeaient la zone depuis les premières attaques du FPR, et mon père a profité du fait que des gendarmes devaient se relayer pour demander à ceux qui faisaient le trajet de venir me chercher. »
C’est dans ce climat de tension et de peur que Didier a quitté Kibeho dans un camion des gendarmes qui retournaient vers Nshili. Il nous explique avoir par la suite appris que beaucoup de gens avaient été tués à Kibeho, que peu avaient survécu « c’est quelque chose qui m’affecte, particulièrement en cette période au cours de laquelle mes pensées sont tournées vers tous ces élèves qui étaient à l’école et qui y ont été massacrés. »
Dès  le moment où Didier a rejoint son père et son frère, les trois membres de la famille n’avaient qu’une volonté : retourner à Kigali pour retrouver leur mère et leurs petits frère et sœurs. C’est dans cet objectif qu’Ils ont pris la route vers Kigali avant d’être stoppés à Gitarama « On nous a dit que personne n’était autorisé à passer pour des raisons de sécurité. »
Ils ont alors décidé de loger à une poignée de kilomètres de là, dans la mission catholique de Kabgayi, où vivaient des prêtres amis à son père et tous les matins c’était le même rituel. Didier, son père et son frère venaient observer les colonnes de réfugiés qui venaient de Kigali en fuyant le FPR à la recherche de leur famille : « Il y avait beaucoup, beaucoup de réfugiés. Certains étaient en voiture, mais la majorité était à pied, certains avaient à peine un petit sac, étaient fatigués, on voyait que c’était des gens qui avaient subitement quitté leur domicile en courant […] La plupart de ceux qui fuyaient vers Gitarama fuyaient le FPR .»

« On se disait que quelqu’un les avait peut-être cachés, que même s’ils avaient été tués l’un ou l’autre avait peut être survécu.»

C’est durant cette période, en discutant avec les réfugiés, qu’ils ont commencé à avoir des nouvelles inquiétantes en provenance de Kigali, les réfugiés leur disant qu’il y avait peu de chances que des gens de leur quartier aient survécu. Didier nous en explique la raison : « Nous habitions près du CND, à Remera, dès que l’avion a été abattu, les militaires du FPR sont descendus dans notre quartier et ont exterminés nos voisins. Peu de gens ont survécu. » Mais malgré ces nouvelles inquiétantes, Didier et sa famille gardaient espoir «on se disait que quelqu’un les avait peut-être cachés, que même s’ils avaient été tués l’un ou l’autre avait peut être survécu. »
Le rituel de passer leur journée à regarder les réfugiés défiler la journée a continué pendant encore quelques jours, jusqu’autour de la mi-avril où Olivier, son petit frère, est arrivé en courant vers Didier et son père, « Il était excité, heureux, et il criait : « Papa, papa, maman et les autres arrivent ! » On était heureux et on a tous couru vers lui. » Son petit frère avait vu le domestique qui travaillait chez eux, et c’est quand ils sont arrivés à sa hauteur qu’ils ont eu des nouvelles de leur famille.  « Ils avaient tous été tués dans notre maison familiale, aucun n’avait survécu. »
Didier nous raconte avec amertume : « On ne peut pas dire qu’il y avait la guerre dans notre quartier car dès le 7 avril, c’était une zone entièrement contrôlée par le FPR.»
Didier nous raconte ensuite les détails de ce jour fatidique tels qu’ils leur ont été racontés par leur ancien domestique : « La plupart des maisons de notre quartier avaient des citernes qui se trouvaient à l’extérieur, les gens profitaient du moment où les balles arrêtaient de siffler pour aller se ravitailler en eau. C’est notre domestique qui  a été, car dans la maison il y avait ma mère, mes deux petites sœurs, et mon petit frère, c’est lui qui était l’homme de la maison. Arrivé à la citerne, il a vu des militaires qui escaladaient la clôture de la maison, il s’est caché derrière la citerne et a entendu les militaires parler entre eux « vous avez vérifié si les Niyibizi étaient partis ? » ce à quoi Didier nous précise « je ne sais pas comment ils avaient les informations mais en tout cas ils avaient des listes, ils savaient à qui appartenait les maisons et demandaient si des gens y étaient. »

«On dirait que tout le monde habitait dans la même maison, c’étaient les mêmes histoires»

Angelique, Sylvie et Maxime, le 4 avril 1994.

Angelique, Sylvie et Maxime, le 4 avril 1994.


