Léonille Gasengayire, trésiorière-adjointe du FDU-Inkingi, a été enlevée il y a quatre jours à l’intérieur même de l’enceinte de la prison 1930 par des hommes en civil, probablement des membres de la police secrète du régime, qui l’ont forcée à monter dans leur voiture. Depuis lors, personne n’avait plus eu de ses nouvelles. Elle vient d’être libérée et aurait subi des tortures durant sa séquestration.
C’est dans la matinée du 26 mars 2016 que Léonille Gahongayire, trésorière-adjointe du FDU-Inkingi, le parti de l’opposante Victoire Ingabire, a été enlevée alors qu’elle se trouvait dans l’enceinte de la célèbre prison 1930 à Kigali, qui abrite plusieurs prisonniers politiques et d’opinion, dont l’opposante Victoire Ingabire. D’ailleurs, Gahongayire venait rendre visite à l’opposante lors de son enlèvement, car c’est elle qui est chargée de l’approvisionner en nourriture. Sur l’ordre du médecin, l’opposante rwandaise est sous un régime spécial, donc se nourrit d’un repas apporté de l’extérieur.
Selon sa formation politique, des hommes en civil attendaient Gahongayire à l’intérieur de l’établissement, connaissant vraisemblablement ses habitudes. A son arrivée, ils l’ont forcée à monter dans leur voiture vers une destination inconnue. Les responsables du parti ont aussitôt lancé l’alerte et voulu savoir de quoi leur responsable financière était accusée, mais la police assurait alors ne pas avoir à sa disposition Gahongayire. Pourtant, suite à sa libération le 29 mars, la responsable politique a affirmé avoir été amenée et séquestrée d’abord au commissariat de police de Gasabo, puis à la station de police de Kimironko à Kigali où elle aurait subi de mauvais traitements et tortures, a annoncé le parti FDU Inkingi.
Selon le FDU Inkingi, l’enlèvement et la séquestration seraient liés à l’ouvrage qu’a écrit l’opposante Ingabire Victoire depuis sa prison. La police voulait avoir des informations sur les conditions de rédaction de ce livre. Intitulé « Entre les 4 murs du 1930 : Notes de Mme Victoire Ingabire Umuhoza 2010–2013 » et publié aux Éditions Scribes, ce livre est un recueil de notes de l’opposante Victoire Ingabire, dans lesquelles elle met à nu l’appareil judiciaire et pénitencier du régime de Kigali.
Enlèvement et séquestration de civils par la police secrète sont devenus monnaie courante au Rwanda, une situation qui préoccupe sérieusement les organisations de défense des droits humains, en premier lieu Amnesty International qui ne cesse de dénoncer la recrudescence de ce phénomène. Si certains enlèvements aboutissent à une libération, comme dans le cas de Gahongayire, d’autres se terminent dramatiquement, comme le cas du vice-président du parti vert André Kagwa Rwisereka, retrouvé décapité en juillet 2010 après plusieurs jours de disparition.
Jean Mitari
www.jambonews.net
Envie de proposer un article pour publication sur jambonews.net? Plus d’infos ici