A l’intérieur ils ont croisé la mère, les petites sœurs et le petit frère de Didier. « C’étaient des enfants et une femme, les militaires n’ont rien demandé, ils n’ont eu de pitié pour personne, ils ont tiré sur tout le monde, notre domestique attendait effrayé à l’extérieur. Peu de temps après le départ des militaires, il est retourné dans la maison en se disant que peut-être que comme il y avait des enfants, peut-être que le plus jeune avait pu être épargné, mais arrivé à l’intérieur il a vu l’horreur, toute la famille avait été tuée. »
Didier reprécise, « dans cette zone il n’y avait pas de FAR, et pas d’Interahamwe car les militaires du FPR étaient descendus dans le quartier dès les premières heures du 7 avrilIls y ont tué beaucoup de gens. » Par la suite, sur le chemin de l’exil, Didier a régulièrement croisé d’anciens voisins qui tous avaient des histoires similaires « on dirait que tout le monde habitait dans la même maison, c’étaient les mêmes histoires, les méthodes utilisées, ils rentraient avec des listes, ils rentraient en tirant sur tout ce qui bougeait, ils n’épargnaient personne, ils ne faisaient aucune distinction entre les occupants des maisons. »
Arrivé en exil, son père, qui entre-temps est décédé des suites d’une maladie, avait dédié sa vie à obtenir une justice pour sa famille. « Lorsqu’une personne tue ta femme et trois de tes enfants, tu ne dors plus, tu dédies ta vie à la justice pour un tel crime d’autant plus que nous n’étions pas les seuls concernés. »
C’est dans cet objectif que son père avait rassemblé les témoignages des autres familles concernées et autres rescapés de ces massacres pour porter l’affaire en justice. Il a communiqué tous les éléments à Carla Del Ponte qui était alors procureure auprès du Tribunal pénal international pour le Rwanda. Bien que beaucoup de victimes et beaucoup d’auteurs de ces massacres étaient nommément identifiés, le TPIR n’a jamais poursuivi ces crimes qui relevaient pourtant de sa compétence.

« Ceux  qui dirigeaient les assaillants sont aujourd’hui des gens importants au sein du régime rwandais »

Au sujet des auteurs de ces atrocités, Didier nous confie : « Les auteurs sont connus, ceux qui dirigeaient les assaillants sont aujourd’hui des gens importants au sein du régime au Rwanda. Que tu sois une personne importante au sein d’un régime alors que tu as tué des innocents ne te lave pas de tes crimes. Si au moins ils reconnaissaient que beaucoup de gens avaient été tués par le FPR pour ce qu’ils étaient. Les Interahamwe ont tué beaucoup de gens pour rien, pour le simple fait qu’ils étaient tutsis, et les militaires du FPR  ont également tué beaucoup de gens, des femmes et des enfants qui n’avaient rien fait, qui n’étaient pas en politique. C’est simplement une injustice, avec laquelle on vit, c’est triste de voir que ces victimes ne sont même pas reconnues, qu’on n’a même pas le droit de les commémorer ».
A la question de savoir s’il avait eu l’occasion d’enterrer les siens, Didier nous explique : « C’est une douleur supplémentaire avec laquelle on vit. Ils ont été tués dans notre maison familiale, et après 1994 nous avons appris que notre maison était habitée par un officier du FPR qui était parmi ceux qui dirigeaient ces opérations qui se déroulaient dans notre quartier. C’est une blessure supplémentaire  de savoir que la personne qui sait où sont les corps de nos familles est celui qui habite notre maison. Tu vis avec cette tristesse à laquelle tu ajoutes l’injustice de te dire que ceux que tu as perdus n’ont aucune valeur, que tu n’as nulle part pour les évoquer. »
Didier n’est jamais retourné au Rwanda. « Peut-être que le jour arrivera mais pour le moment, je n’ai aucune envie. Si j’y allais, la première chose ce serait d’aller voir chez moi, là où ma famille a été assassinée. Même si personne ne sait où reposent leurs corps. Mais jusqu’à présent je ne me suis encore jamais senti  à l’aise de franchir ce cap. » Avant d’ajouter : « Mes enfants y vont mais je ne me suis jamais senti le cœur d’y retourner. Ce mois d’avril 1994 c’est comme si ma vie avait été mise sur pause et que le bouton play n’avait jamais été réenclenché depuis. »

« Je l’ai accepté, ce sont des blessures avec lesquelles je vis »

« Lorsque tu es victime d’une telle injustice, lorsqu’elle est causée par une personne plus puissante que toi et que tu es démuni face à l’injustice, le mieux c’est de l’accepter et de vivre avec cette douleur. » Malgré cette douleur, nous confie Didier, « je n’ai aucune haine envers qui que soit. Les nôtres sont partis, je l’ai accepté, même si je vis avec ces blessures. Je n’ai pas de haine, car pour moi, c’est la haine qui a causé cela. C’est l’injustice des uns qui en a poussé d’autres à prendre les armes, mais aucune guerre n’aboutit à quelque chose de bien, pourtant beaucoup de guerres commencent avec quelqu’un qui s’estime victime d’une injustice. »
Aujourd’hui, 24 ans après, ce qui attriste le plus Didier c’est que nous Rwandais ne semblons avoir tiré aucune leçon de ce douloureux passé. « Les miens sont partis comme beaucoup d’autres, beaucoup d’innocents sont aussi partis dans le génocide contre les Tutsis et la question que je me pose, ils sont partis mais quelle leçon en avons-nous tirée ? Cela fait 24 ans qu’on commémore, au lieu de tenir des discours d’amour, de pardon, d’apaisement, on tient chaque année des messages de culpabilisation, de division. »
La question ne devrait pas être de chercher à s’accuser, mais plutôt de se demander : « Comment peut-on vivre ensemble, comment mon enfant peut-il vivre avec l’enfant d’un rescapé tutsi qui vit à Kigali ? Et ce qui m’attriste par-dessus tout c’est que les gens au pouvoir, qui  ont cette capacité à apaiser les cœurs, ne mettent aucune force dans cette direction, ne poussent pas les gens à s’apaiser. »
Le problème actuel, identifie Didier, « ce sont ces problèmes qu’on institutionnalisme, ces clivages qu’on nourrit. Car qu’on le veuille ou non, nous avons une même maison qui est le Rwanda et dans laquelle on doit coûte que coûte vivre ensemble. » Et il ne convient pas, ajoute-t-il « que quelqu’un cherche à la bruler ou qu’un autre s’enferme à double tour à l’intérieur en empêchant ceux qui sont à l’extérieur d’y rentrer alors qu’ils n’ont nulle part d’autre où aller. »
Pour lui, la solution aux problèmes de divisions qui gangrènent le Rwanda se nomme compassion. « Nous devons avoir de la compassion et comprendre que la douleur de l’autre est aussi une douleur. Que tu sois chinois, indien, hutu ou tutsi, ta mère est unique, personne ne peut la remplacer, tu dois comprendre que la douleur de l’autre est également une douleur, personne ne devrait penser que sa douleur est au-dessus de celle de l’autre, nous sommes tous égaux et nous devrions considérer que la douleur d’autrui  est aussi nôtre. »

 « On se comporte comme si l’histoire ne nous avait rien appris »

Il adresse ensuite un message aux jeunes : « Je vois parfois sur des banderoles le slogan  ‘Never again’, mais pour que ce slogan prenne racine,  cela commence par cette compassion. Si on pense que les uns sont d’éternels bourreaux par nature tandis que d’autres sont d’éternelles victimes, comment peut-on prétendre construire le ‘never again’ avec un message pareil ? Le ‘never again’ se construit par la compassion, par l’empathie, par la prise de conscience que la douleur de l’autre est aussi mienne, par la compréhension du fait que tous ceux qui ont trempé dans ces crimes qu’ils soient morts, en prison ou actuellement au pouvoir ont tous une responsabilité égale dans ces atrocités. »
Il adresse ensuite un message spécifique aux rescapés : « Les rescapés de ces crimes devraient se reconstruire entre eux plutôt que de s’opposer. » Avant de les interroger : « Vous avez tous deux perdus les vôtres et au moment du souvenir vous vous opposez ? » Pour Didier cette opposition, ce clivage lors du deuil est ce qu’il attriste en premier lieu « car c’est comme si l’histoire ne nous avait rien appris. »
Et sur un ton solennel, Didier termine en s’adressant à l’ensemble des rescapés, aux victimes du génocide perpétré contre les Tutsi, à l’ensemble des victimes tuées par les interahamwe et à toutes les victimes du FPR : « Soyons forts, supportons-nous les uns les autres, il n’y a pas un Rwandais qui n’a pas perdu quelqu’un. Si tu connais quelqu’un autour de toi qui a perdu quelqu’un, vas vers lui, soutiens-le dans sa douleur, dis-lui courage. » Avant d’afficher sa pleine sympathie à toutes ces victimes en leur disant que « le plus important aujourd’hui est de regarder vers l’avant, qu’allons-nous apprendre à nos enfants ? Ces haines qui nous ont menées jusque-là ou l’amour et la compassion qui nous permettront d’en sortir? »

Ruhumuza Mbonyumutwa
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